L'actualité de la Nature

Le jour où le diable est venu toquer à  ma fenêtre

Quel est cet étrange insecte qui est venu toquer à  ma fenêtre un soir de finale de football ?

C’est un homoptère peu fréquent, surnommé « le grand diable ». Ses cornes sur le thorax et sa tête large et plate lui donnent une allure peu engageante.

Ledra aurita (le grand diable) © Gilles Carcassès
Ledra aurita (le grand diable) © Gilles Carcassès

La plus grande de nos cicadelles (de l’ordre de 15 mm) est rare et protégée en Ile-de-France. Lorsqu’elle se plaque sur l’écorce d’un arbre, elle est presque invisible. Sa biologie est mal connue, on sait qu’elle fréquente les chênes, mais peut-être aussi d’autres végétaux.

Ledra aurita - Poissy © Gilles Carcassès
Ledra aurita – Poissy © Gilles Carcassès

Je remarque sur la face interne de ses tibias postérieurs comme une scie finement dentée, peut-être que c’est avec ça qu’elle stridule ? Elle vient parfois, en juillet, à  la lumière : surveillez vos fenêtres la nuit tombée !

Centrotus cornutus - Cergy © Gilles Carcassès
Centrotus cornutus, le « demi-diable » – Axe majeur à  Cergy © Gilles Carcassès

Le demi-diable est nettement plus petit. Il possède non pas deux mais trois cornes sur son thorax : deux latérales et une troisième tournée vers l’arrière, longue et ondulée. C’est aussi un homoptère, un représentant de la famille des Membracidae. J’ai observé celui-ci sur les branches basses d’un orme près de l’Axe majeur à  Cergy.

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Le pou des arbres

Cette minuscule bestiole aux ailes joliment zébrées sur une feuille de buis m’intrigue. Qu’est-ce donc ? Un puceron, un psylle ? Non, c’est un psoque ! Les psoques (les représentants de l’ordre des Psocoptères) sont des insectes peu évolués : ils existaient déjà  il y a 250 millions d’années.

Graphopsocus cruciatus © Gilles Carcassès
Graphopsocus cruciatus – parc du château de Menucourt © Gilles Carcassès

Ils se nourrissent de lichens, d’algues ou de champignons qui se développent sur les feuilles et les branches des arbres. Ce sont donc d’inoffensifs nettoyeurs.

Graphopsocus cruciatus © Gilles Carcassès
Graphopsocus cruciatus sur une feuille de buis © Gilles Carcassès

Graphopsocus cruciatus est une espèce très commune et très facile à  reconnaître avec son dessin caractéristique sur les ailes. On la rencontre sur de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes. On surnomme ce psoque le pou des arbres, en référence aux poux des livres qui sont d’autres espèces de psoques qui mangent des moisissures et vivent dans les maisons. Ceux-là  n’ont pas d’ailes et ressemblent vaguement à  des poux.

L’art de ranger les psoques

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Sur le cirse maraîcher

Floraison de Cirsium oleraceum - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Floraison de Cirsium oleraceum – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Le cirse maraîcher (Cirsium oleraceum) est présent sur notre territoire dans les vallées de la Viosne et du ru de Liesse, ainsi qu’au bord de l’Oise, dans les endroits marécageux. C’est un chardon assez élevé, aux grandes fleurs pâles et aux feuilles larges.

Voici trois bestioles surprenantes et peu courantes que l’on peut observer sur cette plante. Ces photographies ont été prises au parc de Grouchy à  Osny.

Tephritis conura - Osny © Gilles Carcassès
couple de Tephritis conura – Osny © Gilles Carcassès

Ce très joli diptère est Tephritis conura, il est inféodé à  cette plante. La femelle pond dans ses boutons floraux.

Cixius cunicularius - Osny © Gilles Carcassès
Cixius cunicularius – Osny © Gilles Carcassès

Cixius cunicularius est un homoptère de la famille des Cixiidae. Il affectionne les bords de rivière, tout comme le cirse maraîcher. On le trouve sur la végétation basse.

Cassida rubiginosa - Osny © Gilles Carcassès
Cassida rubiginosa – Osny © Gilles Carcassès

Cet insecte déguisé en tortue verte n’est pas une punaise, mais bien un coléoptère de la famille des Chrysomelidae (vaste famille !). L’avant, c’est du côté des antennes. Ses larves consomment les feuilles de divers chardons, dont le cirse maraîcher.

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La faune du bassin de la sente des prés à  Eragny

22 juin 2016 : profitant d’un après-midi sans pluie, nous nous rendons à  Eragny pour recenser la faune des abords du bassin de la sente des prés, qui va bientôt faire l’objet de travaux importants.

Bassin de rétention des eaux pluviales à  Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès
Bassin de rétention des eaux pluviales à  Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Les oiseaux sont nombreux dans les grands saules, frênes et peupliers qui dominent le bassin : nous notons le chant du pic vert, du pouillot véloce, du troglodyte, du merle, du rouge-gorge, de la grive musicienne, de la fauvette à  tête noire… Près de l’eau, nous remarquons les allées et venues d’une bergeronnette des ruisseaux qui capture des moucherons.

Pour ce qui est des insectes, sans surprise, nous croisons plusieurs espèces qui accompagnent ordinairement les plantes typiques des friches nitrophiles (orties, rumex, cirses communs). C’est ainsi que nous identifions deux espèces de diptères de la famille des Tephritidae : Urophora stylata et Tephritis hyoscyami, toutes deux inféodées aux chardons.

Tephritis hyoscyami femelle © Gilles Carcassès
Tephritis hyoscyami femelle © Gilles Carcassès

D’autres insectes sont caractéristiques des lisières des zones boisées, comme les deux papillons observés : le Tyrcis et la Piéride du navet (dont la chenille consomme les alliaires).

Lagrya hirta © Gilles Carcassès
Lagria hirta sur une feuille d’ortie dioà¯que © Gilles Carcassès

Lagria hirta est un coléoptère de la famille des Tenebrionidae. Il est souvent trouvé près des arbres car sa larve se nourrit des substances végétales de la litière, on peut également l’observer dans les zones humides. Apparemment celui-ci l’a échappée belle car la déformation des élytres suggère qu’un oiseau voulait en faire son repas et lui a donné un coup de bec.

Tillus elongatus © Gilles Carcassès
Tillus elongatus © Gilles Carcassès

Voici un autre coléoptère, lié cette fois à  la présence de bois mort : sa larve est prédatrice d’insectes xylophages. Ce thorax rouge indique qu’il s’agit d’une femelle de Tillus elongatus (le mâle de cette espèce est entièrement noir).

La liste complète des espèces que nous avons recensées autour de ce bassin est ici : Eragny 22 juin 2016

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Petits bijoux cachés dans les herbes

Chez les Chrysomelidae, le genre Chrysolina compte de nombreuses espèces brillamment colorées. C’est un jeu de les chercher sur leurs plantes préférées. Les espèces se distinguent principalement par leur coloration et les ponctuations qui ornent les élytres. En voici quelques-unes, faciles à  observer sur des plantes communes :

Chrysolina herbacea sur la menthe- Vauréal © Gilles Carcassès
Chrysolina herbacea sur la menthe, au bord de l’eau – Vauréal © Gilles Carcassès
Chrysolina fastuosa sur le galéopsis © Gilles Carcassès
Chrysolina fastuosa sur le galeopsis, en lisière des bois – Feucherolles © Gilles Carcassès
Chrysolina hyperici sur le millepertuis © Gilles Carcassès
Chrysolina hyperici sur le millepertuis, dans les talus et sur les bords des chemins – Poissy © Gilles Carcassès
Chrysolina americana sur le romarin - Cergy © Gilles Carcassès
Chrysolina americana sur le romarin, dans les jardins – Cergy © Gilles Carcassès

D’autres chrysomèles, dans nos articles précédents :

Portrait de famille : les chrysomèles

La chrysomèle de l’aulne

Les donacies

La chrysomèle de l’oseille

 

 

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L’observatoire des messicoles

messicolesEncore un programme de science participative qui va en passionner plus d’un !

Cet observatoire, réalisé dans la cadre du Plan National d’Actions en faveur des plantes messicoles, a pour but de mieux connaître ces plantes patrimoniales et indicatrices de biodiversité, pour mieux les protéger. Vous pouvez participer grâce aux outils en ligne sur le site de Tela Botanica

Le plan National d’Actions en faveur des plantes messicoles et ses annexes sont accessibles dans le site dédié aux messicoles.

Consolida regalis - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Consolida regalis – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

La dauphinelle, autrefois commune dans les chaumes des céréales, est devenu très rare en Ile-de-France.

 

 

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Urophora stylata

Urophora stylata en ponte - Eragny © Gilles Carcassès
Urophora stylata femelle, en ponte sur un cirse commun – Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Réponse de la devinette publiée le 1er juillet 2016 : si ce diptère a un si long abdomen, c’est pour ne pas se piquer les fesses quand il pond dans les fleurs des cirses !

Entre  1973 et 2006, Urophora stylata a été utilisé comme moyen de biocontrôle en Amérique du Nord pour lutter contre le cirse commun qui est là -bas une plante invasive. Les boutons floraux infestés par les larves de cette mouche produisent en effet beaucoup moins de graines.

Un autre Urophora des chardons

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L’orobanche du lierre

Qu’est ce que c’est que cette forêt de chandelles sur le terre-plein central de l’avenue de l’Hautil à  Cergy ? Cette fois-ci ce n’est pas une idée du paysagiste, comme les Eucomis qui fleurissent au même endroit. Cette plante est venue là  toute seule et elle se régale ! C’est Orobanche hederae, qui parasite le lierre.

Avenue de l'Hautil à  Cergy © Gilles Carcassès
Avenue de l’Hautil à  Cergy © Gilles Carcassès
L'orobanche du lierre - Cergy © Gilles Carcassès
Les fleurs de l’orobanche du lierre – Cergy © Gilles Carcassès

Les orobanches puisent l’eau et les substances nutritives dont elles ont besoin dans les racines de leurs plantes hôtes.

On peut rencontrer en Ile-de-France 11 espèces d’orobanches dont la plupart sont rares :

  • Orobanche alba (AR) sur le thym précoce et le clinopode commun,
  • Orobanche amethystea (PC) sur le panicaut champêtre,
  • Orobanche arenaria (RRR) sur l’armoise champêtre et le genêt des teinturiers,
  • Orobanche caryophyllacea (R) sur les gaillets,
  • Orobanche gracilis (R) sur différentes fabacées,
  • Orobanche hederae (AR) sur le lierre,
  • Orobanche minor sur (R) les trèfles,
  • Orobanche picridis (PC) sur les picris, les crepis et aussi les carottes,
  • Orobanche purpurea (R) sur l’achillée millefeuille,
  • Orobanche rapum-genistae (RR) sur le genêt à  balais,
  • Orobanche teucrii (AR) sur les germandrées.

N’ayant pas besoin de synthétiser leurs sucres, elles ont abandonné la photosynthèse. Voilà  donc des plantes qui ne sont pas vertes, étant dépourvues de chlorophylle. D’autres plantes parasites ont cette même particularité, c’est le cas en Ile-de-France des lathrées (également de la famille des Orobanchaceae), des cuscutes (Convolvulaceae), des monotropes (Ericaceae), de la Néottie nid-d’oiseau (Orchidaceae).

Les monotropes parasitent les conifères - Feucherolles © Gilles Carcassès
Monotropa hypopitis – Feucherolles © Gilles Carcassès

Les monotropes parasitent les conifères.

Certaines plantes parasites sont aussi chlorophylliennes, comme le gui, les euphraises, les mélampyres, les odontites, les pédiculaires, les rhinanthes. Rappelons que le lierre, malgré ses crampons, n’est pas une plante parasite.

Les plantes parasites par botanique.org

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Un Popeye chez les homoptères

Asiraca clavicornis © Gilles Carcassès
Asiraca clavicornis est assez commun dans les jardins © Gilles Carcassès

Cet étrange insecte homoptère, trouvé sur un liseron dans mon jardin, n’est ni une cicadelle, ni un puceron, ni un psylle. Il appartient à  la famille des Delphacidae, caractérisée par un gros éperon à  l’extrémité du tibia postérieur.

Ses pattes antérieures sont développées et très élargies, ce qui donne l’impression qu’il marche avec des béquilles. Et pour compléter le tableau, ses antennes sont hors norme, avec un premier article particulièrement imposant.

A quoi lui sert tout cet attirail ? Je n’ai pas trouvé le spécialiste pour me l’expliquer. En fait, peut-être que personne ne sait ; il y a tant encore à  découvrir dans le monde des insectes.