L'actualité de la Nature

Les deux oreilles

En cette Journée Nationale de l’Audition nous vous avons préparé un sujet sur les oreilles. Non pas celles qui servent à  entendre le réveil du printemps et les oiseaux chanteurs mais les oreilles que vous pouvez observer sur les arbres si vous vous promenez en sous-bois en ce mois de mars. Il s’agit bien entendu de champignons !

Les oreilles dans le lexique botanique

Lorsque des végétaux ont des organes aux formes arrondies, il arrive souvent que leur nom d’espèce soit auricula ou auriculata comme pour la scrophulaire à  oreillettes : Scrophularia auriculata, dont les fleurs ressemblent à  des oreilles de souris. Pour ces champignons, c’est le genre lui-même qui s’appelle « oreille » ! Plusieurs espèces sont regroupées sous le genre Auricularia.

Deux oreilles pour les feuillus

On connait au moins 6 espèces de champignons Auricularia mais seulement deux d’entre-elles sont présentes en àŽle-de-France, et nous les avons toutes les deux vues à  Vauréal et à  Osny. Il s’agit de l’oreille de Judas (Auricularia auricula-judae) et de l’oreille poilue (Auricularia mesenterica).

Ces deux espèces sont lignivores. Elles consomment principalement le bois des feuillus avec chacune leur régime préférentiel : on rencontre plus souvent Auricularia mesenterica sur les frênes et les érables, et Auricularia auricula-judae sur les sureaux. Les deux champignons ont, comme leur nom l’indique, une forme plus ou moins évidente d’oreille et une chair gélatineuse. Ils fructifient tous les deux à  la même période : à  la fin de l’hiver et début du printemps. Heureusement, leurs aspects permettent de les différencier.

A feutre ou à  poils ?

L’oreille de Judas, Auricularia auricula-judae, a un aspect lisse et légèrement feutré.

Auricularia auricula-judae au parc du château de Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

L’aspect feutré de l’oreille de Judas se voit mieux lorsque que le champignon est sec.

Auricularia auricula-judae sec – Vauréal © CACP – Emilie Périé

L’oreille poilue, Auriculia mesenterica a, quant à  elle, la face supérieure toute hérissée de poils.

Auricularia mesenterica – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Vous pouvez maintenant dormir sur vos deux oreilles, vous êtes capables de les différencier ! Et surtout, n’oubliez pas, les oreilles sont au cœur de votre santé !

Sources

L’oreille poilue par MycoDB

L’oreille de Judas par MycoDB

Retrouvez les autres champignons de l’hiver

Les oreilles de la Terre

La pézize écarlate

Sortie champignons à  Osny

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La grive mauvis

Grive mauvis – parc du château de Menucourt © CACP – Emilie Périé

Portrait d’une grive petit format

La grive mauvis, Turdus iliacus de son nom officiel, est un passereau de la famille des Turdidae au même titre que les autres espèces proches : les grives draine, litorne et musicienne ou le merle noir. La grive mauvis est la plus petite des grives que l’on peut rencontrer sur le territoire.

Elle se différencie aisément des autres grives européennes grâce à  un épais sourcil blanc qui souligne son regard et un élégant fard rouge brique sur les flancs.

Portraits de grives © CACP – Gilles Carcassès

Une migratrice venue du froid

Ces critères de reconnaissance sont utiles pour repérer la mauvis car elle voyage souvent aux côtés des autres grives. Elles arrivent ensemble dans nos parcs et jardins. En effet, les grives sont, pour la plupart, des migratrices. Elles nichent et se reproduisent dans des contrées froides du Nord de l’Europe et viennent passer l’hiver sous les températures plus clémentes. Contrairement aux grives musicienne et draine dont un certain nombre d’individus nichent en àŽle-de-France, la mauvis et la litorne sont exclusivement migratrices. Elles ne sont observables chez nous qu’en hiver, d’octobre à  mars. La grive mauvis est déjà  bien présente sur l’ouest francilien comme le montrent les données de Faune àŽle-de-France.

Carte de présence de la grive mauvis – hiver 2018/2019 © Faune àŽle-de-France

Gourmande des jardins

Si les grives mauvis se nourrissent d’insectes pendant les beaux jours, en hiver elles consomment principalement des petites baies : de sureau, de sorbier, de cotonéaster, … et de houx ! Les grives mauvis que nous avons photographiées étaient perchées à  quelques mètres du grand houx de l’entrée du parc de château de Menucourt. Quelques jours seulement après leur arrivée lors de l’épisode neigeux de fin janvier 2019, ce grand houx est totalement déplumé ! Un comble, quand les coupables sont nos amis à  plumes.

Nous avons également vue cette espèce à  l’île de loisirs de Cergy-Pontoise. Peut-être vient-elle aussi picorer quelques baies dans votre jardin ?

Un cas d’étude

La grive mauvis fait partie du programme de sciences participatives Oiseaux des Jardins. Maintenant que son identification n’a plus de secrets pour vous, repérez-la et renseignez le protocole ! C’est facile, elle fait l’objet d’une fiche à  son nom et est présente sur le poster de comptage :

Fiche de comptage des oiseaux des jardins © Muséum national d’Histoire naturelle

Prenez quelques minutes pour renseigner tous les compagnons de la grive mauvis dans votre jardin, et faites avancer la science !

Autres articles

Fruits mà»rs à  point

Temps de neige, temps de grives

Sortie ornitho au parc du château de Menucourt

Sources

Les oiseaux d’àŽle-de-France de Pierre Le Maréchal, David Laloi et Guilhem Lesaffre

Fiche Grive mauvis – Oiseaux des Jardins

Fiche Grive mauvis – Faune àŽle de France

L'actualité de la Nature

Temps de neige, temps des grives

La tempête Gabriel a blanchi le parc du château de Menucourt, et la neige met en valeur les baies rouges des grands houx à  l’entrée du parc.

Fruits du houx © CACP – Gilles Carcassès

Mais par endroits des grappes sont presque vides. Qui sont les gourmands ? Seraient-ce nos amis les merles ?

Mangés ! © CACP – Gilles Carcassès

Je me poste à  proximité pour tenter de démasquer les coupables. Au bout de quelques minutes, des oiseaux arrivent, mais ils restent cachés par le feuillage persistant et je ne peux pas les photographier ! J’arrive à  en suivre un qui se pose sur un arbre voisin pour digérer un peu.

Grive mauvis – Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Avec ce beau sourcil blanc, et cette grande tache rouge sous l’aile, pas de doute, c’est une grive mauvis. Cette espèce migratrice niche en Europe du Nord. Elle arrive parfois en nombre en Ile-de-France avec les vagues de froid et les épisodes neigeux.

Grappes de cotonéaster pillées par les grives- Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Grive litorne – Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Dans les jardins du village, ce sont des grives litornes qui volent d’arbres en arbres, surveillant de loin les enfants qui vont à  l’école et les parents qui en reviennent. Elles s’abattent sur les haies des jardins dès que tout est calme. Au sommet des cotonéasters, les grappes les plus accessibles font l’objet d’une véritable razzia ! Les grives mauvis ne sont pas en restent et se joignent au festin.

Les grives litornes sont de très beaux oiseaux richement colorés. Ce sont aussi des migrateurs qui nous viennent d’Europe du Nord, elles voyagent souvent en compagnie des grives mauvis. Ouvrez l’œil dans vos jardins !

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Trémelle, champignon parasite

Ce champignon en forme de cervelle, de consistance très molle, communément nommé « trémelle orangée » ou « beurre de sorcière », pousse sur les branches mortes mais il ne se nourrit pas de bois. Tremella aurantia est en effet un champignon parasite qui se développe aux dépens du mycélium d’un champignon décomposeur du bois, la stérée hirsute.

Tremella aurantia, la trémelle orangée – parc du château de Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Les fructifications de la stérée hirsute (Stereum hirsutum), sous forme de croà»tes jaunes plus ou moins appliquées sur le bois, sont visibles sur cette photo.

Voici deux autres exemples de champignons parasites :

Xerocomus parasiticus © CACP – Gilles Carcassès

Xerocomus parasiticus est un petit bolet parasite des sclérodermes.

Asterophora sp. sur Russula nigricans – Boisemont © Gilles Carcassès

Les Asterophora sont parasites des russules.

Retrouvez dans cet article d’autres champignons qui poussent sur le bois :

Mission champignons !

Sources :

Tremella aurantia, par Mycodb

Stereum hirsutum, par Mycodb

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Le pic noir

Pic noir – Vauréal © François Lelièvre

François Lelièvre, talentueux photographe animalier, m’a prêté cette photo de pic noir prise à  Vauréal il y a quelques années dans le bois au-dessus de la rue de Puiseux. Cette calotte rouge qui s’étend jusqu’au front nous renseigne sur son sexe : c’est un mâle. A grands coups de bec, il creusait une souche pourrie à  la recherche de fourmis ou de larves d’insectes xylophages.

Trous de pic noir – parc du château de Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Les trous de nourrissage du pic noir ont généralement une forme allongée verticalement et sont placés à  la base de troncs d’arbres morts ou sur des souches.

Le nid du pic noir dans un grand hêtre – parc du château de Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Pour établir son nid, le pic noir choisit un gros tronc bien dégagé, généralement celui d’un hêtre centenaire ou d’un vieux pin sylvestre. D’autres essences peuvent être occupées, comme les chênes, le merisier ou le tremble. Il creuse sa loge très en hauteur pour que la nichée soit bien à  l’abri des prédateurs. Le trou d’accès au nid a généralement une forme ovale.

Les anciens nids de pic noir sont réutilisés par une quarantaine d’autres espèces : chouette hulotte, sittelle, pigeon colombin, chauves-souris, loir gris, étourneau, abeilles, frelon européen… La présence de cet oiseau est donc importante pour la biodiversité de nos forêts.

Source :

Pic noir, par l’INPN

Retrouvez d’autres articles sur les pics :

Sus aux fourmis

Tic tac toc

Oh le beau mâle !

Le pic épeichette est un bon acrobate

L'actualité des jardins

Connaissez-vous l’espace naturel sensible du parc de Menucourt ?

En continuité écologique avec le massif de l’Hautil, le domaine du château de Menucourt couvre environ 60 hectares dont plus de la moitié a été classée Espace Naturel Sensible en 2005. Une partie seulement de cet espace est ouvert au public (7 hectares).

La diversité des milieux présents (berges de l’étang, ruisseaux et sources,  prairies, boisements forestiers), les modalités de gestion (fauchage tardif des prairies, préservation de vieux arbres et de bois mort en forêt) et la continuité avec le vaste ensemble forestier de l’Hautil en font un lieu privilégié pour le développement de nombreuses espèces.

Voici quelques images des paysages et des habitants de ce parc :

L’étang du parc de Menucourt © CACP – Marion Poiret

Leste vert sur une tige de rumex © CACP – Marion Poiret

La punaise de l’épiaire des bois © CACP – Gilles Carcassès

La couleuvre à  collier au bord de l’étang © CACP – Marion Poiret

La partie forestière du parc © CACP – Gilles Carcassès

Stereum purpureum affectionne les branches mortes de hêtre © CACP – Gilles Carcassès

Oenopia conglobata, une coccinelle forestière © CACP – Gilles Carcassès

Le cardinal à  tête rouge rencontré sur une ronce, dans une clairière. Sa larve carnassière vit sous les écorces des troncs pourris © CACP – Gilles Carcassès

L’orangerie du parc, utilisée pour des animations nature © CACP – Gilles Carcassès

Un crapaud commun, et une limace suicidaire © CACP – Gilles Carcassès

Leiothrix lutea, le rossignol du Japon, un échappé de captivité qui a fait souche dans le parc © CACP – Gilles Carcassès

Tritons palmés dans l’un des bassins du parc © CACP – Gilles Carcassès

L’aeschne mixte au bord de l’étang © CACP – Marion Poiret

Retrouvez quelques-uns de nos articles relatifs à  la biodiversité du parc du château de Menucourt :

Ero, l’araignée pirate

Les étranges champignons du parc du château de Menucourt

Un escargot poilu !

Pas d’âne

Inventaires au parc du château de Menucourt

Beauté rouge sur une feuille de rumex

L'actualité des jardins

Le blob et les petits bâtons

Ceci n’est pas une moisissure ni la ponte d’un escargot, c’est un myxomycète nommé Stemonitopsis typhina.

Un grand bravo à  Zibou et Hélène qui ont su résoudre cette énigme !

Stemonitopsis typhina – Menucourt © CACP – Gilles Carcasses

Stemonitopsis typhina est ici dans sa forme fixe. Les sporocarpes sont en forme de bâtonnets allongés pour cette espèce.

Sporocarpes de Stemonitopsis typhina © CACP – Gilles Carcassès

Ils vont brunir en mà»rissant et libérer des spores qui assureront sa dissémination.

© Marie-Louise Arnaudy

Les spores de myxomycètes, en conditions favorables, évoluent en petites amibes mobiles qui fusionnent pour former des masses gélatineuses (nommées parfois « blob ») qui peuvent être assez étendues. Elles sont capables de ramper, à  la vitesse de 4 cm par heure, et de digérer de petites proies, essentiellement des champignons et des bactéries.

Les myxomycètes sont consommés par de nombreux arthropodes qui vivent dans le bois pourri, et ils constituent un maillon essentiel dans le processus de dégradation de la matière organique.

Source :

L’histoire du blob, par Franceinfo

Retrouvez dans ces articles le monde étonnant des myxomycètes :

Bretzel d’or

Tout petit, superpouvoir

L'actualité de la Nature

L’arbre à  sangliers

Bravo à  Béatrice, Juliet et Colette qui ont les premières reconnu le passage des sangliers ! Et une mention spéciale à  Laurent Lebot de THEMA Environnement pour la précision de son commentaire.

Avez-vous déjà  essayé de vous frotter à  un tronc d’épicéa ?

à‡a gratte fort ! Les sangliers adorent…

Frottoir à  sangliers – parc du château de Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

A la base du tronc, on remarque une coloration gris terne : c’est de la boue séchée ! Les sangliers font ainsi leur toilette : un bon bain de boue dans une souille bien fangeuse, puis une séance de gratte-dos sur le tronc d’un arbre pour enlever la boue. Ces croà»tes de boue sont nommées houzures, leur hauteur sur le tronc renseigne sur le gabarit des animaux qui fréquentent le frottoir.

Et les traces noires au-dessus ? C’est un truc de chasseurs : un badigeon de goudron de Norvège, les sangliers adorent cette odeur et ça les aide à  se débarrasser des parasites. A mon avis, il y a là -dessous des intentions pas très pures. Je ne crois pas que ce soit juste pour leur faire plaisir.

Petite remarque en passant : un chasseur respectueux de la nature ne balance pas le bidon vide de goudron de Norvège dans les fourrés…

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Pas d’âne

Le tussilage en fleurs – Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Quelle est donc cette brillante floraison vue au parc du château de Menucourt ? C’est celle du tussilage qui a la particularité d’émettre des tiges florales et de produire des fruits avant de développer ses feuilles.

Tussilago farfara © CACP – Gilles Carcassès

Comme beaucoup d’Asteraceae, les capitules sont composés de deux types de fleurs : celles du centre, en tube, sont dotées de pistil et étamines, celles du pourtour sont de fines ligules qui n’ont d’autre fonction que l’améliorer la visibilité de la fleur pour les insectes pollinisateurs et de faciliter leur atterrissage. Diverses espèces d’abeilles et de petits coléoptères apprécient cette ressource précoce en pollen. Aux fleurs vont bientôt succéder des fruits surmontés d’une aigrette soyeuse que le vent dispersera.

Les fruits du tussilage © CACP – Gilles Carcassès

Le tussilage est une vivace pionnière, typique des sols remués et instables, il colonise souvent les talus argileux ou marneux.

Le limbe des feuilles, de forme arrondie, évoque l’empreinte du sabot d’un âne, d’où le nom vernaculaire de la plante « pas d’âne ».

Les chenilles de plusieurs espèces de papillons consomment le tussilage. Tyria jacobaeae, la « goutte de sang » que je vous ai montré sur le séneçon jacobée pourrait aussi occasionnellement se nourrir du tussilage.

Source :

Tussilago farfara, par la ville de Genève