On vous parlait il y a quelques semaines de ces animaux étonnants que sont les cloportes. Les cloportes, ou isopodes, sont capables de volvation. C’est-à-dire qu’ils sont capables, en cas de menace, de s’enrouler sur eux-mêmes pour protéger leur partie ventrale non carapacée. Or, lorsqu’ils font cela, leur tête reste visible, la « boule » n’est pas complétement fermée. Cela est bien illustré dans la clé des isopodes de Lucien Claivaz (page 3).
Ici en revanche, la bête est entièrement enroulée sur elle-même et sa tête est bien cachée à l’intérieur de la carapace. On a donc affaire à une autre espèce : Glomeris marginata. Celui-ci est un « mille-pattes ». Il a en effet beaucoup plus de pattes que les 7 paires de nos isopodes, et surtout, elles viennent toutes par deux : deux paires de pieds à chaque segment de son corps.
Concernant l’habitat et le régime alimentaire, il est assez semblable aux cloportes.
Qui a dit « Les champignons, c’est uniquement en automne » ? Un groupe de membres de l’association Chemins et Rencontres d’Eragny-sur-Oise est venu prouver le contraire au parc du château de Grouchy mercredi 6 mars 2019, sous la houlette de Marie-Louise Arnaudy, mycophile expérimentée.
Les nombreux troncs morts et tas de bois au bord des chemins ont permis de faire de belles observations de champignons spécialistes de ces milieux :
Ce champignon réputé comestible ressemble beaucoup à un faux frère très toxique : méfiance ! En cliquant sur la photo, on peut vérifier l’aspect finement velouté du pied.
Le chapeau de la tramète versicolore présente des variations de gris et de noir, parfois avec du bleu. Chez les tramètes, le dessous du chapeau est percé d’une multitude de pores de petite taille.
Les rhizomorphes, filaments indurés de mycélium, sont partis à l’assaut d’un vieux tronc mort de peuplier, juste sous l’écorce. Il paraît que quand il est jeune ce mycélium est bioluminescent !
Fragile et gracieux, le coprin micacé pousse en touffes serrées sur le bois mort et les vieilles souches. Il doit son nom aux peluches d’aspect micacé qui ornent son chapeau. En vieillissant ce champignon noircit beaucoup.
L’examen de troncs tombés a permis de rencontrer quelques habitants du bois pourri cachés sous les écorces : la rhagie inquisitrice, un carabe, le petit silphe noir, une larve de tipule, des cloportes, des diplopodes, des collemboles sauteurs, des iules nonchalantes et d’autres mille-pattes.
Les Polydesmidae sont des diplopodes : ils ont deux paires de pattes par segment.
La rhagie inquisitrice est un longicorne inféodé au bois mort des conifères. On trouve facilement l’adulte sous les écorces d’épicéa en hiver.
Ce petit mille-pattes était roulé en disque dans une cavité de mon compost. Il possède deux paires de pattes par segment et fait donc partie de la classe des diplopodes. Comme il a plus de 32 anneaux (j’en compte au moins 40), je le verrais bien chez les iules. Ces points rouges sur le côté sont la caractéristique d’une espèce très commune dans les sols légers, humides et riches en matière organique : la blaniule mouchetée.
Dépourvues d’yeux, les blaniules passent leur vie dans le sol et peuvent vivre jusqu’à trois ans. Elles consomment des matières organiques en décomposition. Au printemps, elles peuvent aussi s’attaquer aux racines des plantules. C’est pourquoi elles sont considérées comme des ravageurs potentiels par les producteurs de betteraves. Gare aussi aux fraises qui touchent le sol, les blaniules en sont gourmandes !
Sur la photo, cette blaniule est en compagnie d’un charmant collembole tout blanc aux allures de bibendum, de la famille des Onychiuridae. Il est lui aussi un artisan efficace de la fertilité des sols.
Merci aux fidèles lectrices et lecteurs qui ont tenté leur chance. Ces mystérieuses bestioles ne sont pas des mues de coccinelles, ni des graines, ni des cloportes poilus, ni des poux de loups (quelle imagination !)…
Le polyxène à pinceau est un mille-pattes ! Il possède même deux paires de pattes par segment, ce qui le place dans la classe des diplopodes.
Evidemment, il faut y regarder de près car la bête adulte ne dépasse pas 4 mm. Cette petite famille était dans son habitat préféré : sous une écorce de platane. Les polyxènes mangent des détritus organiques, sans doute aussi des algues et des champignons microscopiques.
Mais que font-ils avec leur pinceau en l’air ? Cherchent-ils à m’impressionner ? En fait, ces pinceaux sont des armes redoutables ! Lorsque les polyxènes se sentent menacés par une fourmi ou une araignée, ils frottent la face de leur agresseur avec leur pinceau, dont les longs poils détachables sont armés de barbes et de crochets minuscules. Le prédateur incommodé cherche à se défaire de ces poils qui s’accrochent à ses soies et ne fait que s’emmêler plus encore, laissant à ses proies leur chance dans la fuite.
Quatre étudiants en DUT « génie de l’environnement » à l’IUT de Cergy-Pontoise ont choisi de s’intéresser à la biodiversité de l’île astronomique de l’Axe majeur de Cergy. Mais pour cela il faut déjà s’y rendre…
Sur l’île, toutes les observations sont notées, repérées sur un plan et photographiées.
L’île astronomique était à sa naissance un tas de cailloux sans végétation. Elle est maintenant couverte d’une friche de plantes pionnières : cardères, onagres, aristoloches, cynoglosses, épilobes, carex, milleperthuis, cirses, picrides, tanaisies… Cette friche est en train de s’embroussailler de ligneux épineux, notamment des ronces, des églantiers, des robiniers, des aubépines. On y trouve aussi des sureaux, des cornouillers sanguins, des saules, des aulnes, des frênes, des érables. C’est son évolution naturelle vers la forêt. L’étape suivant est déjà enclenchée : nous avons repéré le premier chêne, né d’un gland abandonné là par une corneille ou un geai sans doute.
Or, cette friche ouverte est particulièrement propice à l’expression d’une biodiversité rare, notamment en qui concerne les oiseaux, et sans doute aussi les criquets et les papillons. Sans gestion, cet espace perdra sa richesse singulière. Un pâturage serait sans doute une très bonne option pour freiner la fermeture de l’espace et avec elle la banalisation de la flore et de la faune.