L'actualité de la Nature

Terellia tussilaginis, mouche des bardanes et des cirses

Terellia tussilaginis – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Rencontre au sommet d’une bardane

Une mouchette blonde aux ailes barrées semble vouloir estimer dans ce face-à -face le danger que représente pour elle cette araignée crabe postée un peu plus bas.

Pas d’ovipositeur au derrière de ce diptère Tephritidae : il s’agit d’un mâle. Terellia tussilaginis est une espèce fréquente sur les bardanes, et parfois sur les cirses. La femelle pond au cœur de l’inflorescence et ses larves consomment les jeunes graines. Les pupes passent l’hiver dans les inflorescences sèches.

Terellia tussilaginis femelle en visite sur une astéracée – Maurecourt © CACP – Gilles Carcassès

Voici une femelle de cette belle espèce observée à  Maurecourt. L’ovipositeur est bien visible. Admirez ces beaux yeux verts (cliquez sur l’image pour l’agrandir) !

Terellia tussilaginis est très facile à  observer en été. Il suffit de s’approcher doucement des bardanes en fleurs. Parfois on y croise une autre jolie Tephritidae, Tephritis bardanae, strictement inféodée aux bardanes (voir ci-dessous).

Découvrez une autre espèce de la même famille qui fréquente les bardanes :

La mouche des fruits de la bardane

L'actualité de la Nature

L’anthracine morio

L’avez-vous rencontrée cette mouche aux ailes bicolores ? On la voit beaucoup en ce moment au soleil en lisière des zones boisées.

Hemipenthes morio – Saint-Ouen l’Aumône, au bord de l’Oise © CACP – Gilles Carcassès
Couple d’Hemipenthes morio – Vauréal, au Belvédère © CACP – Gilles Carcassès

Ce petit mâle (en bas sur la photo ci-dessus) a tenté une approche mais la femelle n’avait pas l’air très réceptive.

Hemipenthes morio est un diptère hyperparasite de la famille des Bombyliidae. Ses larves se développent à  l’intérieur de larves de Tachinidae, d’Ichneumonidae ou de Braconidae, elles-mêmes parasites de chenilles de noctuelles. Les adultes se nourrissent du nectar de fleurs à  corolle plate. D’autres espèces de cette famille, comme le grand bombyle, sont équipées d’une longue trompe qui leur permet d’exploiter des corolles profondes dont le nectar est plus difficile d’accès.

Bombylius major, le grand bombyle – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Le grand bombyle, visible au début du printemps, est une espèce parasite d’hyménoptères : la femelle pond dans les terriers des abeilles sauvages.

Bombyle – Ferme de la Cure, à  Sailly © CACP – Gilles Carcassès

Cet autre bombyle, d’une espèce de petite taille, aspire à  l’aide de sa trompe le nectar au fond d’une fleur de sauge officinale.

Sources :

L’anthracine morio, par quelestcetanimal.com

Les bombyles, par l’OPIE

Retrouvez un autre article sur les Bombyliidae :

Du sable dans la poche

L'actualité de la Nature

La mouchette de l’onoprodon

Tephritis postica sur un onopordon – potager fruitier du château de la Roche-Guyon © CACP – Gilles Carcassès

Au potager fruitier de La Roche-Guyon, à  côté des artichauts, le jardinier a semé quelques onopordons. Ce très grand chardon aux feuilles laineuses est la plante hôte d’une bien jolie mouche de la famille des Tephritidae : Tephritis postica.

Tephritis postica femelle © CACP – Gilles Carcassès

Pendant que les mâles paradent à  l’extrémité des feuilles, défendant d’invisibles frontières, les femelles, reconnaissables à  l’ovipositeur noir qu’elles ont à  l’extrémité de l’abdomen, explorent la plante à  la recherche des boutons floraux dans lesquels elles vont pondre.

Tephritis postica mâle, au poste d’observation © CACP – Gilles Carcassès
Tephritis postica mâle, perdu dans un océan de poils laineux © CACP – Gilles Carcassès
L'actualité de la Nature

Fausse guêpe !

J’ai failli me faire avoir !

Sphiximorpha subsessilis – Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Dans le parc du château de Marcouville, Sophie, de la Ferme pédagogique de Pontoise m’a montré un vénérable marronnier en fin de vie. Il ne subsiste qu’un gros tronc creux car, victime peut-être de la foudre et de coups de vent, il a perdu toutes ses branches charpentières. L’eau de pluie s’accumule dans le tronc et suinte abondamment au niveau de fissures de l’écorce. Le manège d’une guêpe qui fait des va-et-vient près d’un suintement m’intrigue.

Sphiximorpha subsellis © CACP – Gilles Carcassès

Surprise, ce n’est pas une guêpe mais un diptère ! Et c’est bigrement bien imité : les rayures noires et jaunes de l’abdomen, la longueur des antennes, le bout des pattes jaunes, les taches sur le thorax, et même l’allure plissée des ailes un peu fumées ! Mais ses gros yeux la trahissent. Il s’agit d’un syrphe, et même d’une espèce rare, inféodée à  ce type de milieu constitué par les suintements des vieux arbres blessés. C’est là  en effet que vivent ses larves qui, paraît-il, se nourrissent des bactéries qui s’y développent.

Un syrphe rare

L’espèce, en déclin certain en France, et classée menacée au niveau européen, a déjà  été observée dans le Val d’Oise lors d’un inventaire des syrphes des marais de Montgeroult et de Boissy-l’Aillerie réalisé en 2006 à  l’initiative du Parc naturel régional du Vexin français. Les auteurs indiquent que sur les 68 espèces de syrphes recensés, Sphiximorpha subsellis est « sans conteste l’espèce la plus emblématique rencontrée sur le site d’étude ».

Sources :

Inventaire des syrphes des marais de Montgeroult et marais de Boissy-l’Aillerie, article dans le courrier scientifique n°5 de décembre 2011 du PNR du Vexin français.

Syrphes portraits de pollinisateurs 2017, par l’Association des entomologistes de Picardie

L'actualité de la Nature

Deux plumes d’Indien

Dans la série des bestioles rares du parc du château de Grouchy !

Drôle de mouche sur une feuille d’ortie – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Une mouche noire aux ailes fumées, avec le dessus du thorax d’un beau rouge satiné, qu’est ce que ça peut être ?

Ce sont les antennes « en plumes d’Indien » qui vont me mettre sur la piste de la famille : Stratiomyidae.

Chloromyia formosa (Stratiomyidae) – Poissy © CACP – Gilles Carcassès

J’avais observé ce joli Stratiomyidae dans mon jardin. Remarquez la forme particulière des antennes. Ses larves, qui consomment de la matière organique en décomposition, habitaient peut-être dans mon composteur.

Clitellaria eppiphium – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Vu de près, ce Stratiomydae montre deux grosses épines noires sur le scutellum, juste en arrière de la partie rouge. A quoi lui servent-elles ? Je n’ai pas trouvé de réponse, il faut dire que les experts en Stratiomyidae, ça ne court pas les rues… Ce que l’on croit savoir de cette espèce, nommée Clitellaria eppiphium, se résume à  peu de choses : l’espèce serait rare et sa larve vivrait dans les colonies de fourmis qui habitent le bois mort. Et justement, du bois mort plein de fourmis ce n’est pas ce qui manque au parc du château de Grouchy !

L'actualité des jardins

Fine mouche en dentelles noires

Epiphragma ocellare – Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Dans le parc du château de Marcouville, j’ai rencontré cette charmante bestiole posée sur la feuille d’un houx. Quelles ailes étonnantes : on les dirait peintes par un artiste ! Au début, je l’ai cherchée chez les Tipulidae…

Ceci n’est pas une tipule !

Epiphragma ocellare, facilement reconnaissable aux dessins en ocelles de ses ailes, est un représentant de la famille des Limoniidae, la plus nombreuse des diptères avec plus de 10 000 espèces dans le Monde (dont 500 en Europe).

Chez les Limoniidae, les adultes ne vivent que quelques jours, tout au plus deux semaines. La femelle d’Epiphragma ocellare pond dans le bois pourri où vivent ses larves. Sur cette photo, l’extrémité non pointue de l’abdomen montre qu’il s’agit d’un mâle.

Epiphragma ocellare © CACP – Gilles Carcassès

Et comment différencie-t-on les Tipulidae des Limoniidae ?

Les antennes des premiers ont 13 articles, et celles des Limoniidae 14 à  16. Mais il faut une bonne loupe ! A part ça, les Limoniidae ont souvent les ailes marquées par des taches ou des dessins contrastés, ce qui n’est généralement pas le cas chez les Tipulidae.

Tête de Tipulidae. © CACP – Gilles Carcassès
Tipula maxima (femelle) – Saint-Ouen l’Aumône © CACP – Gilles Carcassès

Tipula maxima, aux ailes présentant des taches contrastées, est une exception chez les Tipulidae.

Retrouvez notre article :

La grande tipule

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Les pollinisateurs nocturnes

Cirsium oleraceum en fleurs visité par un bourdon – Saint-Ouen l’Aumône © CACP – Gilles Carcassès

L’éclairage, néfaste pour les pollinisateurs nocturnes

Une équipe d’écologues s’est récemment intéressée à  l’effet de l’éclairage nocturne sur la pollinisation des plantes. Leur étude a montré une chute de 13% de la production de graines chez des cirses maraîchers (Cirsium oleraceum) éclairés la nuit par des candélabres, alors qu’ils sont aussi visités par des insectes pollinisateurs diurnes (comme le bourdon dans la photo ci-dessus). Ils en tirent la conclusion que l’éclairage a un effet négatif sur l’activité des insectes pollinisateurs nocturnes, et sur la biodiversité en général. On le savait déjà  pour certaines espèces de chauves-souris.

Qui sont les pollinisateurs nocturnes ?

Les pollinisateurs nocturnes sont des papillons de nuit, des punaises, certaines mouches…

Ce Coremacera (diptère Sciomyzidae) serait un pollinisateur strictement nocturne. © CACP – Gilles Carcassès
Pleuroptya ruralis, la pyrale du houblon, la nuit, sur une fleur de clématite sauvage © CACP – Gilles Carcassès

Ce sont surtout des fleurs blanches qui sont pollinisées la nuit. L’émission de leur parfum en début de nuit renforce leur attractivité, c’est aussi le moment où leur pollen est le plus accessible. Ainsi les Platanthera, belles orchidées blanches de nos sous-bois, sont visitées par le sphinx de l’épilobe et sans doute d’autres papillons de nuit.

Platanthera chlorantha – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Comment concilier éclairage et biodiversité ?

La pollution lumineuse augmente chaque année sur Terre. Heureusement, les aménageurs et les gestionnaires peuvent s’appuyer sur les conseils « éclairés » de l’Association Française de l’Eclairage pour tenir compte de la biodiversité (voir les fiches 15 et 16).

Autres sources :

Pollution lumineuse : comment la nuit disparaît peu à  peu – Les Echos.fr

Pollinisation de Platanthera chlorantha – un article de la SFO de Poitou-Charente et Vendée

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Malacophages

Hydromya dorsalis © CACP – Gilles Carcassès

Au bord du bassin qui recueille les eaux de toiture de ma maison, j’ai trouvé cette mouchette élancée, immobile sur une tige fasciée de lysimaque. Avec son museau pointu, elle a un look de Sciomyzidae, ces diptères des milieux humides dont les larves consomment des escargots.

Hydromya dorsalis – Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Perchée sur un fruit de lysimaque, elle me montre la ligne de cinq gros points noirs qui orne son aile, ce qui permet de la déterminer. Hydromya dorsalis est spécialisée dans les mollusques aquatiques. J’aurais préféré qu’elle s’occupât des escargots du potager…

Il existerait en France 67 espèces de Sciomyzidae, en voici quelques-unes :

Sepedon sphegea © CACP – Gilles Carcassès

Ce sombre Sepedon sphegea, vu au parc François-Mitterrand à  Cergy, parasite aussi des mollusques aquatiques.

Limnia unguicornis © CACP – Gilles Carcassès

Limnia unguicornis est spécialisée dans les mollusques terrestres. Remarquez chez cette espèce les yeux à  rayures et les antennes ornées d’un cil blanc.

Trypetoptera punctulata – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Trypetoptera punctulata, aux ailes joliment décorées, est une autre espèce de Sciomyzidae qui parasite des mollusques terrestres.

Retrouvé un autre article sur les Sciomyzidae :

Gare à  vos cornes

 

L'actualité de la Nature

La galle poilue du hêtre

A Asnières-sur-Oise, une amie m’a fait découvrir ce superbe hêtre remarquable.

Fagus sylvatica © CACP – Gilles Carcassès

C’est bizarre, par ici les hêtres ont de galles poilues sur les feuilles ! Je n’avais encore jamais vu ça.

Galle poilue sur une feuille de hêtre © CACP – Gilles Carcassès

C’est l’oeuvre d’un diptère Cecidomyiidae du nom de Hartigiola annulipes. Les adultes, sortes de moucherons, émergent en mai et pondent à  la face inférieure des feuilles près de la nervure principale. C’est la petite larve qui va induire par ses morsures la croissance progressive de la galle. Rapidement, elle s’installe à  l’intérieur de la cavité et en consomme les parois. L’automne venu, la galle se détache de la feuille et tombe au sol. La larve hiverne à  l’intérieur de la galle dans la litière et la nymphose se produit au printemps.

Galle d’Hartigiola annulipes © CACP – Gilles Carcasses

Sur cette feuille, on voit une galle et les cicatrices laissée par deux autres galles qui sont déjà  tombées à  terre.

J’ai récolté quelques feuilles présentant des galles pour tenter un élevage. Rendez-vous au printemps prochain pour le portrait du moucheron (ou peut-être d’un parasitoà¯de ?)…

Retrouvez notre article :

Les galles de cécidomyies