Ce tout petit criquet blanc aux larges épaules nous attendait sur la plage de l’étang des Galets, à la limite de la végétation herbacée.
Nous le plaçons en quarantaine (de secondes) dans une boîte loupe, le temps de le photographier plus commodément. Ce n’est pas l’abdomen qui est très long, c’est une expansion du pronotum, le dessus du thorax, qui couvre les ailes. C’est une particularité du genre Tetrix dont on compte 6 espèces en Ile-de-France.
Nous avons capturé une femelle. Au bout de son abdomen, son ovipositeur denté comme un couteau-scie lui sert à pondre dans les berges caillouteuses.
On voit sur ces photos que le dessus de la tête (le vertex) avance un peu au-devant des yeux, que le thorax est peu bombé et que l’arête inférieure des fémurs médians ne semble pas ondulée. Il s’agit donc probablement de l’espèce Tetrix subulata, une espèce rare inféodée aux milieux humides. Si ce n’est lui, c’est son frère Tetrix ceperoi, le criquet des vasières.
C’est au cœur du Vieux Pontoise, au numéro 9 de la rue de la Harengerie, que m’attend ma correspondante, une des membres de l’association qui fait vivre ce jardin peu commun.
Avec l’accord de la ville, propriétaire des lieux, les jardiniers amateurs ont investi les ruines de l’ancien presbytère dont il ne subsiste que quelques pans de mur. On lit encore la trace de l’un des bâtiments démolis sur le pignon aveugle de l’immeuble voisin.
Le défi a été rude : pas d’eau sur le terrain et pas non plus de sol, uniquement des gravats !
Et pourtant cet endroit inhospitalier est devenu au bout de quelques années une oasis de verdure productive et pleine de charme.
A coups de pioche, les plus gros moellons sont extraits et réemployés à mesure des aménagements pour réaliser des murets ou des escaliers.
Pour l’essentiel, les parcelles jardinées sont des bacs ou des buttes de culture intégrant de grosses quantités de compost. La végétation sauvage présente sur le site (clématite, buddleias, orties) est régulièrement taillée et coupée menu pour pailler le pied des fleurs et des légumes.
C’est un jardin dans lequel sont bichonnées avec amour toutes les plantes : les sauvageonnes, les mellifères, les aromatiques, les engrais verts, les vivaces et bulbes de collection, les légumes généreux… La biodiversité y trouve son compte, on peut même y croiser la belle Ariane, Lasiommata maera.
Les bacs de compostage collectifs ont été fournis par la Communauté d’agglomération, ils fonctionnent à plein régime !
Au bord des allées du parc du château de Grouchy, on trouve par endroits des tas de bà»ches entreposées depuis de nombreuses années. Le sol marécageux entretient une forte humidité dans le bois, ce qui favorise certaines espèces d’insectes. Platycis minutus est de celles-ci. Ses larves se nourrissent dans le bois pourri, et sans doute sont-elles prédatrices de larves d’insectes xylophages. Les adultes sont observés sur le bois mort surtout en aoà»t et septembre.
Ce coléoptère appartient à la petite famille des Lycidae. Huit espèces de cette famille sont présentes en France, Platycis minutus n’est pas la plus fréquente mais elle n’est pas rare non plus. On la rencontre en montagne et dans la moitié est de la France, sur du bois mort de sapin ou de hêtre, mais aussi sur le frêne. En l’occurence, je l’ai observée sur une bà»che pourrie de frêne.
L’insecte était coopératif et m’a permis de le manipuler un peu. On voit ici que ses élytres sont côtelés et présentent une ornementation d’aspect grillagé. Les antennes sont noires avec l’extrémité orange.
Je lui ai suggéré de s’envoler, ce qu’il a fait de bonne grâce mais par trois fois il est revenu se poser sur ma veste. Soit il me prend pour une vieille bà»che, soit il est attiré par les couleurs sombres ! Je penche pour la seconde hypothèse.
Attention à ne pas le confondre avec d’autres coléoptères à élytres rouges :
Cette branche d’un érable arrachée par un coup de vent pend dans un arbuste. Les feuilles sèches recroquevillées fournissent d’excellentes cachettes pour cette araignée qui d’ordinaire s’abrite sous une écorce ou dans la fissure d’un poteau en bois.
Marpissa muscosa fait partie de la famille des araignées sauteuses, les Salticidae. Celles-ci chassent à vue et bondissent sur leurs proies, quelquefois plus grosses qu’elles. Elles les paralysent alors avec leur venin puissant. Mais rien à craindre à les observer, leurs chélicères ne peuvent percer la peau humaine.
Ces araignées possèdent deux paires de gros yeux sur le devant, et deux autres paires d’yeux plus petits sur le dessus et les côtés du céphalothorax. Cela leur assure une vision à 360° ! Cette Salticidae semble fascinée par mon appareil photo qu’elle fixe avec intensité ! Ou peut-être est-ce le photographage qu’elle trouve fascinant ?
Pigeon vole, cheval au galop, écrevisse à la nage, attention à la marche, bouge tes fesses de là et va ranger ta chambre ! Notre belle langue fourmille d’expressions fleuries pour illustrer le besoin impérieux de mouvement du monde vivant. Ainsi la vache se meut dans son pré, et la raie glisse au fond des mers.
Même les plantes rivalisent d’ingéniosité pour se déplacer : marcottes, boutures naturelles, graines ailées ou flottantes, ou digérées par les animaux. Ainsi va le grand bal paisible de notre biodiversité familière.
N’importe coâ cette histoire !
Et tout le monde est content, jusqu’au jour ou paraît l’Autre, qu’on ne connaît pas et qui n’est pas de chez nous, l’infâme bestiole qui incarne nos peurs ancestrales et nos fantasmes morbides.
Qui n’a entendu parler de cette araignée velue et affreusement venimeuse surgie d’un carton de bananes ? Il paraît que dans sa jungle natale, elle terrasse une grenouille taureau rien qu’en la regardant ! Et puis le silure venu d’au-delà des Carpates que les amateurs de pêche sportive ont introduit un peu partout dans nos fleuves et nos plans d’eau, n’a-t-il pas une fois, au bois de Boulogne, gobé la baballe tombée à l’eau et le caniche avec ? Et ces hordes de loups venus de l’étranger : des croqueurs de moutons assoiffés de sang !
Examinons calmement les faits.
Les araignées tropicales introduites fortuitement n’ont aucune chance de s’établir sous notre climat. En revanche, c’est bien d’un cargo bananier en provenance d’Amérique du Sud que nous est arrivé il y a cent ans le galinsoga, charmante adventice de nos potagers.
Le silure ne met pas de caniches à son menu, ou alors seulement les trop maigres et il recrache poliment la laisse. Il débarrasse nos villes des pigeons en surpoids venus se désaltérer au bord du fleuve, et engloutit d’énormes quantités de ces écrevisses américaines échappées d’élevage qui tapissent le fond de nos étangs. Un animal utile à bien des égards !
L’absence du loup en France, de 1937 à 1992, n’est en réalité qu’une minuscule parenthèse dans le destin de cette espèce bien de chez nous.
Souvenons-nous, le propre de la Nature, c’est le mouvement, vouloir la figer, c’est la tuer !
Comme chaque année, la place des Arts à Cergy accueille une grande exposition de dessins de presse et d’humour.
Pour la 7ème édition de cette manifestation, les dessinateurs de l’association Dallas s’interrogent avec l’humour décapant qu’on leur connaît à nos relations à l’Autre.
Jusqu’au 4 octobre 2020 : à ne pas manquer !
Avec l’aimable autorisation de José Kéravis, président de l’association Dallas
à‡a faisait bien longtemps que je n’étais pas allé au Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire. J’y suis retourné pour voir quelles idées nouvelles auraient l’heur de me plaire. J’ai beaucoup aimé le jardin de Nicholas Tomlan qui marie avec finesse une profusion de petites plantes très variées, créant une ambiance très naturelle. Je ne suis pas le seul à avoir aimé, puisque je vois que ce jardin a obtenu le prix de la Création.
Cette grande astéracée épineuse (le bourdon donne l’échelle) est le chardon pourpré sud-africain. Dans ses montagnes natales, Berkheya purpurea pousse au bord des ruisseaux. Un sol frais et bien draîné convient bien à cette vivace rustique méconnue.
Au bord d’une pièce d’eau, un couple de criquets pansus est venu dans ma main. Ils sont repartis dans un bond prodigieux. En fait, c’est Madame qui saute, Monsieur s’accroche comme il peut ! Au bord de la Loire, l’espèce est à peu près à sa limite nord, bien qu’un couple ait été vu à Herblay en 2017. Ouvrons l’œil !
Pas d’inquiétude, ce ne sont pas des réminiscences des feux d’artifices du 14 juillet, mais bel et bien des vers luisants.
Dans la famille des Lampyridae on compte au moins 10 espèces de vers luisants et une luciole en France. La plus fréquente (bien que souffrant de l’utilisation des produits phytosanitaires et de la pollution lumineuse) est Lampyris noctiluca, LE ver luisant tel qu’on le décrit le plus souvent. C’est lui qu’on retrouvera le plus facilement, les autres espèces étant beaucoup plus rares, voire absentes de la partie nord du pays.
Malgré les apparences Lampyris noctiluca est un coléoptère, un insecte donc, et non pas un ver. La larve émerge d’un œuf légèrement bioluminescent pondu dans les pelouse et prairies.
On peut la rencontrer tout au long de l’année, dans les milieux abrités de la lumière et relativement humides ; voire directement dans la coquille de l’escargot qui lui sert de repas.
Les adultes ne se nourrissent pas, ils vivent sur les réserves accumulées à l’état larvaire et ne se préoccupent que de la reproduction ; et la technique est bien rodée.
Bien qu’appartement à l’ordre des coléoptères, la femelle du lampyre ne possède ni aile ni élytre. Elle ne peut donc pas voler. En revanche, elle est bonne acrobate. Elle grimpe sur une tige ou une brindille pour s’exposer et mettre en évidence la face ventrale de son abdomen. C’est là que se situe l’organe de bioluminescence. Une réaction chimique entre trois composants : la luciférine, la luciférase et l’oxygène, dégage une douce lumière verte bien visible dans la nuit noire. Ce phare dans la nuit sert de repère pour les mâles. Une fois fécondée, la femelle l’éteint.
Le mâle n’est pas (ou très peu) bioluminescent, mais est lui doté d’ailes qui lui permettent de patrouiller au-dessus des couverts herbacés à la recherche des femelles.
Près de l’Université de Cergy-Pontoise à Neuville, je remarque au pied d’un prunus cette plante haute à l’allure échevelée. Sa silhouette me rappelle confusément des souvenirs de vacances en Provence.
Les capitules sont bien petits à l’échelle de la plante et comportent peu de fleurons. Les ligules, joliment plissées, sont terminées par cinq dents. Les akènes se dispersent avec le vent car ils sont surmontés d’une aigrette montée sur un pédicelle, comme ceux du pissenlit.
Les tiges coriaces, nées d’une rosette de feuilles découpées, portent quelques feuilles étroites.
à‡a y est, j’ai retrouvé son nom : c’est la chondrille ! Cette bisannuelle (parfois vivace) est commune dans les garrigues, les bords de chemins et les prés secs du Midi. La plante est peut-être arrivée en Ile-de-France il y a fort longtemps avec du matériel agricole car c’est aussi une adventice des vignes, des vergers et des champs de céréales. Avec l’emploi des désherbants, on n’en trouve plus guère dans les cultures.
Dans notre région, la chondrille a trouvé refuge dans les friches ferroviaires et urbaines. Elle y est cependant assez rare. Sa présence sur la voie publique fait la démonstration que les pieds d’arbres peuvent être le lieu d’une belle diversité du vivant.
Voici l’une des nombreuses espèces de punaises rouge et noir. Contrairement à la corise de la jusquiame, celle-ci n’a pas de rouge sur la tête. La membrane possède un fine marge blanche et un gros point blanc centré.
Cette Lygaeidae se nourrit de graines qu’elle pique avec son rostre. Elle affectionne particulièrement les graines des différentes espèces de séneçon. Le séneçon commun, le séneçon jacobée et le séneçon du Cap étant des plantes très communes, cette punaise est largement présente dans les potagers, les prairies, les friches, les zones urbaines. J’ai vu celle-ci sur le tas de compost dans mon potager : elle en explorait avec vivacité les moindres recoins dans l’espoir sans doute de trouver les graines convoitées.
Observations au compost
Vous n’avez pas encore de compost chez vous et vous souhaitez pouvoir valoriser vos déchets organiques et observer la faune incroyable qui s’y développe ? Si vous habitez Cergy-Pontoise, sachez que la Communauté d’agglomération peut vous fournir des composteurs, que vous soyez en habitat pavillonnaire ou en collectif.
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