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🐛 Chenilles processionnaires ou hyponomeutes ? Ne confondez plus !

À l’arrivée des beaux jours, les arbres se couvrent parfois de cocons ou de toiles blanches inquiétantes… Faut-il s’en inquiéter ? Pas toujours ! Deux types de chenilles bien différentes sont souvent confondues : les chenilles processionnaires (du pin ou du chêne) et les chenilles hyponomeutes (ou « teignes »). Voici quelques repères pour bien les distinguer… et comprendre pourquoi elles sont de plus en plus visibles.

🌲 Les chenilles processionnaires : attention !

Il existe deux espèces principales en France métropolitaine :

  • la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa),
  • la chenille processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea).

Comparé aux idées reçues, ces deux chenilles qui n’ont pas la cote sont toutes deux indigènes, elle vivent naturellement sur le territoire métropolitain et ne sont pas exotiques. Les deux espèces se déplacent en file indienne, ce qui leur a donné leur nom. Elles sont velues et urticantes à un stade avancé de leur développement.

Nid de processionnaires du pin, Thaumetopoea pityocampa – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

À quoi ressemblent-elles ?

EspèceDescriptionArbre hôteNid visible
Processionnaire du pinCorps brun à noir, poils roux-orange, segments marqués de taches clairesPins (sylvestre, noir, maritime…)Grosse boule blanche en hauteur dans les branches
Processionnaire du chêneCorps gris bleuté, très poilu, avec bandes sombres longitudinalesChênes sessile ou pédonculéNids plats, plaqués sur les troncs ou grosses branches

Pourquoi sont-elles dangereuses ?

Les chenilles processionnaires sont recouvertes de milliers de poils microscopiques urticants qui se détachent facilement :

  • chez l’humain : démangeaisons, conjonctivites, difficultés respiratoires, allergies sévères possibles,
  • chez les animaux (chiens surtout) : lésions de la langue, choc allergique, voire décès si contact intense.

Le danger existe même sans contact direct, car les poils peuvent être transportés par le vent !

Quand faut-il être vigilant ?

La chenille processionnaire du pin est active de décembre à avril, avec un pic de danger en février-mars, lorsqu’elle descend en procession au sol. C’est à ce moment qu’elle libère le plus de poils urticants.
La chenille processionnaire du chêne apparaît plus tard, entre mai et juillet, et devient particulièrement dangereuse en juin, quand les chenilles urticantes sont actives sur les troncs et les grosses branches.

Attention les nids vides peuvent rester visibles longtemps après le passage des chenilles, mais le risque est surtout présent pendant la phase chenille active.

🍃 Les hyponomeutes : spectaculaires, mais sans danger

Les hyponomeutes sont un groupe de petites chenilles grégaires et inoffensives , parfois appelées « teignes », selon l’espèce (hyponomeute du fusain, du pommier, etc.).

À quoi ressemblent-elles ?

  • Taille : petites (1 à 2 cm au stade final).
  • Couleur : gris clair ou blanc ou jaune, avec des points noirs sur les flancs. (Les chenilles comme les papillons sont très similaires d’une espèce à l’autre, et il n’est pas toujours facile de déterminer avec certitude à quelle espèce appartient un individu).
  • Comportement : vivent en groupe, tissent de grandes toiles blanchâtres qui recouvrent les buissons, haies ou jeunes arbres.
  • Elles ne font pas de processions et ne sont pas poilues ni urticantes.
Yponomeuta du fusain © CACP – Gilles Carcassès

Quels arbres sont concernés ?

Les hyponomeutes s’installent principalement dans les fusains, mais on peut aussi les retrouver sur des pommiers, pruniers ou sorbiers. Ils sont surtout visibles en mai-juin, période durant laquelle leurs toiles soyeuses recouvrent entièrement les haies ou les petits arbres, leur donnant un aspect « momifié » très spectaculaire, mais sans danger pour l’homme ni pour les animaux.

Faut-il intervenir ?

Non, les hyponomeutes ne présentent aucun danger pour l’homme ou les animaux.

  • Les arbres sont défoliés mais rebourgeonnent rapidement.
  • Aucun poil urticant.
  • Aucun impact sur la santé humaine.

Leur présence peut impressionner, mais il s’agit d’un phénomène naturel, souvent limité dans le temps.

La forme adulte on dirait un petit papillon dalmatien !

Papillon hyponomeute, Yponomeuta sp. – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

🧠 À retenir : comment les différencier facilement ?

CritèresChenilles processionnairesHyponomeutes
ApparenceMoyennes à grandes, poilues, brunes ou grisesPetites, grises avec points noirs, non poilues
Nid/toileNid bien formé (boule ou plaque)Toile couvrante, façon « voile d’araignée »
Arbre hôtePins, chênesFusains, pommiers, prunelliers…
Période d’observationPin : hiver-printemps / Chêne : printemps-étéMai à juin
Risque sanitaireOui : urticants, allergènesAucun
Déplacement en procession ?OuiNon

En cas de doute n’hésitez pas à contacter des professionnels ou tout simplement notre service avec notre boite mail biodiversite@cergypontoise.fr

Sources

Comment reconnaître les chenilles processionnaires ? – Chenille Risque

Risques de confusion avec d’autres chenilles – Chenille Risque

Processionnaires et autres chenilles « poilues  : ne les confondez plus !

Les Hyponomeutes

L'actualité de la Nature

L’émergence des hyponomeutes

L’énigme du fil de pêche en forêt…

Lors d’une sortie à  Vauréal, nous avons découvert un long fil suspendu à  une branche de fusain d’Europe. Il était tellement résistant que l’on en a déduit, un peu vite, que ça devait être un fil de pêche.

Etrange, tout de même, un fil de pêche à  la lisière d’un bois, sans point d’eau aux alentours… Regardons cela de plus près.

Après quelques recherches, nous découvrons dans le secteur de nombreux cocons suspendus au revers de feuilles de lierre. La mise en élevage de quelques-uns de ces cocons dans un bocal aéré a permis rapidement de déterminer l’insecte : il s’agit de cocons d’Yponomeuta cagnagella, le grand hyponomeute du fusain.

Yponomeuta cagnagella à  l’émergence dans son bocal d’élevage © CACP – Gilles Carcassès

Le grand hyponomeute du fusain © CACP – Gilles Carcassès

Les chenilles de ce papillon de nuit sont d’excellentes tisseuses. Et le fil que nous avions trouvé était en fait un solide assemblage de soies produites par les chenilles pour descendre de l’arbre en groupe à  la recherche d’un lieu propice pour se nymphoser.

Toiles d’hyponomeutes et fils de de descente – bois de Cergy © François Lelièvre

A l’automne, la femelle pond sur les rameaux des fusains d’Europe des œufs très petits et recouverts d’une substance collante, imitant l’écorce. Les jeunes chenilles vont hiberner sous un bouclier brunâtre. Au printemps, elles se regroupent sur une branche pour tisser leur toile et commencer à  consommer les feuilles.

Chenilles d’hyponomeutes au mois de mai – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Des chenilles grégaires et voraces

Après avoir presque entièrement défolié l’arbre, elles tissent leur cocon et finalement se métamorphosent pour perpétuer l’espèce. Bien que ces chenilles fassent disparaitre toutes les feuilles de leur plante hôte et la recouvrent de toiles disgracieuses, l’arbuste survit facilement et se regarnit en été.

Surtout, ne pas traiter !

Les chenilles d’hyponomeutes ne sont pas dangereuses pour les fusains, elles ne sont pas non plus urticantes ni toxiques pour les humains. Les laisser vivre favorise la biodiversité : les papillons de nuit font le bonheur des chauves-souris ! Traiter chimiquement les chenilles d’hyponomeutes serait donc une bien mauvaise idée, un geste à  la fois inutile, coà»teux et néfaste !

Evitons toute de même les haies monospécifiques de fusains d’Europe

Pour éviter les catastrophes esthétiques, les jardiniers avisés éviteront cependant de planter en grandes masses cette espèce. Mais en tant que plante indigène, le fusain utilisé avec parcimonie a toute sa place dans les haies champêtres en mélange.