L'actualité de la Nature

L’hellébore fétide, de la magie dans l’air

Hellébore fétide, Helleborus foetidus – Poissy © CACP – Gilles Carcassès

L’hellébore fétide est une plante fascinante à  tous points de vue.

Sous le regard botanique

Cette plante est une vivace qui fleurit en hiver, dès le mois de janvier. C’est une caractéristique suffisamment rare pour la classer au rang des plantes étonnantes, mais elle ne s’arrête pas là . Pour survivre aux affres du froid elle a développé d’intéressantes techniques. Sa fleur est en forme de cloche et orientée vers le bas. De cette manière les organes reproducteurs de la plante sont protégés en cas d’importantes chutes de neige.

Fleur en cloche de l’hellébore fétide – Poissy © CACP – Gilles Carcassès

La fleur des hellébores ne se plie pas au schéma classique : une rangée de pétales (organes souvent colorés et imposants) soutenu par une rangée de sépales (organes le plus souvent verts). Dans son cas, ce sont les sépales qui constituent la part importante de la fleur et les pétales sont réduits à  de tous petits réservoirs à  nectar (les nectaires) cachés au fond de la cloche. Plus étonnant encore, ces nectaires renferment des levures qui, en consommant les sucres du nectar, produisent de la chaleur ! Les quelques insectes encore présents à  cette période sont alors attirés et stimulés par cette source de chaleur comme si c’était le printemps ! Autre information intéressante à  son sujet, tout comme la chélidoine ou les cyclamen coum et de Naples, elle est myrmécochore. C’est un bel exemple d’ingéniosité pour la coopération entre plante et insectes.

Sous le regard historique

Cette plante à  la biologie si fascinante n’a pas manqué de faire parler d’elle au cours de l’histoire. Malgré sa puissante toxicité (Helleborus signifie toute de même « faire mourir la pâture ») elle était fréquemment utilisée comme remède contre la démence, ou pour se prémunir des maladies et des animaux nuisibles dans les abris des animaux domestiques. Cette chronique poétique de Sauvage du Poitou en relate quelques utilisations.

Où la rencontrer ?

Les individus présentés plus haut poussent dans le jardin de Gilles. Mais c’est une plante connue pour être largement présente dans le bassin de l’Oise et le Vexin. Elle affectionne les sols riches et relativement ombragés des lisières et des sous-bois. En voici un pied vu à  Genainville l’été dernier. En l’absence de fleur on la reconnait tout de même à  ses feuilles en éventail.

Hellébore fétide à  l’état végétatif – Genainville © CACP – Emilie Périé

Attention cependant à  ne pas confondre avec Helleborus viridis l’autre hellébore sauvage (plus rare) dans la région ou des plantes horticoles comme Helleborus orientalis.

Helleborus orientalis – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Sources :

La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot

Hellébore fétide, par Sauvages du Poitou

Cela chauffe chez les Hellébores!

Retrouvez d’autres histoires d’hellébores dans cet article :

Les hellébores

L'actualité de la Nature

Cergy-Pontoise, halte migratoire

Mouettes rieuses – Parc François Mitterrand, Cergy © CACP – Léo Micouin

Comme tous les ans à  cette période, une bande de mouettes rieuses vient profiter de quelques rayons de soleil et d’un repas de poissons dans les bassins du Parc François Mitterrand à  Cergy.

Forts des expériences de Gilles, nous surveillons les pattes de tout le joyeux groupe. Et ça ne loupe pas, l’une d’entre elles porte une bague ! Et même deux, une à  chaque pied.

Mouette rieuse polonaise – Parc François Mitterrand, Cergy © CACP – Emilie Périé

Malheureusement, un passant venu donner du pain aux oiseaux (bien que ce soit fortement déconseillé!) a fait décoller notre voyageuse et sa bague métallique reste illisible. Grâce à  la plateforme « European color-ring birding » nous identifions cependant la bague colorée. Après avoir croisé des mouettes tchèques, lituaniennes, belges il s’agit cette fois d’une nouvelle polonaise !

Nous avons écrit au Muséum polonais qui nous a répondu immédiatement. Notre jolie mouette a été baguée l’été dernier sur une plage polonaise, elle avait alors plus de deux ans. Elle a depuis le mois d’aoà»t dernier parcouru au moins 1110 km !

Plage de ÅšwinoujÅ›cie, où notre mouette a été baguée (Google Maps)

Cergy-Pontoise a l’air connu chez les mouettes comme un arrêt immanquable sur le trajet migratoire.

Depuis 2015 nous avons repéré 6 mouettes baguées à  Cergy-Pontoise. L’étoile correspond à  l’origine de notre mouette de l’année.
Curieux ? © CACP – Léo Micouin

Pour en savoir plus sur les migrations des mouettes et des oiseaux en général, nous vous conseillons :

L’article de VigieNature sur la migration des mouettes

L’émission la Terre au Carré sur FranceInter du 01 janvier 2020, avec Maxime Zucca (ornithologue à  l’Agence Régionale de Biodiversité)

Retrouvez nos histoires de mouettes migratrices dans ces articles :

Bonjour jolie mouette

Histoire belge

Une polonaise en vacances à  la mer

L'actualité de la Nature

Agrions élégants aux couleurs de l’arc-en-ciel

Mais qui est cette demoiselle ?

L’agrion élégant est une demoiselle (de l’ordre des odonates) assez commune dans la région. On l’observe en été essentiellement autour des points d’eau. En effet, les larves sont aquatiques et les adultes, qui volent d’avril à  septembre à  la recherche de moucherons pour se nourrir et de partenaires pour se reproduire, restent à  proximité des plans d’eau pour y pondre.

L’agrion élégant n’étant pas le seul agrion à  parcourir nos zones humides voici quelques critères pour le reconnaître :

Critères d’identification de l’agrion élégant © CACP – Gilles Carcassès

Belles demoiselles

L’agrion élégant, ou Ischnura elegans, porte bien tous ses noms. Le terme agrion vient du latin [agrios] qui signifie farouche ou sauvage, et Ischnura veut dire « fin, allongé ». On visualise bien l’abdomen fin de ces demoiselles voletant furtivement aux abords des points d’eau. Quant à  « élégant », l’adjectif lui a sans doute été attribué en raison de la multitude de couleurs que peut revêtir cette libellule. Voyons le panel qu’elle nous propose.

Les mâles

On reconnaît le mâle car le ptérostigma est bicolore. La tache caudale et les yeux sont bleus et le thorax est bleu chez les adultes et vert chez les immatures.

Agrion élégant, mâle immature – le thorax est vert © CACP – Emilie Périé
Agrion élégant, mâle adulte – le thorax est bleu © CACP – Gilles Carcassès

La femelle

C’est la femelle qui, malgré des ptérostigmas uniformes, présente la plus grande variété de couleurs. Les immatures peuvent avoir le thorax orange, rose ou lilas avec une tache caudale bleue. Les adultes ont des thorax bleus ou vert-brun avec une tache caudale bleue ou brune. De quoi varier les nuances des mares et étangs sur lesquelles elles viennent pondre !

Agrion élégant, femelle immature orange © CACP – Jeanne-Flore Blomme-Leveneur
Agrion élégant, femelle immature rose © CACP – Gilles Carcassès
Agrion élégant, femelle immature lilas © CACP – Marion Poiret
Agrion élégant, femelle adulte vert-brun © CACP – Emilie Périé
Agrion élégant, femelle adulte bleue © CACP – Gilles Carcassès

De quelle couleur seront les petits de ces deux-là  ?

Accouplement en cœur d’agrions élégants – le mâle en bleu et la femelle en vert © CACP – Gilles Carcassès

Source :

L’agrion élégant, par DORIS

Retrouvez d’autres demoiselles de Cergy-Pontoise :

Les jolies demoiselles de l’île de loisirs

Les demoiselles aux ailes fumées

Les demoiselles sont à  la fête

L'actualité de la Nature

Vertagopus arboreus, un collembole violet

Des invités dans l’eau de pluie © CACP – Gilles Carcassès

Dans mon jardin de Poissy, j’ai disposé une bassine qui me permet de récolter de l’eau de pluie pour l’arrosage des orchidées que je cultive à  la maison. Visiblement, je n’ai pas transvasé que de l’eau dans ma bouteille : des petites bêtes sombres nagent et sautent à  la surface. C’est l’occasion d’étrenner mon tout nouveau jouet, un microscope de poche adaptable sur l’objectif du smartphone.

Collemboles en famille © CACP – Gilles Carcassès

Ce sont des collemboles. De gros adultes (de l’ordre d’un millimètre) voisinent avec de plus jeunes, d’une jolie teinte violette, que je n’avais pas vus à  l’œil nu.

Vertagopus arboreus © CACP – Gilles Carcassès

Les pattes claires, le corps bleu violacé d’aspect irisé et la forme des antennes m’orientent vers l’espèce Vertagopus arboreus de la famille des Isotomidae. On voit sur la tête du bébé, tout en bas, les ocelles sombres, organes rudimentaires de vision. Ces collemboles très communs vivent sur les troncs des arbres ou sur le bois mort. On peut les trouver en regardant sous les écorces. Ils consomment des déchets organiques. C’est le vent qui les aura apportés dans ma bassine sans doute.

Sources :

collembola.org

collemboles.fr

Retrouvez d’autres collemboles dans cet article :

Dans mon compost : les collemboles

Un autre beauté violette :

Le carabe purpurin

L'actualité de la Nature

Un rosier chevelu ?

Bravo à  Jean-Louis, Patrick, Marie-Louise, Judith et Florent qui  ont reconnu les premiers la galle du rosier appelée bédégar. Cette galle est causée par Diplolepis rosae, un petit hyménoptère de la famille des Cynipidae.

Galle du rosier, Diplolepis rosae – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

Au printemps la femelle de Diplolepis rosae pont ses œufs dans les cellules végétales des futures feuilles des rosiers (sauvages ou domestiques). La plante réagit à  cette intrusion par le développement d’une coiffe visant à  contenir l’invasion. Les larves sont séquestrées dans des petites loges dans lesquelles elles se développeront et d’où elles émergeront sans avoir impacté le reste de la plante.

Que se passe-t-il sous les cheveux ?

Galle du rosier, bédégar © CACP – Gilles Carcassès

Si cette touffe chevelue est l’œuvre d’un seul insecte (Diplolepis rosae), elle bénéficie à  beaucoup d’autres espèces.

Les oiseaux, et notamment les mésanges, se délectent des petites larves du cynipidae se développant dans la galle.

Bédégar dévoré par les mésanges © CACP – Gilles Carcassès

Et on les comprend, les larves ont l’air appétissantes. Il paraît même que certains leur trouvent un goà»t de noisette… Je leur laisse le bénéfice du doute !

Larve de Diplolepis rosae dans sa loge © CACP – Gilles Carcassès

Si tôt les loges vidées par les mésanges ou par l’éclosion des larves, d’autres insectes viennent s’installer dans les abris libérés.

L’an dernier, Gilles avait mis en élevage une galle trouvée sur l’île de loisirs de Cergy. Voici ce qui en est sorti :

Hyménoptère sorti d’une galle de Diplolepis rosae © CACP – Emilie Périé

Et ce n’est pas l’adulte de Diplolepis rosae (voir des images dans la galerie de Insecte.org). Des hyménoptères parasitoà¯des profitent donc de ces galles pour se développer.

Les « cheveux » peuvent aussi abriter de nombreuses petites bêtes. Comme ce Peritelus sphaeroides, petit charançon forestier qui s’était caché dans une galle de rosier sauvage.

Peritelus sphaeroides caché dans une galle de bédégar © CACP – Gilles Carcassès

Quant au rosier lui-même, outre l’aspect esthétique et un peu de dépense énergétique pour la croissance de la galle, les pompons roses ne causent pas de dégâts.

Galles de bédégar dans un rosier des chiens (Rosa canina) © CACP – Gilles Carcassès

Sources :

Diplolepis rosae, par l’INPN

Bédégar, tête en pétard! par la Salamandre

Retrouvez d’autres galles dans nos articles :

Galles de cécidomyies

Galles en choux-fleurs

Galles du chêne

Galle de l’érable

Agenda

Une nouvelle année commence !

Bonne année à  tous !

Qui dit nouvelle année, dit nouvelles résolutions. Comme nous vous l’avions dit cet automne, le changement l’équipe entraîne un changement d’organisation. A partir de maintenant, les articles paraîtront les lundi, mercredi et vendredi. Nous conservons bien entendu la photo mystère tous les premiers vendredi du mois, alors à  demain pour la première de l’année.

Comme ce pipit farlouse, il est temps de se remettre dans le bain !

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Agenda

Bonne année 2020 !

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Il me semble que ce joli rouge-gorge veut nous dire quelque chose…

Sans doute que comme nous, il veut vous souhaiter une très belle année 2020. Une santé de fer, beaucoup de joie, la réussite de vos projets personnels, mais surtout : de nombreuses découvertes et observations naturalistes ! Nous vous retrouvons en 2020 pour vous faire partager les nôtres.

Bonne année à  tous !

Rouge-gorge familier – Menucourt © CACP – Emilie Périé
L'actualité des jardins

Troisième fleur pour Vauréal

L’équipe de Vauréal à  la cérémonie de remise prix du concours Villes et Villages Fleuris © Christophe Etchemendy

 

Et pour finir l’année en beauté Vauréal reçoit sa troisième fleur et rejoint Cergy, Eragny et Pontoise dans le groupe des villes labellisées « 3 fleurs » au concours Villes et Villages Fleuris.

3 fleurs, ça veut dire quoi au juste ?

Ce n’est pas qu’une question de jolis massifs et de fleurissement. C’est le cadre de vie que le label entend évaluer. La grille de critères comprend des items variés touchant à  la gestion de la ville. Pour obtenir 3 fleurs il faut donc mettre en œuvre un certain nombre de mesures en faveur de l’amélioration du cadre de vie. L’évaluation porte bien entendu sur des éléments de stratégie et de conduite de gestion des aménagements de la ville, mais également sur des mesures techniques.

Patrimoine végétal

Les villes sont évaluées sur leur capacité à  prendre en compte la qualité et la diversité de leur patrimoine végétal. Vauréal a notamment été félicitée pour l’important travail que les services ont réalisé sur l’inventaire des arbres de la ville et pour le maintien de leur diversité.

Les tilleuls de l’avenue Blanqui – Vauréal © Christophe Etchemendy

La Ville de Vauréal a également mis en place des espaces de prairies fleuries où la petite faune se développe joyeusement.

La prairie fleurie face au jardin école à  Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Enfin, concernant le fleurissement de la ville, outre le caractère esthétique apprécié par les jurys, sa durabilité et son respect de l’environnement ont été remarqués.

Fleurissement de la Place du Cœur battant à  Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Gestion environnementale

Pour favoriser un cadre de vie agréable et sain, la prise en compte des enjeux environnementaux est primordiale. C’est l’objet d’une rubrique complète de la grille d’évaluation. A titre d’exemple, parmi ses actions en faveur de la biodiversité la Ville de Vauréal a développé un Atlas Participatif de Biodiversité Communal. Il permet à  la fois d’améliorer la connaissance du patrimoine vivant de la ville mais aussi de sensibiliser les usagers à  son existence.

La Ville agit à  bien d’autres égards pour la protection de l’environnement : valorisation des déchets verts en composteurs collectifs, limitation de la consommation énergétique sur le terrain, protection de la ressource en eau, plantation d’espèces mellifères en faveur des pollinisateurs sauvages … et le tout, toujours dans la bonne humeur et la concertation avec les citoyens.

Félicitations Vauréal !

L'actualité de la Nature

Tachées ou perforées ?

Qu’est-il donc arrivé à  ces feuilles d’érables, qui se sont parées de taches noires ?

Figures sphériques sur des feuilles d’érable – Parc des Larris © CACP – Léo Micouin

La tache goudronneuse de l’érable

Le responsable de ces figures sphériques n’est pas un artiste contemporain, ni un tatoueur, mais un champignon inféodé aux érables. Les taches sont en réalité des stromas, organes indépendants permettant la production de spores qui assurent la dispersion du champignon.

Ce champignon possède deux formes : Melasmia acerina, une forme asexuée (immature) dite « anamorphe », et Rhytisma acerinum, une forme sexuée (mature) dite « téléomorphe » que le champignon atteindra après maturation au printemps. C’est uniquement sous sa forme sexuée que le champignon pourra libérer ses spores contaminants et venir se loger sur les jeunes feuilles en mars-avril.

Rhytisma acerinum – Neuville © CACP – Gilles Carcassès

Inoffensif pour l’arbre

Les taches peuvent causer une chute prématurée des feuilles mais elles ne représentent pas un danger pour l’érable, celui-ci vit très bien avec.

Rhytisma acerinum – Neuville © CACP – Gilles Carcassès

Pour lutter contre sa propagation, il est conseillé d’évacuer les feuilles mortes du pied de l’arbre. Ainsi, le champignon ne pourra pas contaminer la prochaine génération de feuilles.

Sources :

Rhytisma acerinum, par Ephytia

Rhytisma acerinum, par ChampYves

Retrouvez un autre article sur un champignon parasite :

La rouille de l’ortie