De gauche à droite et de haut en bas, je vous présente : Nanophyes marmoratus (petit charançon de la salicaire), Calophasia lunula (la Linariette), Urophora stylata (mouche des chardons), Tyria jacobeae (la Goutte de sang).
Qu’ont-ils en commun ?
Ces insectes ont fait l’objet de programmes de biocontrôle par acclimatation en Amérique du Nord pour réguler les populations de plantes invasives d’origine européenne, respectivement la salicaire, la linaire commune, le chardon des champs et le séneçon jacobée.
Au Canada, les pantes exotiques envahissantes proviennent à 80 % d’Europe, de Méditerranée et de l’ouest de la Russie. La deuxième origine géographique, pour 15 %, est la Chine et le Japon. On dénombre 486 plantes exotiques envahissantes au Canada, selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Retrouvez les aventures de ces quatre insectes dans nos articles :
Cette belle plante bulbeuse pousse en tapis généreux dans les fonds de vallons des chênaies-frênaies fraîches, souvent au bord des ruisseaux. C’est une espèce assez rare en Ile-de-France. En fait, elle est surtout très localisée, abondante en certains endroits et totalement absente partout ailleurs.
A la sortie de l’hiver, les gourmets la recherchent pour la cuisiner quand ses jeunes feuilles sont encore très tendres, avant qu’elle montre ses belles fleurs blanches. Son goà»t d’ail très fin fait merveille dans les sauces à la crème, les omelettes, pour assaisonner une salade, une pizza, ou confectionner un pesto. Il est préférable d’utiliser crues ses feuilles riches en vitamine C, car leur goà»t est plus subtil sans cuisson.
Où trouver cette plante ?
Je vous entend déjà : vous voulez que je vous donne mon coin à ail des ours ! D’abord, c’est dans une propriété privée, alors on n’a pas le droit d’en cueillir.
Mais Nature en ville à Cergy-Pontoise vous dit tout, grâce aux données en ligne du Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien !
Voici la liste des communes du Val d’Oise où cette plante a déjà été vue : Bessancourt, Béthemont-la-forêt, Chaussy, Ecouen, Luzarches, Le Mesnil-Aubry, Montlignon, Montmorency, Montsoult, Le Plessis-Luzarches, Saint-Leu-la-Forêt, Saint-Martin-du-Tertre, Saint-Prix et Taverny.
Même la carte au trésor est en ligne (cliquez sur le département qui vous intéresse) :
Carte de répartition de l’ail des ours dans le Bassin parisien (CBNBP)
Ma cueillette du jour a fini en omelette avec les œufs frais de mes poules. Le sublime réside parfois dans la simplicité.
Malgré ses 3 ou 4 mm, cette araignée, par son élégance et ses chauds coloris, a attiré mon regard. Elle m’a rappelé les araignées-crabes que je débusque souvent cachées sous les fleurs. En fait, c’en bien une, et même une Thomisidae. L’habitat de cette espèce serait plutôt les hautes herbes des prairies humides, où elle chasse à l’affà»t, paraît-il. Mais si celle-ci préfère le marronnier, elle a le droit.
Voyons de près cette beauté.
Ces dessins et ces détails ne sont-ils pas dignes d’un styliste inspiré ?
Je vous présente Xysticus ulmi, l’une des 23 espèces de Xysticus présentées dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel. Pas de miracle, c’est l’une des plus communes, visible partout en France. Ici c’est une femelle, le mâle est plus grêle et a les pattes antérieures plus foncées.
Retrouvez d’autres articles sur les araignées crabes :
Quelle est donc cette brillante floraison vue au parc du château de Menucourt ? C’est celle du tussilage qui a la particularité d’émettre des tiges florales et de produire des fruits avant de développer ses feuilles.
Comme beaucoup d’Asteraceae, les capitules sont composés de deux types de fleurs : celles du centre, en tube, sont dotées de pistil et étamines, celles du pourtour sont de fines ligules qui n’ont d’autre fonction que l’améliorer la visibilité de la fleur pour les insectes pollinisateurs et de faciliter leur atterrissage. Diverses espèces d’abeilles et de petits coléoptères apprécient cette ressource précoce en pollen. Aux fleurs vont bientôt succéder des fruits surmontés d’une aigrette soyeuse que le vent dispersera.
Le tussilage est une vivace pionnière, typique des sols remués et instables, il colonise souvent les talus argileux ou marneux.
Le limbe des feuilles, de forme arrondie, évoque l’empreinte du sabot d’un âne, d’où le nom vernaculaire de la plante « pas d’âne ».
Les chenilles de plusieurs espèces de papillons consomment le tussilage. Tyria jacobaeae, la « goutte de sang » que je vous ai montré sur le séneçon jacobée pourrait aussi occasionnellement se nourrir du tussilage.
L’ambroisie à feuille d’armoise, Ambrosia artemisiifolia, plante d’origine américaine au pollen très allergisant, pose un grave problème de santé publique dans les régions où elle prolifère, en France particulièrement en vallée du Rhône et plus généralement au sud de la Loire. Elle apprécie les stations chaudes au bord des rivières, les friches maigres, les ballastières.
Depuis quelques années déjà , elle est naturalisée ponctuellement en Ile-de-France et n’y pose pas encore de réel problème, mais il faut être vigilant !
Attention aux graines pour les oiseaux !
Sa présence accidentelle dans des sacs de graines pour oiseaux est l’une des causes de dissémination de l’espèce. La fiche ci-dessous (cliquez sur l’image pour télécharger le document), éditée par l’Observatoire des ambroisies, donne de judicieux conseils aux personnes qui nourrissent les oiseaux des jardins : comment reconnaître et éliminer la semence de cette plante dans les graines pour oiseaux, comment repérer avec certitude et éliminer les ambroisies qui auraient éventuellement germé près des postes de nourrissage.
Extrait du feuillet « Les oiseaux peuvent semer l’ambroisie », par l’Observatoire des ambroisies (cliquez sur l’image pour télécharger le document)
Pas de panique, ne passez le jardin au lance-flammes à la première armoise vue ! Il faut apprendre à observer et bien distinguer les plantes, c’est l’objet de ce document de sensibilisation très bien fait.
Un agent de biocontrôle ?
Mais n’existe-t-il pas des moyens de lutte biologique pour juguler la prolifération de cette plante ? Justement, les chercheurs observent depuis quelques années le travail d’une galéruque (Ophraella communa, coléoptère de la famille des Chrysomelidae) arrivée accidentellement d’Amérique du Nord en Italie en 2013. Dans les sites étudiés, les larves gloutonnes défolient les ambroisies avec un taux de 90 à 100%, provoquant une chute très importante de production de pollen et de graines. Ce coléoptère est aussi signalé en Chine, au Japon et en Corée du Sud.
Extrait du feuillet » Reconnaître Ophraella, ravageur de l’ambroisie », par l’Observatoire des ambroisies (cliquez sur l’image pour télécharger le document)
Ces galéruques très actives sur les ambroisies peuvent fréquenter les cultures de tournesol et de topinambour, mais en n’y provoquant que des dégâts négligeables. En revanche elles consomment les lampourdes, adventices des champs de tournesols, et puis d’autres plantes de friches comme l’armoise annuelle, l’inule fétide… Il reste encore quelques études à conduire et des précautions à prendre, mais la voie semble très prometteuse.
Son efficacité sur le genre Ambrosia fait espérer un vrai soulagement pour les populations allergiques exposées, avec une baisse globale de 80% du coà»t des soins associés à cette allergie. La lutte biologique par ce ravageur permettra en outre une économie importante sur les travaux d’arrachage manuel dans les friches alluviales et sur les berges de rivières, seul moyen de lutte efficace actuellement contre cette plante dans ses secteurs de prédilection.
Ce coléoptère est-il déjà en France ?
Apparemment pas, mais cela paraît inéluctable à terme, compte tenu de la proximité de l’Italie du Nord et des capacités de dispersion de cette espèce.
Même le chardonneret s’invite à la mangeoire à barreau. Il faut dire que pour décortiquer les fruits des chardons ou des cardères en haut des tiges, il doit savoir faire preuve d’équilibre !
J’ai observé les oiseaux de mon jardin pendant 2 heures et j’ai transmis mes comptages sur le site Oiseaux des jardins. Voici une partie de mon « tableau de chasse » :
Le haut de la grille de saisie de Oiseaux des jardins
J’ai ajouté plus bas dans la grille de saisie 1 merle, 1 tourterelle turque, 2 mésanges à longue queue, 1 mésange nonette et 1 mésange huppée.
Vous aussi, comptez les oiseaux dans votre jardin avec le site participatif Oiseaux des jardins, c’est simple comme un jeu d’enfant !
Un gracieux hyménoptère rouge et noir aux longues antennes est venu se poser sur ma main au bureau. Le temps de sortir l’appareil pour le photographier, il avait disparu !
Ce n’est que trois jours plus tard que j’ai fait le rapprochement avec ce cocon dans un bocal d’élevage que j’avais un peu oublié sur le dessus de l’armoire.
C’est bien ce que je craignais, quelqu’un a fait un trou dans le voile de fermeture du bocal pour s’échapper ! A l’intérieur, il reste un cocon troué et quatre hyménoptères moins futés qui n’ont pas trouvé la sortie. Mais même morts, ils vont me permettre de tenter une identification.
La femelle a un aiguillon au bout de l’abdomen, c’est l’ovipositeur qui lui sert à insérer ses œufs dans sa victime, en l’occurrence une chenille. C’est bien d’avoir une femelle pour la détermination parce que la taille de l’ovipositeur est un critère important. Pour un Ichneumon, son ovipositeur est assez court. J’ai regardé dans le site Taxapad, la référence mondiale des hyménoptères parasitoà¯des de chenilles, qui m’avait déjà servi dans une autre enquête à démasquer le coupable d’une scène de crime dans ma véranda.
Dans Taxapad, pas moins de 31 espèces d’Ichneumonidae sont référencées comme parasites du bombyx du chêne. Je prends le temps de comparer les photos des femelles de chacune de ces espèces avec ma femelle. Il y en a des jaunes, des rousses, des noires, des maigrichonnes, d’autres avec de très longs ovipositeurs. Agrothereutes leucorhaeus, vraiment ressemblant, semble le coupable désigné. L’espèce est bien présente en France, mais rarement observée. Peut-être s’agit-il d’une espèce proche ? L’Inventaire National du Patrimoine Naturel répertorie 6 espèces d’Agrothereutes pour lesquelles quelques rares données existent en France métropolitaine, et dont on sait fort peu de choses, alors qu’il s’agit d’auxiliaires qui régulent efficacement les ravageurs des arbres forestiers.
A l’intérieur du cocon parasité, aucune trace de chrysalide, on ne distingue qu’un amas aggloméré de petits cocons blonds fabriqués par les larves des ichneumons qui ont mangé toute la chenille. Je compte une bonne dizaine de petits cocons vides. Faisons les comptes : 4 morts au fond du bocal, un visiteur sur ma main, une femelle près de la fenêtre. Il en manque… Je décide de ne pas en parler aux collègues de l’étage.
Quelques genêts à balais poussent sur les berges de la mare de L’Hautil à Triel. Certaines branches portent des excroissances que je prends tout d’abord pour des lichens.
Un examen de près me détrompe, il s’agit de bourgeons transformés, crépus et recouverts d’un fine pilosité. Bref, une galle poilue. Cela pourrait être l’oeuvre de cécidomyies (comme pour la galle poilue du hêtre), de micro hyménoptères, ou encore d’acariens.
Comme je n’ai pas d’idée, je consulte la clé d’identification des mines et des galles d’Europe sur le site hollandais Plantparasieten van Europa. Je recommande ce site très bien documenté qui fait référence. Pour ceux qui ne maîtriseraient pas parfaitement la langue hollandaise, certaines pages peuvent être consultées en allemand ou en anglais.
Voilà , j’ai trouvé, c’est un acarien ! Aceria genistae, qui fréquente les genêts, provoque ces déformations pour se protéger des prédateurs et se nourrir des tissus de la galle. Cet acarien est présent dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), mais aucune observation n’y est répertoriée. Cela ne signifie pas forcément que l’animal est rare, mais qu’aucun naturaliste n’a vu l’intérêt de saisir une observation dans l’une des bases de données qui alimentent l’INPN.
J’ai déjà déterminé une autre espèce dans ce genre en 2014 : Aceria nervisequa qui provoque des galles à l’aspect de velours au revers des feuilles de hêtre.
Merci à ceux qui ont joué et tenté de résoudre l’énigme de la photo mystère ! Bravo à Patrick, Eric, Jean-Louis, Carole, Béatrice, Germain, Marie-France et Thierry qui ont vu juste ! Ce n’était pas trop difficile, car c’est un fruit que je vous ai déjà montré.
L’arbre est américain. Un gros fruit comme ça, produit en grand nombre, qui ne semble intéresser à peu près aucun animal, n’est-ce pas étrange ? Et si l’animal en question, qui cueillait peut-être ces fruits dans l’arbre, avait disparu ? Il aurait alors laissé l’oranger des Osages orphelin de son consommateur spécialisé qui facilitait sa dissémination naturelle… Certains évoquent le mégathérium, sorte de paresseux américain de 6 mètres de long et de 4 tonnes, éteint il y a 11 000 ans. Il n’est pas interdit de rêver.