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Les échappés du cocon

Un gracieux hyménoptère rouge et noir aux longues antennes est venu se poser sur ma main au bureau. Le temps de sortir l’appareil pour le photographier, il avait disparu !

Ce n’est que trois jours plus tard que j’ai fait le rapprochement avec ce cocon dans un bocal d’élevage que j’avais un peu oublié sur le dessus de l’armoire. 

C’est bien ce que je craignais, quelqu’un a fait un trou dans le voile de fermeture du bocal pour s’échapper ! A l’intérieur, il reste un cocon troué et quatre hyménoptères moins futés qui n’ont pas trouvé la sortie. Mais même morts, ils vont me permettre de tenter une identification.

Ce cocon je l’avais trouvé à  Boisemont en soulevant l’écorce d’un arbre mort tombé dans la forêt. J’en espérais un magnifique papillon de nuit, un bombyx du chêne, mais la nature en a décidé autrement : ce furent des hyménoptères parasitoà¯des, plus précisément des ichneumons, reconnaissables à  la nervation de leurs ailes antérieures.

Ichneumon mâle © CACP – Gilles Carcassès

J’ai aussi retrouvé une femelle, morte au bas de la fenêtre du bureau !

Ichneumon femelle © CACP – Gilles Carcassès

La femelle a un aiguillon au bout de l’abdomen, c’est l’ovipositeur qui lui sert à  insérer ses œufs dans sa victime, en l’occurrence une chenille. C’est bien d’avoir une femelle pour la détermination parce que la taille de l’ovipositeur est un critère important. Pour un Ichneumon, son ovipositeur est assez court. J’ai regardé dans le site Taxapad, la référence mondiale des hyménoptères parasitoà¯des de chenilles, qui m’avait déjà  servi dans une autre enquête à  démasquer le coupable d’une scène de crime dans ma véranda.

Dans Taxapad, pas moins de 31 espèces d’Ichneumonidae sont référencées comme parasites du bombyx du chêne. Je prends le temps de comparer les photos des femelles de chacune de ces espèces avec ma femelle. Il y en a des jaunes, des rousses, des noires, des maigrichonnes, d’autres avec de très longs ovipositeurs. Agrothereutes leucorhaeus, vraiment ressemblant, semble le coupable désigné. L’espèce est bien présente en France, mais rarement observée. Peut-être s’agit-il d’une espèce proche ? L’Inventaire National du Patrimoine Naturel répertorie 6 espèces d’Agrothereutes pour lesquelles quelques rares données existent en France métropolitaine, et dont on sait fort peu de choses, alors qu’il s’agit d’auxiliaires qui régulent efficacement les ravageurs des arbres forestiers.

Cocon percé © CACP – Gilles Carcassès

Les ichneumons fraichement émergés ont fait trois trous de sortie. Je me lance dans la dissection le carnage du cocon.

L’intérieur du cocon parasité © CACP – Gilles Carcassès

A l’intérieur du cocon parasité, aucune trace de chrysalide, on ne distingue qu’un amas aggloméré de petits cocons blonds fabriqués par les larves des ichneumons qui ont mangé toute la chenille. Je compte une bonne dizaine de petits cocons vides. Faisons les comptes : 4 morts au fond du bocal, un visiteur sur ma main, une femelle près de la fenêtre. Il en manque… Je décide de ne pas en parler aux collègues de l’étage.

3 réflexions au sujet de “Les échappés du cocon”

  1.  Tous vos articles sont très intéressants. J’ai mis dans la corbeille par erreur celui des libellules; Pouvez-vous me l’envoyer ? Merci. Marie-Pierre

    1. Bonjour,

      Merci pour vos compliments. Pour retrouver un article, il suffit d’utiliser la boîte de recherche sur la page d’accueil du blog. Avec le mot libellule, le moteur de recherche vous propose 7 articles dont le titre comprend ce mot. Les deux plus récents sont : https://natureenville.cergypontoise.fr/2017/07/25/naissance-dune-libellule-au-parc-de-grouchy/
      et : https://natureenville.cergypontoise.fr/2017/07/03/reconnaitre-les-libellula/
      Bien cordialement. Gilles

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