Une jolie dame aux yeux verts et aux reflets bronzés !
Depuis quelques jours, la plage de l’île de loisirs de Cergy-Pontoise est ouverte : un endroit parfait pour faire bronzette ! Pourtant, cette cordulie bronzée semble préfèrer les autres étangs de l’île.
Cette libellule (anisoptère) fait partie de la famille des Corduliidae. Après avoir été l’une des plus grandes prédatrices du fond de l’étang, cette libellule a émergé de l’eau pour se transformer en adulte. C’est l’un des premiers anisoptères à sortir au printemps. Elle affectionne les mares et les étangs avec des berges plutôt boisées. On l’observe souvent posée sur les branches des arbres.
L’éclosion des œufs se fait deux à trois semaines après la ponte, et les larves aquatiques passeront par douze stades en deux à trois ans avant d’émerger.
Pendant sa vie d’adulte, elle ira se nourrir dans les prairies et au-dessus de la mare ou de l’étang. Dotée de bonnes capacités de vol, elle pourra s’éloigner d’un à dix kilomètres de son lieu de naissance.
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Natureparif avait invité le 14 septembre 2017 les animateurs nature d’Ile-de-France a une journée de formation sur les insectes, animée par François Lasserre, enseignant, formateur et auteur de nombreux ouvrages d’entomologie. La vallée de la Bièvre, de Guyancourt à Jouy-en-Josas, fut notre terrain de jeux.
Je me suis exercé lors de cette journée à prendre des photos rapprochées avec mon smartphone. La prise de vues nécessite un peu de dextérité : il faut tenir l’appareil d’une main, bien parallèle au sujet, mettre au point et déclencher avec le doigt de l’autre main sans trembler, tandis que la troisième main tient le brin d’herbe pour empêcher l’insecte de bouger dans le vent… Mais les résultats sont intéressants, avec une assez belle lumière et une bonne profondeur de champ. Les trois photos de cet article ont été prises avec le smartphone.
Au bord de la rivière, nous avons pu observer quelques odonates, entre deux averses : un Anax, des Sympetrum et de fluets agrions, comme celui sur la photo ci-dessus.
Une pêche au troubleau (grosse épuisette très solide) a permis de remonter la petite faune du fond d’une mare. Cette imposante larve d’odonate, sà»rement un Anax, a eu droit à une séance photos de star avant d’être relâchée dans son milieu. Au printemps prochain, elle fera sa sortie de l’eau pour se transformer en adulte. En attendant, elle prend des forces en dévorant de nombreux animaux aquatiques, y compris des larves d’autres libellules d’espèces plus petites.
Nous avons testé plusieurs jeux d’équipes sur le thème des insectes. Là , j’ai pu mesurer l’étendue de mes lacunes en psychomotricité…. Ce qui m’a le plus intéressé, c’est un jeu tactile très simple, à faire en binôme : ma coéquipière m’avait bandé les yeux et je devais deviner, uniquement au toucher, quel insecte elle plaçait dans ma main.
Je vous mentirais si je vous disais que j’avais reconnu la chenille du bombyx de la ronce. Je m’étais arrêté à « grosse larve » et, sans la vue, je l’avais imaginée, du bout des doigts, verte et non poilue ! Je vous recommande cette expérience, c’est très étonnant !
Inquiète et contrariée de se faire ainsi manipuler, cette chenille s’était roulée fermement en boule, méritant son surnom d’anneau du diable. Je peux attester qu’elle n’est pas urticante.
Sans doute à la poursuite d’une proie, elle est entrée dans ma véranda, et voilà qu’elle ne sait pas retrouver la sortie ! Pourtant la porte est grande ouverte, mais elle s’obstine à se cogner bruyamment contre la toiture translucide. Il faut faire quelque chose…
Je me suis rappelé l’attirance qu’ont les odonates pour les perchoirs, alors je lui ai tendu le premier outil de jardinage que j’avais sous la main. Elle s’est posée dessus et j’ai pu la transférer tout en douceur jusqu’au jardin.
Le temps de reprendre des forces avant de s’envoler, cette belle aeschne bleue femelle m’a laissé faire quelques photos. Pratique d’avoir toujours l’appareil autour du cou !
L’école régionale de botanique recommande un protocole d’inventaire qui peut servir à alimenter la partie botanique d’un Atlas de biodiversité communale. Nous décidons de tester la chose sur la commune de Maurecourt. Il nous faut choisir au moins cinq milieux différents sur la commune.
Que diriez-vous pour commencer de cette belle friche alluviale ensoleillée dans la zone naturelle des berges de l’Oise ?
La plante dominante semble bien être la tanaisie. En progressant dans la friche, nous faisons s’envoler des quantités de ces petites demoiselles aux tibias élargis : Platycnemis pennipes, bien sà»r !
Et là , c’est un couple de cette espèce, en position de cœur copulatoire. C’est le mâle qui a les yeux bleus.
Ah oui, c’est un inventaire botanique…
Qui nous griffe les mollets ? C’est la ronce bleuâtre. Ses fruits pruineux sont déjà mà»rs. Bouh, que c’est acide : pas bon !
Bien jolie plante que cet épiaire des marais, de la famille des Lamiaceae.
Quelques jeunes arbres tentent la conquête de l’espace : aubépine, saules… Si cette friche n’est pas débroussaillée une fois par an, elle va se boiser bien vite.
Au bord de l’étang du parc de Grouchy, je connais un endroit calme très prisé des odonates. Et j’ai eu la chance d’assister à une émergence. Bien camouflée dans la verdure, cette libellule immature séchait ses ailes. Le matin même, elle était encore une larve au fond de l’eau, avant d’entreprendre l’ascension d’une graminée de la berge pour se nymphoser. On devine la dépouille de la nymphe (exuvie) derrière la feuille qui lui sert maintenant de support.
En séchant, elle a pris quelques couleurs, et l’on peut avancer un nom : Orthetrum cancellatum femelle. Un geste un peu brusque de ma part : dommage, elle est partie se poser haut dans un arbre !
Pour comparer, voici une femelle mature de cette espèce vue dans une prairie à Cergy. J’observe souvent ces femelles chasser les insectes dans les hautes herbes assez loin de l’eau, et les mâles plutôt posés sur la berge, sans doute pour garder le territoire de ponte.
Une jardinière des jardins des Hauts de Jouy m’a fait parvenir cette photo prise avec son téléphone portable.
Je n’ai encore jamais observé cet odonate à Cergy-Pontoise. Cordulegaster boltonii affectionne les ruisselets d’eau claire en forêt. C’est une espèce protégée en Ile-de-France.
Ici, c’est une femelle car les ailes postérieures sont arrondies.
Celui-ci est un mâle car le bord postérieur des ailes postérieures forme un angle droit près de l’abdomen.
Chez ces grandes libellules, les yeux sont composés de plusieurs dizaines de milliers d’ommatidies.
Pour briller en société, rien de tel que de savoir différencier au premier coup d’œil les trois espèces de Libellula de la faune française.
Il suffit de savoir quoi observer : ce sont les taches sombres sur les ailes !
Démonstration :
Libellula quadrimaculata : immanquable, la tache sombre aux nodus (au milieu, à l’avant de chaque aile).
Libellula fulva : extrémité des ailes (plus ou moins) assombrie et une tache peu étendue à la base de chaque aile.
Libellula depressa : une tache étendue et bien visible à la base de chaque aile.
La plus difficile c’est la libellule fauve, parce que les taches sombres à l’extrémité des ailes ne sont pas toujours présentes. Mais il faut bien regarder les taches à la base des ailes : elles sont vraiment moins étendues que chez la libellule déprimée (surtout pour l’aile antérieure).
Chez Libellula quadrimaculata les deux sexes sont semblables, pour les espèces Libellula fulva et Libellula depressa, les mâles matures sont teintés de gris ou de bleu.
Application :
Quelle est l’espèce de cette Libellula mâle ?
Vous avez vu, c’est facile : Libellula depressa
Et celui-ci ?
Enfantin : petites taches = Libellula fulva.
Et celui-là ?
Aucune tache : ce n’est pas une Libellula, celui-ci est un Orthetrum. C’était un piège.
La Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a décidé de procéder à un inventaire de la faune et de la flore du parc du château de Menucourt. Cet Espace Naturel Sensible, lieu de promenade prisé des habitants de l’agglomération, est en effet une réserve de biodiversité et constitue un maillon essentiel de la trame verte et bleue du territoire.
Voici quelques habitants du parc, photographiés lors nos investigations.
La petite nymphe à corps de feu est un agrion printanier qui fréquente les ruisselets et les petites pièces d’eau.
La chenille du Géomètre à barreaux consomment les trèfles et d’autres légumineuses.
Cette larve aquatique aux pattes rameuses ciliées est celle d’un Acilius, coléoptère proche des dytiques. La larve et l’adulte chassent de nombreux petits animaux de la mare.
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Cette exuvie était fixée sur une feuille d’acore dans l’un des petits bassins du parc du château de Menucourt. Assurément une grande libellule, mais comment déterminer l’espèce ?
Le masque de la larve de la libellule sert à capturer les proies pendant sa vie aquatique. Ses proportions sont un critère de détermination. La forme des yeux et la longueur des épines de l’abdomen doivent être également observées pour avancer dans la clé. J’ai utilisé celle de Guillaume Doucet de la Société Française d’Odonatologie.
En plaçant l’exuvie sur la planche du genre Aeshna (dessins grandeur nature), j’ai pu confirmer ma détermination. Il s’agit d’une exuvie de l’espèce Aeshna cyanea. Cette espèce forestière est l’une des plus communes du genre Aeshna.
La femelle de l’aeshne bleue porte bien mal son nom. Seul le mâle a des taches bleues.
A la sortie de l’exuvie, le jeune adulte déploie ses ailes et procède à des essais moteur avant de prendre son envol.
J’ai observé cette exuvie dans les collections pédagogiques de la Maison de la nature de Vauréal. Il s’agit de la dépouille d’une nymphe de grande libellule, abandonnée après sa sortie de l’eau. Elle a été trouvée fixée à une tige d’herbe au bord d’un bassin du Domaine national de Marly-le-Roi.
L’adulte s’est extrait en déchirant le dos de l’enveloppe de la nymphe, désormais vide.
Placée sur le dos, cette exuvie montre sous sa tête le masque articulé qui sert à la larve aquatique pour capturer ses proies. Il manque deux pattes à l’exuvie, elles sont peut-être restées accrochées dans l’herbe sur le lieu de la découverte. Sur cette photo, on voit très bien les ébauches des quatre ailes, en arrière des pattes.
Armé du guide de détermination, je mesure, compare, calcule… J’arrive facilement à la famille des Aeschnidae, caractérisée par le grand masque plat.
Le genre Anax est confirmé par la forme de la bordure arrière des yeux.
Pour aller à l’espèce, il faut observer les proportionsdu masque, et la taille de « l’expansion de l’épiprocte »(heureusement qu’il y a des illustrations dans le guide !).
Le rapport de la longueur sur la largeur maximale du masque est de l’ordre de 1,5 et la longueur de l’expansion de l’épiprocte est égale à la moitié de la longueur des cerques qui l’entourent. Ouf! On y est, il s’agit d’un mâle d’Anax imperator. Chouette, encore une enquête résolue.
Le petit agrion bleu derrière cet Anax imperator donne l’échelle : c’est l’une des plus grandes libellules d’Europe. On la rencontre couramment sur nos bassins et étangs de Cergy-Pontoise, notamment au parc François-Mitterrand à Cergy.