L'actualité de la Nature

Qui mange quoi ?

Tephritis praecox © CACP – Gilles Carcassès

En observant cette élégante mini-mouche dans un massif fleuri devant la mairie de Montigny-les-Cormeilles, je me suis demandé ce qu’elle faisait là . Tout d’abord, il me faut la déterminer. Un ovipositeur noir au bout de l’abdomen et ces ailes tachées : cela m’oriente vers la famille des Tephritidae. Les pattes orange et la forme des taches des ailes me permettent de penser que c’est Tephritis praecox (une femelle, bien sà»r, à  cause de l’ovipositeur).

Je fais une petite visite à  l’excellent site anglais « Biological Records Centre » et son Database of Insects and their Foods Plants  (DBIF) qui répertorie 47 000 interactions de 9 300 insectes avec 5 700 végétaux ! J’y apprends que Tephritis praecox pond dans les boutons floraux des séneçons et des marguerites.

Les Tephritis sont souvent spécialisés sur un genre de plantes hôtes et c’est un jeu passionnant que de chercher les différentes espèces sur les inflorescences des Astéracées. Chaque espèce de Tephritis a un dessin particulier sur l’aile.

Tephritis conura n’est signalé que sur les Cirsium – Osny © CACP – Gilles Carcassès
Tephritis bardanae ne pond que dans les fleurs des bardanes – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Tephritis formosa est fréquent sur les laiterons (Sonchus) – Cergy © CACP – Gilles Carcassès
Tephritis hyoscyami est inféodé aux Carduus © Gilles Carcassès
Tephritis postica n’est pas dans le DBIF mais je sais qu’on la voit sur les onopordons © CACP – Gilles Carcassès

Il en manque encore beaucoup à  ma collection : la faune française compte 38 espèces de Tephritis !

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Sur le cirse maraîcher

Floraison de Cirsium oleraceum - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Floraison de Cirsium oleraceum – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Le cirse maraîcher (Cirsium oleraceum) est présent sur notre territoire dans les vallées de la Viosne et du ru de Liesse, ainsi qu’au bord de l’Oise, dans les endroits marécageux. C’est un chardon assez élevé, aux grandes fleurs pâles et aux feuilles larges.

Voici trois bestioles surprenantes et peu courantes que l’on peut observer sur cette plante. Ces photographies ont été prises au parc de Grouchy à  Osny.

Tephritis conura - Osny © Gilles Carcassès
couple de Tephritis conura – Osny © Gilles Carcassès

Ce très joli diptère est Tephritis conura, il est inféodé à  cette plante. La femelle pond dans ses boutons floraux.

Cixius cunicularius - Osny © Gilles Carcassès
Cixius cunicularius – Osny © Gilles Carcassès

Cixius cunicularius est un homoptère de la famille des Cixiidae. Il affectionne les bords de rivière, tout comme le cirse maraîcher. On le trouve sur la végétation basse.

Cassida rubiginosa - Osny © Gilles Carcassès
Cassida rubiginosa – Osny © Gilles Carcassès

Cet insecte déguisé en tortue verte n’est pas une punaise, mais bien un coléoptère de la famille des Chrysomelidae (vaste famille !). L’avant, c’est du côté des antennes. Ses larves consomment les feuilles de divers chardons, dont le cirse maraîcher.

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La faune du bassin de la sente des prés à  Eragny

22 juin 2016 : profitant d’un après-midi sans pluie, nous nous rendons à  Eragny pour recenser la faune des abords du bassin de la sente des prés, qui va bientôt faire l’objet de travaux importants.

Bassin de rétention des eaux pluviales à  Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès
Bassin de rétention des eaux pluviales à  Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Les oiseaux sont nombreux dans les grands saules, frênes et peupliers qui dominent le bassin : nous notons le chant du pic vert, du pouillot véloce, du troglodyte, du merle, du rouge-gorge, de la grive musicienne, de la fauvette à  tête noire… Près de l’eau, nous remarquons les allées et venues d’une bergeronnette des ruisseaux qui capture des moucherons.

Pour ce qui est des insectes, sans surprise, nous croisons plusieurs espèces qui accompagnent ordinairement les plantes typiques des friches nitrophiles (orties, rumex, cirses communs). C’est ainsi que nous identifions deux espèces de diptères de la famille des Tephritidae : Urophora stylata et Tephritis hyoscyami, toutes deux inféodées aux chardons.

Tephritis hyoscyami femelle © Gilles Carcassès
Tephritis hyoscyami femelle © Gilles Carcassès

D’autres insectes sont caractéristiques des lisières des zones boisées, comme les deux papillons observés : le Tyrcis et la Piéride du navet (dont la chenille consomme les alliaires).

Lagrya hirta © Gilles Carcassès
Lagria hirta sur une feuille d’ortie dioà¯que © Gilles Carcassès

Lagria hirta est un coléoptère de la famille des Tenebrionidae. Il est souvent trouvé près des arbres car sa larve se nourrit des substances végétales de la litière, on peut également l’observer dans les zones humides. Apparemment celui-ci l’a échappée belle car la déformation des élytres suggère qu’un oiseau voulait en faire son repas et lui a donné un coup de bec.

Tillus elongatus © Gilles Carcassès
Tillus elongatus © Gilles Carcassès

Voici un autre coléoptère, lié cette fois à  la présence de bois mort : sa larve est prédatrice d’insectes xylophages. Ce thorax rouge indique qu’il s’agit d’une femelle de Tillus elongatus (le mâle de cette espèce est entièrement noir).

La liste complète des espèces que nous avons recensées autour de ce bassin est ici : Eragny 22 juin 2016

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Urophora stylata

Urophora stylata en ponte - Eragny © Gilles Carcassès
Urophora stylata femelle, en ponte sur un cirse commun – Eragny-sur-Oise © Gilles Carcassès

Réponse de la devinette publiée le 1er juillet 2016 : si ce diptère a un si long abdomen, c’est pour ne pas se piquer les fesses quand il pond dans les fleurs des cirses !

Entre  1973 et 2006, Urophora stylata a été utilisé comme moyen de biocontrôle en Amérique du Nord pour lutter contre le cirse commun qui est là -bas une plante invasive. Les boutons floraux infestés par les larves de cette mouche produisent en effet beaucoup moins de graines.

Un autre Urophora des chardons

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La mouche des fruits de la bardane

Sur le chemin de halage à  Neuville-sur-Oise, nous croisons un imposant pied de bardane bientôt prêt à  fleurir.

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Grande bardane – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Perchée sur le bord d’une de ses feuilles, une petite mouche aux ailes ornées semble nous surveiller.

La mouche de la bardane, Tephritis bardanae, sur sa plante hôte © Gilles Carcassès
La mouche des fruits de la bardane, Tephritis bardanae, sur sa plante hôte © Gilles Carcassès
Tephritis bardanae mâle © Gilles Carcassès
Ce Tephritis bardanae mâle agite doucement ses ailes © Gilles Carcassès

En fait, nous comptons une dizaine de ces mouches sur cette plante, toutes des mâles de la même espèce, inféodée à  la bardane : Tephritis bardanae. Il y a fort à  parier qu’elles ne guettent pas le passage des naturalistes, mais bien plutôt l’arrivée des femelles. En bons petits mâles, ils agitent ostensiblement leurs ailes dès qu’ils se croisent d’un peu près. Ces manœuvres de défense territoriale semblent efficaces, car les concurrents s’éloignent et se répartissent sur la plante.

Les femelles fécondées pondront dans les boutons floraux et les larves consommeront la partie charnue des capitules.

Retrouvez dans nos articles d’autres espèces de cette famille de jolies mouches, les Tephritidae :

La mouche des fruits de la bryone

La mouche du laiteron

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La mouche des fruits de la bryone

Au jardin de l’Ecole de Botanique du Jardin des Plantes de Paris, on fait toujours de belles rencontres.

Au bord de l’allée centrale, trône un beau pied palissé de bryone femelle en pleine floraison, dà»ment étiqueté Bryonia dioica. Voilà  une plante qui mérite une petite inspection. Comme je l’espérais, Andrena florea est bien au rendez-vous. Cette élégante abeille sauvage est spécialisée dans la collecte du pollen de la bryone.

Goniglossum wiedemanni - Paris © Gilles Carcassès
Goniglossum wiedemanni – Paris © Gilles Carcassès

Mais un autre insecte s’affaire autour des fleurs et des jeunes fruits. C’est une petite mouche aux ailes bigarrées et aux yeux verts.

Je soupçonne fort ce diptère d’appartenir à  la famille des Tephritidae. Un petit tour chez Dipera.info m’apprendra qu’une espèce de cette famille est justement inféodée à  la bryone : Goniglossum wiedemanni, qui pond dans les fruits de cette plante.

Ce Goniglossum est proche d’autres espèces qui gâtent les fruits, les tristement célèbres « mouche de la cerise » et « mouche de l’olive ». On ne reprochera rien au Goniglossum, car les baies de la bryone sont toxiques. On les lui laisse.

Goniglossum wiedemanni s'approche d'un bouquet de fleurs de bryone. © Gilles Carcassès
Goniglossum wiedemanni s’approche d’un bouquet de fleurs de bryone. © Gilles Carcassès

La coccinelle de la bryone

https://natornatex.wordpress.com/2015/06/26/les-insectes-de-la-bryone/

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Inconfondable

Amonoia purmunda sur une mà»re. Photographie prise au Verger à  Cergy, quartier Grand centre © Gilles Carcassès
Anomoia purmunda. Photographie prise au Verger à  Cergy, quartier Grand centre © Gilles Carcassès

Le dessin très particulier de ses ailes permet l’identification à  coup sà»r de cette toute petite mouche peu commune. Ici, elle est perchée sur une mà»re.

Sur un pin noir © Gilles Carcassès
Sur les aiguilles d’un pin noir © Gilles Carcassès

Les larves d’Anomoia purmunda se développent dans les baies d’aubépine, de cotonéaster, de berbéris. L’ovipositeur au bout de l’abdomen de cette mouche indique qu’il s’agit d’une femelle. Les mâles seraient attirés par les effluves de solvant des peintures fraîches, que peut-être ils confondent avec les molécules de phéromones des femelles.

http://www.insecte.org/forum/viewtopic.php?f=11&t=132077