L'actualité de la Nature

Polypodes

Polypodes sur un vieux mur en meulière – Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Une fougère qui se contente de peu

Les polypodes sont capables de s’installer dans des endroits dépourvus de terre : le dessus d’un mur, une vieille gouttière, un tronc d’arbre moussu, un talus rocailleux…

Polypodes sur une toiture © CACP – Gilles Carcassès
Polypodes sur le tronc d’un chêne © CACP – Gilles Carcassès
Polypodes sur un talus rocailleux – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Les frondes fertiles présentent sous leur face inférieures des doubles rangées de sores bruns. Ces sores sont des groupes de sporanges, sortes de sacs qui contiennent les spores, intervenant dans la reproduction des fougères.

Fronde fertile de polypode © CACP – Gilles Carcassès

Une génétique compliquée

Trois espèces de Polypodium existent en Ile-de-France, elles sont considérées indigènes. Le polypode austral, Polypodium cambricum, est très rare, on ne le trouverait dans notre région que dans la vallée du Loing. Polypodium vulgare est beaucoup plus fréquent, il se serait très anciennement formé par l’association de deux espèces exotiques Polypodium sibiricum et Polypodium glyccirhiza. La zone géographique actuelle de ces espèces est le nord-ouest américain et le nord-est asiatique. Le plus répandu, Polypodium interjectum, se serait formé par l’association des génomes de Polypodium vulgare et Polypodium cambricum. En outre, ces trois espèces s’hybrident joyeusement entre elles !

Différencier ces trois espèces, et leurs trois hybrides, est extrêmement délicat sans l’examen au microscope des spores et des structures cellulaires des sporanges. Je laisse cela aux spécialistes (dit-on des polypodologues ?).

Source :

Caractères morphologiques des différents taxons de polypodes de France métropolitaine, par D. Froissard, M. Boudrie, F. Fons, S. Rapior

L'actualité de la Nature

Les apprentis nature

© CACP – Marion Poiret

La Ferme d’Ecancourt propose pour 2018 de nouvelles activités. Des ateliers pour enfants construits autour des sciences participatives auront certainement beaucoup de succès. Ne tardez pas à  vous renseigner et vous inscrire !

« Les apprentis nature » sont des stages d’une semaine destinés à  des enfants de 8 à  15 ans. Ce programme a pour ambition d’aider les enfants à  retrouver le goà»t d’apprendre.

Retrouvez nos articles sur les sciences participatives :

Vigie Nature Ecole

Les visiteurs de l’herbe aux goutteux

Papillons des jardins, des prairies et des champs

Suivons les vulcains

J’ai cru voir un cerf-volant

L’observatoire des vers luisants

Le grand comptage des oiseaux de jardins 2018

 

L'actualité de la Nature

Le beau cocon de Boisemont

Cocon – Boisemont © CACP – Gilles Carcassès

A l’entrée des bois de Boisemont, je vois un gros tronc d’arbre mort rangé au bord du chemin par les forestiers. L’écorce décollée me donne envie de faire mon curieux : quel trésor vais-je découvrir dessous, un petit silphe noir, une lithobie, une larve de cardinal, des polyxènes à  pinceau ?

Mieux que ça, un superbe cocon de 2 cm de long. Je vais le mettre en élevage dans un bocal et attendre que le papillon émerge. à‡a me rappelle vaguement un cocon de ver à  soie, l’exotique bombyx du mà»rier… Je regarde du côté des papillons indigènes communément nommés « bombyx ». Il y en a beaucoup, on les trouve chez les Lymantriidae (maintenant rassemblées dans la famille des Erebidae) et surtout chez les Lasiocampidae. Dans cette famille, Lasiocampa quercus, le bombyx du chêne est très commun par ici. La taille et la forme du cocon correspondent assez bien pour cette espèce.

J’ai déjà  trouvé une chenille de bombyx du chêne dans le secteur, c’était dans les bois de Vauréal.

Jeune chenille de bombyx du chêne sur une feuille de viorne lantane – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

La chenille du bombyx du chêne n’est pas difficile quant à  sa nourriture, elle consomme les feuilles de nombreux arbres et arbustes. On la voit sur les ronces, les bruyères, les prunelliers, les aubépines, les troènes, les saules, les aulnes, les myrtilliers, les genêts, les bouleaux… Sur les chênes ? Oui, aussi, ça arrive.

Lasiocampa quercus mâle © CACP – Gilles Carcassès

Le papillon mâle, aux larges antennes pectinées, arbore une livrée contrastée vanille chocolat caramel ; la femelle, tout caramel et fines antennes, n’est pas mal non plus.

Qui va émerger dans mon bocal : un mâle ou une femelle ? Suspense !…

Retrouvez le portrait d’un autre beau bombyx de nos bois :

Le bombyx disparate

 

L'actualité de la Nature

Qu’est-ce que ça mange, un chevreuil ?

Chevreuil, forêt de Saint-Germain-en-Laye © CACP – Gilles Carcassès

Les chevreuils sont discrets en forêt et difficiles à  observer. On peut en voir parfois le soir à  découvert dans les champs où ils paraissent intéressés par les jeunes pousses de céréales. Les chevreuils mangeraient-ils donc de l’herbe ?

D’abord, le lierre et les ronces !

Les graminées sont loin d’être l’essentiel de leur alimentation. Un étude scientifique conduite en forêt de Chizé (au sud de Niort) sur plusieurs années a permis de connaître finement le régime alimentaire des chevreuils. En été, sept espèces représentent à  elles seules les trois quarts de leur régime alimentaire. En tête, on trouve le lierre (23 %), puis les cornouillers, le charme, les ronces, les érables, les aubépines, le fusain. Viennent ensuite les chênes, la clématite sauvage, les trèfles, le troène, les vesces, le prunellier, les églantiers, le hêtre. Et en hiver, le lierre et les ronces représentent 60 % du régime, complété notamment par des glands et quelques plantes au feuillage persistant.

Le chevreuil ne broute pas au hasard, il recherche les végétaux les plus utiles pour son organisme. C’est pourquoi, à  la belle saison, il délaisse des plantes peu digestes comme le fragon petit houx, les carex et la garance qu’il consomme faute de mieux en hiver. Et le troène, pourtant abondant dans les milieux qu’il fréquente, est relativement peu consommé car cet arbuste contient des composés toxiques.

Des menus équilibrés

En fait, le chevreuil assure l’équilibre de son alimentation en consommant des plantes variées et bien choisies : la ronce lui apporte des éléments minéraux, le cornouiller est très énergétique, le prunellier et les légumineuses contiennent du phosphore, la clématite est source de calcium, les légumineuses et le prunellier sont riches en azote… Dans la nature, chaque chevreuil compose ses menus selon ses préférences personnelles mais en respectant l’équilibre nutritionnel qui convient à  la physiologie de son espèce et à  son état. Quelques gourmandises, glanées de-ci de-là  ne sont pas exclues : myrtilles, framboises, jeunes pousses de sapin, blé en herbe, luzerne…

Sources :

Influence de la composition chimique des végétaux sur les choix alimentaires des chevreuils, une étude accessible sur le portail de l’INIST (CNRS)

Le chevreuil, par l’ONCFS

Retrouvez un autre article sur le chevreuil :

Le chevreuil du bois de Neuville

 

L'actualité de la Nature

Le carabe purpurin

Carabus violaceus purpurascens – Boisemont © CACP – Gilles Carcassès

Je l’avoue, j’ai encore dérangé une bestiole. Ce carabe dormait bien tranquillement sous une branche pourrie, près d’une mare dans les bois de Boisemont. Je l’ai extrait doucement de sa cachette et je l’ai placé sur la mousse pour vous le présenter dans un environnement plus seyant. On devine sur la marge de ses élytres finement rayées et ponctuées le reflet pourpre qui a donné son nom à  cette sous-espèce.

Ces insectes n’ont pas d’ailes !

Les carabes sont incapables de voler car leurs élytres sont soudés, et ils sont dépourvus d’ailes membraneuses. Leur faible capacité de dispersion explique la multiplication des sous-espèces et la variabilité des formes géographiques. Pour un carabe, chaque forêt est comme une île dont on ne peut s’échapper qu’accidentellement (via le transport de grumes ou la musette d’un entomologiste par exemple !).

A l’aisselle de sa patte médiane est fixé un acarien (cliquez sur la photo pour l’agrandir). Souvent les coléoptères transportent ainsi des acariens. J’en ai déjà  observé sur un bousier.

Ici, c’est une femelle : les mâles ont les articles des tarses des pattes antérieures nettement plus élargis. C’est une adaptation pour attraper les femelles et les saisir fermement pendant l’accouplement !

Carabus violaceus pupurascens – Boisemont © CACP – Gilles Carcassès

Ses mandibules sont impressionnantes ! Dans la forêt ce carabe est un grand chasseur, il consomme la nuit des limaces, des escargots, des larves d’insectes et des vers. Sa tête allongée est particulièrement bien adaptée pour rentrer dans les coquilles… On retrouve cette particularité anatomique chez les silphes, ces redoutables tueurs d’escargots.

La séance photos finie, je l’ai replacé sous sa branche et j’ai remis tout en ordre pour qu’il passe cette fin d’hiver bien à  l’abri.

Sources :

Carabus violaceus pupurascens, par l’INPN

Carabes alliés de la biodiversité et de l’agriculture par P. Léveillé (INRA)

L'actualité de la Nature

Le secret de l’accenteur

Accenteur mouchet sur le parking – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

La neige fond au soleil sur le parking du pôle multisports à  l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise et un petit ruisseau s’est formé. Cet élégant passereau picore vivement dans le courant.

Accenteur – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Il scrute et capture des choses minuscules. C’est un accenteur mouchet, un oiseau de jardin insectivore que l’on voit souvent se nourrir au sol sous les haies dans les jardins.

Accenteur mouchet – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Le reflet du soleil met en valeur les plumes grises de sa poitrine.

Après son départ, je suis allé voir ce qu’il mangeait. Je n’ai rien vu d’autre que des petits cailloux. Mon esprit scientifique m’amène à  formuler trois hypothèses :

  1. Il mangeait des cailloux. Après tout, il en a peut-être besoin pour garnir son gésier et broyer les graines, comme mes poules. En hiver, faute d’insectes, l’accenteur consomme peut-être aussi des graines ?
  2. Mes yeux n’ont pas l’efficacité de ceux de l’accenteur, et je n’ai pas vu les microscopiques collemboles ou acariens qui étaient peut-être à  la dérive.
  3. Il n’y a plus rien, parce qu’il a tout mangé !

L’accenteur est parti avec son secret…

L'actualité de la Nature

Le populage des marais

Caltha palustris, le populage des marais – Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Une promesse de fleurs dans mon jardin

Dans mon jardin de Poissy deux mares reçoivent les eaux de toiture de ma maison. Cette année, avec toute cette neige, leur niveau est assez haut. Le populage des marais est à  demi immergé, ce qu’il supporte très bien, et il pointe ses boutons floraux.

Fleur de populage © CACP – Gilles Carcassès

J’aime beaucoup cette plante qui égaye les milieux humides de sa vive floraison aux premiers rayons de soleil de l’année. On la dit en régression en Ile-de-France à  cause du drainage et de la disparition des zones humides. Mais elle est encore assez commune dans le bassin de l’Oise et le Vexin.

Caltha palustris a la réputation d’être une bonne plante mellifère de début de saison : les abeilles récoltent le nectar de ses fleurs.

Ficaria verna, la ficaire © CACP – Gilles Carcassès

Il ne faut pas confondre le populage des marais avec la ficaire, une autre renonculacée aux fleurs jaunes et aux feuilles arrondies et luisantes.

Toutes deux fleurissent très tôt à  la sortie de l’hiver, mais la ficaire est plus petite et pousse sous les arbres.

Le populage, combien de chromosomes ?

Cette plante est un beau sujet d’étude pour les botanistes en raison de la diversité des cas de polyploà¯dies chez cette espèce. Comme l’écrit Philippe Jauzein dans ce document, « il y a ainsi chez le populage deux nombres de base différents (n=7 et n=8), des niveaux allant de diploà¯des à  des décaploà¯des (10 fois le stock), et des aneuploà¯des (par excès ou manque de quelques chromosomes) dérivés des différents polyploà¯des. […] Le populage, qui forme une seule et même espèce, peut avoir 16 chromosomes, ou 28, 32, 35, 40, 44, 48, 52, 53, 54, 56, 60, 62, 64, 70… » De quoi se perdre avec délice dans les arcanes de la génétique ! J’ai scruté mon populage avec perplexité, il ne m’a envoyé aucun indice sur son niveau de ploà¯die…

Source :

Le populage, par DORIS

L'actualité de la Nature

La coccinelle orange

Halyzia sedecimguttata, au revers d’une feuille d’Eleagnus x ebbingei – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Le revers des feuilles d’Eleagnus x ebbingei est joliment argenté.

Cacopsylla fulguralis © CACP – Gilles Carcassès

Cet arbuste hybride, persistant et très vigoureux, a été obtenu en 1928 par le croisement de deux espèces d’Eleagnus. Il fut très en vogue auprès des jardiniers de la fin du XXème siècle.

Il l’est un peu moins depuis l’arrivée en France en 1999 de Cacopsylla fulguralis, un psylle invasif d’origine asiatique, qui peut provoquer le jaunissement de la plante et de fortes attaques de fumagine.

Halyzia sedecimguttata © CACP – Gilles Carcassès

Toujours est-il que ses épaisses frondaisons fournissent à  nombre d’insectes des sites d’hivernage. En explorant le dessous de ses rameaux, j’ai trouvé cette belle coccinelle orange, l’une de nos espèces de coccinelles à  points blancs.

Elle mange des champignons !

Halyzia sedecimguttata est réputée mycophage, c’est-à -dire qu’elle broute le mycélium des champignons qui poussent sur les feuilles des arbres. En réalité, elle chasse aussi de petites proies.

A bien y regarder, ma coccinelle orange n’a pas l’œil très frais, et l’une de ses pattes a l’air bien mal en point ! Il y a fort à  parier qu’elle ne se réveillera pas au printemps. Aurait-elle subi l’attaque d’un parasitoà¯de ?

Source :

Coccinelles mycophages, par l’OPIE

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Le cornouiller mâle

Floraison de Cornus mas, le cornouiller mâle © CACP – Gilles Carcassès

Ce cornouiller mâle joue au perce-neige ! C’est l’arbre à  la floraison la plus précoce de nos contrées, juste après celle du noisetier.

L’arbre aux multiples atouts

Voilà  encore une plante très appréciée des abeilles qui leur fournit du pollen en tout début de saison. En fin d’automne, on peut récolter ses fruits rouges, semblables à  des olives, quand elles sont très mà»res et qu’elles tombent au sol. On en fait alors de ces cornouilles d’agréables confitures. Consommées avant, c’est une aimable purge !

Bouquet de fleurs du cornouiller mâle © CACP – Gilles Carcassès

Le cornouiller mâle est très réputé pour les qualités de son bois : dense, élastique, dur et très droit. L’espèce est idéale pour les manches d’outil, les lances, les arcs, les rayons de roue des charrettes, les bâtons de berger…

Le cornouiller mâle est peu commun en Ile-de France, on le rencontre généralement dans les coteaux boisés sur sol calcaire, avec le troène et la viorne lantane. Dans le Val d’Oise, il est plus fréquent à  l’extrême ouest du département.

En fleurs, à  l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise

A l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise, où je l’ai trouvé en fleurs (près des garages à  bateaux), il a probablement été planté. C’est en effet un arbuste (ou petit arbre) souvent utilisé pour l’aménagement des espaces verts.

L'actualité de la Nature

Pipit farlouse, bel oiseau de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise

Pipit caché dans les branches : le voyez-vous ? – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Un plumage cryptique

A l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise, ce petit oiseau à  la poitrine rayée se dissimule dans les branches basses d’un aulne au bord de l’eau. Malgré son camouflage, je l’ai repéré ! Alors, je ne bouge plus et j’attends.

Pipit farlouse – Cergy © CACP – Gilles Carcassès (cliquez deux fois pour voir en plein écran)

Enfin il daigne descendre de son arbre. La prairie inondée est pour lui une aubaine, j’imagine qu’il y trouve des insectes noyés ou des petites graines flottantes.

Pipit dans la neige © CACP – Gilles Carcassès

Et hop, un tour sur la neige ! Histoire de faire sa star…

Les spécialistes interrogés ont remarqué les stries larges et continues sur le flanc, le sourcil discret et les pattes claires. C’est un pipit farlouse, appelé aussi pipit des prés. A son bec fin, vous aurez reconnu un oiseau au régime largement insectivore.

Migrateur

Le pipit farlouse est un oiseau migrateur. En Ile-de-France, on le rencontre en hiver dans les prairies humides et parfois dans les champs. En été, la femelle construit son nid tout près du sol, caché dans une touffe d’herbe ou sous les branches basses d’un buisson. Cette espèce niche rarement dans notre région.

Les pipits appartiennent à  la même famille que les bergeronnettes.

Retrouvez les portraits d’autres oiseaux insectivores :

Rossignol du Japon

Troglodyte mignon

Accenteur mouchet