L'actualité de la Nature

Les dragons de la source

Au creux d’une source secrète dans la forêt de Boisemont, on peut apercevoir dans l’eau limpide de drôles d’habitants.

Les habitants de la source  © Gilles Carcassès
Les dragons de la source © Gilles Carcassès

Même avec du sable sur la tête, triton palmé, on t’a reconnu. La petite larve noire est celle d’une salamandre, identifiable à  la tache claire en haut de la cuisse. On la distingue mieux sur la photo suivante :

Larve de salamandre à  la ferme d'Ecancourt (Jouy-le-Moutier)  © Gilles Carcassès
Larve de salamandre à  la ferme d’Ecancourt (Jouy-le-Moutier) © Gilles Carcassès

Tritons et salamandres ont une vie terrestre et une vie aquatique : les adultes se rejoignent à  la mare pour se reproduire, et les larves y resteront jusqu’à  leur métamorphose.

Tritons palmés dans un bassin du parc du château de Menucourt en mai 2014 © Gilles Carcassès
Les amours des tritons palmés dans un bassin du parc du château de Menucourt en mai 2014 © Gilles Carcassès

Participez à  l’inventaire des mares d’Ile-de-France

http://www.eau-et-rivieres.asso.fr/media/user/File/Nature/Les_tritons.pdf

http://www.batraciens.be/index.php?id=192

http://www.jardinsdenoe.org/la-biodiversite-des-jardins/le-triton

Salamandre tachetée

L'actualité de la Nature

Petit têtard deviendra grand

Voici les premiers stades d’évolution de la ponte de grenouilles rousses du 27 février 2015. Avant de devenir de jeunes grenouilles terrestres à  respiration pulmonaire, les larves aquatiques vont connaître une succession de transformations.

grenouille rousse ponte
27 février 2015. Accolées les unes aux autres, ces petites boules de gelées transparentes contenant les embryons de grenouilles rousses forment le frai. © Marion Poiret

La gangue gélatineuse nourricière sert tout autant à  protéger des chocs ou de la dessication qu’à  générer un microclimat favorable au développement de l’embryon, par effet de loupe, sous les rayons de soleil printannier. Cette enveloppe est d’ailleurs particulièrement volumineuse chez les espèces à  ponte précoce, comme la grenouille rousse.

© Gilles Carcassès
13 mars 2015. Après de nombreuses divisions cellulaires, l’embryon s’allonge et des ébauches d’organes apparaissent. © Gilles Carcassès
© Marion Poiret
Quelques jours plus tard seulement, la nageoire ainsi que les branchies externes qui forment une collerette de part et d’autre de la tête sont nettement visibles. Ces dernières permettent aux jeunes têtards de respirer sous l’eau. © Marion Poiret
Marion Poiret
20 mars 2015. Trois semaines après la ponte, les têtards sont enfin sortis de leurs capsules. Libérés depuis peu, ils sont encore sur cette photo agglutinés les uns aux autres. ©Marion Poiret

Les branchies se sont ramifiées et ornent encore bien visiblement leur tête. D’ici quelques jours, elles ne seront plus visibles : le têtard respirera alors à  l’aide de branchies internes, recouvertes d’une opercule. Juste après l’éclosion, les jeunes têtards consomment les protéines de réserve de la membrane qui contenait l’embryon. Puis un à  deux jours plus tard, ils se nourrissent d’algues et de plantes aquatiques.

grenouille rousse- bouche tétards MP
Sur ces jeunes têtards, bouche et yeux sont perceptibles. © Marion Poiret

Au cours de la dernière étape de la métamorphose, les membres antérieurs et postérieurs se forment, la queue régresse et les poumons se développent progressivement. La peau, le système circulatoire, les organes sensoriels connaissent aussi des changements. Les branchies, restées fonctionnelles, s’atrophient. Le têtard doit alors aller respirer à  la surface de l’eau. Il est prêt pour passer à  un mode de vie complétement différent. La jeune grenouille change aussi de régime alimentaire et se nourrit de petits insectes et vers.

vidéo de la ponte au têtard (Université Pierre et Marie Curie)

Nos premières anoures

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Belle boule des bois

Roulé en boule, comme le hérisson © Gilles Carcassès
En boule, comme le hérisson ? Boisemont © Gilles Carcassès

Trouvée sous des feuilles mortes dans les bois de Boisemont, cette petite boule brillante m’intrigue. Rien ne dépasse ! Je devine un animal qui aurait rangé ses pattes et fourré sa tête sous son abdomen. Mais quel est-il ?

Après quelques recherches, j’arrive à  la conclusion qu’il s’agit d’un Glomeris marginata, un diplopode (qui possède deux paires de pattes par article), à  ne pas confondre avec un cloporte qui est un crustacé terrestre et compte (seulement) 7 paires de pattes. Ce Glomeris est commun dans une bonne partie de l’Europe de l’Ouest, des Pyrénées à  l’Irlande et jusqu’au sud de la Suède. Il habite les litières forestières et consomme des matières organiques décomposées.

Un des cloportes les plus fréquents en forêt : Porcellio scaber © Gilles Carcassès
Un des cloportes les plus fréquents en forêt : Porcellio scaber – Boisemont © Gilles Carcassès

Certaines espèces de cloportes savent se rouler en boule. Ce n’est pas le cas de celle-ci. Son aspect marbré m’incite à  penser que c’est une femelle. En cliquant sur la photo, on peut voir que ses yeux sont composés de plusieurs ommatidies.

http://www.insecte.org/forum/viewtopic.php?t=116665

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Là , j’ai comme un trou

Très bizarre, cette vielle branche de bouleau trouvée dans un tas de bois abandonné en forêt ! Qui donc a fait ces trous ronds bien alignés ? Un maniaque de la perceuse ? Un champion de tir à  la carabine ?

trous alignés sur un bouleau © Gilles Carcassès
Trous alignés sur une branche de bouleau – Boisemont © Gilles Carcassès

Le bois était tellement décomposé que la branche s’est vidée du terreau qu’elle contenait lorsque j’ai voulu la redresser. Vu de l’intérieur, il apparaît que les trous sont reliés par une galerie.

L'alignement des trous vu par l'intérieur © Gilles Carcassès
L’alignement des trous vu par l’intérieur © Gilles Carcassès

J’ai trouvé la clé du mystère dans une vieil ouvrage sur les coléoptères. De tels alignements sont la signature d’une espèce de scolyte inféodée aux bouleaux : Scolytus ratzeburgii, nommé aussi grand scolyte du bouleau.

Ces trous sont les orifices d’accouplement par où le mâle s’introduit et féconde la femelle à  mesure de sa progression dans sa galerie de ponte. Les œufs fécondés donnent naissance à  des larves qui creusent sous l’écorce des galeries perpendiculaires à  la galerie maternelle, puis divergentes.

Galeries de scolytes sur un tronc écorcé au parc de Grouchy - Osny © Gilles Carcassès
Galeries de scolytes sur un tronc écorcé au parc de Grouchy – Osny © Gilles Carcassès

On voit, de part et d’autre de la galerie maternelle large et droite, les encoches de ponte prolongées par les galeries larvaires sinueuses dont la largeur augmente avec la croissance de la larve.

Les scolytes sont des insectes utiles dans le processus de décomposition du bois. En cas de pullulations, ils peuvent cependant causer de grands dégâts.

http://www.jardiner-autrement.fr/fiches-techniques/bioagresseurs-generalistes/845-les-insectes-du-bois

http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i127fraval.pdf

Clé de détermination :
http://www.faunedefrance.org/bibliotheque/docs/A.BALACHOWSKY(FdeFr50)Col.Scolytides.pdf

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Pince monseigneur

En soulevant l’écorce d’un tronc pourri dans le parc du château de Menucourt, j’ai trouvé cet animal étrange de presque trois centimètres de long. On dirait un mille-pattes, mais qui n’aurait que six pattes ! A ce détail, on comprend qu’il s’agit bien d’un insecte et non d’un myriapode. C’est même la larve du plus chic de nos coléoptères forestiers : le cardinal.

© Gilles Carcassès
La larve du cardinal chasse dans le bois pourri – Menucourt © Gilles Carcassès

Son profil aplati lui permet de se faufiler dans les moindres anfractuosités et galeries.

Larve de Pyrochroa © Gilles Carcassès
Larve de cardinal, Pyrochroa sp, vue sous une écorce dans les bois de Boisemont © Gilles Carcassès

Dommage d’être aussi brillante et de ne jamais voir le soleil !

© Gilles Carcassès
Détail de la tête de la larve de Pyrochroa © Gilles Carcassès

La larve du cardinal est une carnassière. Elle dévore d’autres larves d’insectes et petits animaux qui vivent sous les écorces des branches pourries, qu’elle pince à  l’aide de ses mandibules acérées. Ses antennes lui servent sans doute à  repérer ses proies.

Pyrochroa adulte - Menucourt © Gilles Carcassès
Pyrochroa adulte – Menucourt © Gilles Carcassès

On peut trouver en Ile-de-France deux espèces de Pyrochroa. Sur la photo ci-dessus, on reconnait Pyrochroa serraticornis à  sa tête rouge, Pyrochroa coccinea ayant la tête noire. Et comme ses antennes ne sont pas pectinées, on sait que c’est une femelle.

L’adulte du cardinal à  tête rouge fréquente les plantes basses des clairières et se nourrit de sève ou de nectar.

Splendeurs forestières

http://www.insectes-net.fr/cardinal/pyro2.htm

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Nos premières anoures

Vendredi 27 février 2015, un beau soleil printanier nous invite à  sortir. Direction : le massif forestier de l’Hautil.

Les premières feuilles des iris des marais pointent d’une mare forestière peu profonde. Entre les touffes de végétation exposées à  la lumière, apparaissent d’étranges nuées grises. Puis, en nous approchant, nous distinguons de nombreuses têtes émergeant de ces agglomérats gélatineux constitués de milliers d’œufs.

© Gilles Carcassès
Les grenouilles s’adonnent sous nos yeux à  leurs amours orgiaques. © Gilles Carcassès

La température ambiante a donné le signal du réveil. A peine sortie de l’hibernation, les amphibiens, anoures (grenouilles, crapauds et rainettes) ou urodèles (tritons et salamandres), se dirigent vers les points d’eau pour s’y reproduire, leurs progénitures étant tributaires de l’eau pour leur développement. Ces deux phases de vie qui les caractérisent (aquatique pour les jeunes et terrestre pour les adultes), amènent les amphibiens à  faire annuellement de plus ou moins longs déplacements selon les espèces entre leurs gîtes hivernaux, le lieu de reproduction et leurs gîtes estivaux.

Certaines espèces sont plus précoces que d’autres pour sortir de l’hibernation. Les grenouilles rousses, qui habitent en forêt, sont ainsi parmi les premières à  rejoindre leur lieu de reproduction.

Pour l’accouplement, le mâle grimpe sur la femelle et l’empoigne sous les aisselles avec ses pattes antérieures. Il restera ainsi fermement agrippé plusieurs heures, provoquant l’évacuation des œufs. Cette puissante étreinte des anoures et des urodèles s’appelle l’amplexus. Une fois les œufs sortis, le mâle les asperge de son sperme pour les féconder.

© Marion Poiret
Amplexus de grenouilles rousses (Rana temporaria) – Boisemont. © Marion Poiret

La grenouille agile et la grenouille rousse sont les deux seules espèces de grenouilles brunes présentes en Ile-de-France. Faire la différence entre les deux n’est pas toujours aisé car il existe une forte variabilité individuelle concernant les critères morphologiques (forme du museau, détails de l’œil, couleur du ventre, longueur de la patte postérieure…). Aussi, faut-il croiser ces critères et s’appuyer éventuellement sur d’autres éléments comme le chant, le calendrier de migration ou l’aspect des pontes et la forme des têtards pour fonder sa détermination.

Chez les crapauds, les oeufs sont regroupés en cordons alors que chez les grenouilles du genre Rana les amas d’œufs s’agglomèrent en paquets.

© Marion Poiret
Pontes de grenouilles rousses. © Marion Poiret

L’ensemble des mares et zones humides forestières du massif de l’Hautil constituent un réseau utilisé par  les quatre espèces d’amphibiens répertoriés par le Conseil Général du Val d’Oise, mais aussi par des insectes et des vertébrés qui viennent y boire et s’y nourrir.

© Marion Poiret
Une des mares forestières du massif de l’Hautil. © Marion Poiret

Les conditions écologiques peuvent varier d’une année sur l’autre sur ces zones humides forestières. Il est indispensable que les mares soient préservées et reliées entre elles pour la survie des espèces.

La disparition des milieux humides, la pollution de l’eau et la circulation routière qui engendre chaque année des pertes considérables lors des migrations, constituent les plus fortes menaces pour les populations d’amphibiens.

Participez à  l’inventaire des routes traversées par les amphibiens (Natureparif)

Nos sources :

Clefs de détermination

Enquête sur les critères d’identification des grenouilles rousses et agiles

 

 

 

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

La forêt de l’Hautil contaminée

Les galles du cynips déforment les feuilles du châtaignier © Gilles Carcassès
Châtaignier attaqué par le cynips à  Boisemont © Gilles Carcassès

Les larves de Dryocosmus kuriphilus, le cynips du châtaignier, se développent à  l’intérieur de galles qui déforment les feuilles. Les adultes de ce petit hyménoptère émergent en été ; les femelles pondent dans les bourgeons et les galles se développent seulement au printemps suivant.

Les trous de sortie des adultes sont visibles sur les galles de l'année dernière © Gilles Carcassès
Les trous de sortie des adultes sont visibles sur les galles de l’année dernière © Gilles Carcassès

Le cynips du châtaignier constitue la principale préoccupation sanitaire pour cette espèce : la production de fruits peut chuter de 80% en cas d’attaque grave. On comprend que les castanéiculteurs soient sur les dents dans les régions de production. Mais c’est aussi toute la biodiversité de la forêt qui peut être bouleversée, les châtaignes étant  consommées par de nombreuses espèces.

Ravageur émergent originaire de Chine, il est arrivé en France  en 2006.

Le voyage du cynips
Le voyage du cynips (source : Groupement Régional des Producteurs et Transformateurs de Châtaignes et Marrons de Corse)

 

source : Ministère de l'Agriculture
source : Ministère de l’Agriculture

Heureusement, il existe une solution : un autre micro-hyménoptère chinois Torymus sinensis parasite les larves de Dryocosmus kuriphilus.

On ne peut élever en laboratoire ce Torymus : il faut récolter dans la nature, dans les zones où il s’est établi, les galles qu’il a parasitées. Les adultes lâchés au bon moment dans les châtaigneraies vont se reproduire aux dépens des cynips et constituer en quelques années une population suffisante pour réguler le ravageur. Cette technique de « lutte biologique par acclimatation » a fait ses preuves au Japon. En France, on l’utilise depuis 2010, prioritairement dans les régions où la culture des châtaignes est un enjeu économique. Cette année 470 lâchers sont programmés en Corse où les acteurs locaux se sont fortement mobilisés.

La dissémination naturelle de ce parasite sera peut-être plus rapide que prévu : il aurait été repéré en Suisse, issu de lâchers effectués en Italie.

La situation du cynpis du châtaignier en Ile-de-France

http://www.inra.fr/Grand-public/Sante-des-plantes/Toutes-les-actualites/Cynips-du-chataignier

L'actualité de la Nature

La passion des champignons

Une sortie champignons était organisée ce matin par la ville de Vauréal en forêt de Boisemont. Daniel, guide de la Société Mycologique de France, et Zibou, de la Maison de la Nature de Vauréal, encadraient le groupe d’une dizaine de personnes venues découvrir le monde fascinant des champignons. Des échantillons ont été mis de côté pour l’exposition de l’après-midi à  la Maison de la Nature.

Helvella crispa, proche des morilles, est toxique crue
Helvella crispa, proche des morilles, est toxique crue

Inutile de s’éloigner des chemins pour trouver les helvelles, elles poussent en lisière.

Lycoperdon perlatum, ou vesse-de-loup perlée
Lycoperdon perlatum, ou vesse-de-loup perlée
lappartion d'une petite grenouille rousse a fait le bonheur des enfants
l’apparition d’une petite grenouille rousse a fait le bonheur des enfants

En fin de parcours, les novices ont été ravis d’apprendre à  reconnaitre les trompettes de la mort ou Craterellus cornucopioides. Ce soir, dégustation dans les foyers !

La liste de la récolte sera saisie sur Serena. Ces données naturalistes pourront alimenter un jour les inventaires de biodiversité des communes ou d’éventuelles études d’enquêtes publiques.

L'actualité de la Nature

Une belle américaine au château de Boisemont

Cette grande punaise est en France seulement depuis quelques années. On la remarque à  l’automne lorsqu’elle rentre dans les maisons dans l’idée de passer l’hiver au chaud. Elle n’est pas dangereuse, mais cause quelques dégâts aux pins car ses larves piquent les cônes, ce qui compromet la production des graines.

Pour en savoir plus : http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i155didier1.pdf

Leproglossus occidentalis se distingue des autres punaises par ses fémurs épineux et ses tibias élargis
Leptoglossus occidentalis © CACP – Gilles Carcassès

La punaise américaine du pin est reconnaissable à  ses fémurs postérieurs épineux et ses tibias élargis.