L'actualité des jardins

Biocontrôle, la nouvelle approche du jardin

Le pyrèthre ? Les oiseaux insectivores ? Les punaises prédatrices ? Les hyménoptères parasitoà¯des ? Les pièges à  phéromones ? Les syrphes ? Les chrysopes ? Les coccinelles ? Les poules ? Tout ça, c’est du biocontrôle !

Dès le 1er janvier 2019, les jardiniers amateurs devront se passer  des produits phytosanitaires chimiques de synthèse. La Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF) et la Fédération Nationale des Métiers de la Jardinerie (FNMJ) se sont associées afin d’accompagner les jardiniers dans l’évolution de leurs pratiques et l’adoption des méthodes de biocontrôle, pour protéger les plantes de leurs jardins grâce à  des mécanismes naturels. De leur collaboration sont nées une brochure pédagogique (1) et une vidéo (2). Des fiches thématiques suivront bientôt, je vous les présenterai dans un prochain article.

Découvrez :

(1) La brochure « Protéger les plantes de son jardin avec le biocontrôle » sur le site Jardiner Autrement

(2) La vidéo « Biocontrôle, nouvelle approche du jardin » sur la chaîne vidéo de Jardiner Autrement

La liste officielle des produits de biocontrôle, version du 22 janvier 2018

L'actualité des jardins

Un cimetière vraiment naturel

De passage à  Niort, j’ai voulu visiter le célèbre cimetière naturel de Souché, créé en 2014, que la presse a tant vanté.

Cimetière de Souché © CACP – Gilles Carcassès

Bizarre, bizarre… Oups, ce n’est pas là  ! Un employé très aimable me détrompe : le cimetière naturel, c’est un peu plus haut dans la rue.

Le cimetière naturel de Souché © CACP – Gilles Carcassès

Ah, effectivement, c’est différent. Ce qui frappe en arrivant, c’est l’abondance des oiseaux ! à‡a chante et ça picore de partout ! Mais est-ce bien un cimetière ?

Stèle à  l’entrée du cimetière © CACP – Gilles Carcassès

Une maxime de Gilles Clément nous accueille : le ton est donné ! Au fond, j’aperçois ce qui pourrait être des sépultures. Allons voir en empruntant les allées engazonnées.

Sépultures au cimetière naturel de Souché © CACP – Gilles Carcassès

Les familles entretiennent quelques végétaux dans une gamme choisie pour ne pas dépasser 60 centimètres. La stèle, discrète, est en pierre calcaire. Des fleurs fraiches peuvent être placées dans un vase métallique très sobre mis à  la disposition des familles.

Le gardien © CACP – Gilles Carcassès

Conçus et fabriqués par les services municipaux de la ville de Niort, les aménagements, mobiliers et oeuvres d’art ont été réalisés à  partir de matériaux de récupération. Les urnes, les cercueils et tous les accessoires sont biodégradables. Et ici bien sà»r, pas de phytos !

Je suis touché par tant d’élégance, de cohérence et de simplicité. Et il me vient une drôle de pensée : pourquoi les cimetières ne sont-ils pas tous comme ça ?

Le cimetière naturel de Souché, un document de la ville de Niort

Le travail des équipes de la ville de Niort récompensé par une mention spéciale au Grand prix des collectivités territoriales 2015

L'actualité des jardins

Gros souci

Calendula officinalis dans le jardin partagé de LabBoîte – parvis de la préfecture à  Cergy, le 3 janvier 2018 © CACP – Gilles Carcassès

Deux soucis, le gros et le petit

Le souci des jardins, Calendula officinalis, diffère peu du souci des champs, Calendula arvensis, si ce n’est par sa taille plus imposante. Ce sont toutes deux des plantes d’origine méditerranéenne. Le souci des champs est une adventice des vignes devenue rare en Ile-de-France.

Cette belle plante, qui fleurit généreusement presque toute l’année, y compris en hiver, est utilisée en cosmétique et a de nombreuses propriétés médicinales. Ses pétales sont utilisés pour colorer le beurre et certains fromages ainsi que des boissons alcoolisées. Séchés, ils sont parfois employés frauduleusement pour falsifier le safran.

Indispensables au jardin

Au jardin la plante est bien jolie, mais elle est aussi très utile. Elle permet de lutter, comme l’œillet d’Inde, contre certains nématodes. C’est de ce fait une bonne plante compagne pour la tomate, mais aussi pour l’ail et les fraisiers. Des études ont prouvé qu’elle est très bénéfique aux mirides du genre Macrolophus, des punaises auxiliaires très polyphages qui se nourrissent d’aleurodes, de pucerons, d’acariens, d’œufs de noctuelles et de ceux de la mineuse de la tomate Tuta absoluta. Il convient de maintenir les pieds de soucis l’hiver au jardin car ils sont utiles pour l’hivernage des auxiliaires. A la belle saison, ses fleurs fournissent aussi nectar et pollen aux syrphes et aux guêpes parasites. Pour cela, les variétés à  fleurs simples sont bien sà»r préférables.

Il existe de très nombreuses variétés de soucis dans les tons jaunes à  orange, aux fleurs simples ou doubles. Certaines sont aptes au forçage pour la production de fleurs coupées.

Une variété de souci à  fleurs doubles © CACP – Gilles Carcassès

Sources :

Biodiversité fonctionnelle en maraîchage biologique, par le GRAB

Les plantes nématicides, par l’INRA

Le souci, par Ecological Agriculture Project (Canada)

L'actualité des jardins

Savez-vous tailler les arbres ?

Paulownias ? © CACP – Gilles Carcassès

Voici un excellent document du CAUE 77 qui présente en quelques règles simples, illustrées de schémas clairs, les gestes techniques et les principes à  respecter pour la taille des arbres.

Et rappelons toute l’importance de cette précaution de conception : le bon arbre planté au bon endroit ne nécessitera pas de tailles !

Un figuier sur le quai de la gare de Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Planter le bon arbre au bon endroit : voilà  bien le secret des aménagements réussis. Pour éviter les bévues, le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Seine-et-Marne (CAUE 77) vous propose la méthode VECUS.

Avec cette méthode, impossible de vous tromper. Vous aurez compris, entre autres choses, que pour un petit espace, c’est bien un arbre à  petit développement qu’il vous faut.

Liquidambar sur une place publique à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Besoin d’un coup de pouce sur le sujet ? Découvrez donc les 133 fiches de petits arbres présentées par ce même CAUE 77

L'actualité de la Nature

Coléoptères, fins stratèges !

Les mandibules des insectes ne servent pas qu’à  l’alimentation. On connaît bien sà»r les joutes entre mâles des espèces pourvues de mandibules très développées, comme le lucane. Mais elles peuvent aussi servir à  découper le végétal, dans le but de saboter les défenses chimiques des plantes, pour se cacher des prédateurs ou encore fournir un nid à  leur progéniture !

Voici trois exemples de ces découpes stratégiques :

Henosepilachna argus – Eragny-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Avant de consommer cette feuille de bryone, Henosepilachna argus, la coccinelle de la bryone, a soigneusement incisé la feuille selon une longue ligne arrondie en pointillés (en partie basse de la photo ci-dessus). Elle s’attaque ensuite à  la partie en aval de cette découpe. Il paraît que de cette façon elle sabote le système de défense chimique de la plante. Ce comportement est à  rapprocher de celui de certaines chenilles qui sectionnent les canaux lactifères de feuilles de plantes à  latex avant de les consommer tranquillement, hors d’atteinte des gouttes d’un latex à  la fois collant et toxique. La bryone n’est pas une plante à  latex mais il est possible que sa sève se charge de produits inappétants pour les insectes lorsqu’une feuille est blessée. Avec cette incision, l’insecte couperait le chemin de la sève vers la partie convoitée.

Couple de coccinelles de la bryone © CACP – Gilles Carcassès

Cette femelle de coccinelle de bryone a découpé cette feuille et a commencé à  en mâchouiller le parenchyme. Mais un mâle entreprenant est venu interrompre son repas !

Tituboea sexmaculata © CACP – Gilles Carcassès

Maladroite, cette chrysomèle qui coupe après son repas l’extrémité du rameau sur laquelle elle est installée ? Peut-être que non : certains insectes feraient ainsi pour cacher leurs méfaits et déjouer la gourmandise des oiseaux qui les cherchent parmi les feuilles grignotées… Ne pas laisser de traces pour ne pas attirer l’attention.

L’oeuvre élégante et savante du cigarier du noisetier © CACP – Gilles Carcassès

Apoderus coryli, le cigarier du noisetier découpe très précisément une feuille de façon à  en faire pendre un large lambeau qu’il roule sur lui-même avec ses petites pattes musclées. En séchant, ce « cigare » servira d’abri solide et de garde-manger à  sa larve.

Apoderus coryli, jeune adulte issu d’un de mes élevages  © CACP – Gilles Carcassès

Source :

Le sabotage des défenses des feuilles, par Alain Fraval / Insectes n°186 – 3éme trimestre 2017

L'actualité des jardins

Camellia

Le genre Camellia comprend de nombreuses espèces originaires d’Asie parmi lesquelles les camélias de jardin, notamment Camellia japonica et Camellia sasanqua, mais aussi le théier, Camellia sinensis et une plante alimentaire, Camellia oleifera, dont les graines fournissent une huile utilisée en cuisine et en cosmétique.

Extraordinaires floraisons

Les variétés à  fleurs rouges, roses ou blanches du Camellia japonica sont des stars au jardin. Le feuillage persistant et vernissé de cet arbuste, son port arrondi, sa floraison généreuse et renouvelée font merveille. Dommage que les fleurs passent avec la pluie. On le dit exigeant quand au sol, car il redoute les terres trop calcaires ou mal drainées. Et il apprécie la mi-ombre et les ambiances un peu humides. Cependant il prospère sans précautions particulières dans mon jardin à  Poissy, où il est exposé au soleil et supporte une terre argileuse.

Joséphine de Beauharnais, à  qui l’on doit l’acclimatation du cygne noir, a fait connaître aussi le camélia en en plantant une collection dans ses jardins du château de La Malmaison.

Camélia à  fleurs doubles blanches dans mon jardin à  Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Ce Camellia japonica est peut-être la variété ‘Nobilissima’, qui fut très prisée au 19ème siècle pour orner les boutonnières des messieurs et les belles tenues des dames. Il est en pleine floraison dans mon jardin. Il paraît que la fleur de camélia blanc est symbole de simplicité, d’élégance et d’harmonie. C’est tout moi !

Où voir des camélias ?

Camélias variés en sous-bois au parc floral de Paris © CACP – Gilles Carcassès

Rendez-vous au parc floral de Paris (bois de Vincennes) fin mars, les camélias seront au top ! Et retournez-y mi-mai, ce sera le tour des azalées, une féérie !

Au printemps 2018, se tiendra le congrès international du camélia à  Nantes. Je vous recommande, en avant-première de cet événement, la fête du camélia : un rendez-vous à  ne pas manquer au Jardin des Plantes de Nantes les 24 et 25 mars 2018 !

Sources :

Les camélias, des fleurs durant huit mois, par Martine Soucail et Alain Stervinou (SNHF)

L’histoire du camélia, par Daniel Lejeune (SNHF)

L'actualité des jardins

Zéro phyto ?

Toutes les questions que vous vous posez sur le « zéro phyto » et leurs réponses sont dans cette page très complète du site Ecophyto-pro :

Foire aux questions sur la loi Labbé !

Prairie au parc François-Mitterrand à  Cergy – juin 2016 © Gilles Carcassès

« Ecophyto-pro, réduire et améliorer l’utilisation des phytos » est la plateforme officielle du plan national Ecophyto II pour tous les jardiniers professionnels. Elle est portée par l’association Plante et Cité qui regroupe 520 structures adhérentes autour du végétal urbain. Son pendant pour les jardiniers amateurs est Jardiner Autrement, porté par la Société Nationale d’Horticulture de France.

Retrouvez nos articles sur le zéro phyto :

Zéro phyto à  l’agglomération de Cergy-Pontoise

Toutes nos vidéos sur le zéro phyto

Villages en herbe

Ni bonnes ni mauvaises

 

L'actualité de la Nature

Les pollinisateurs nocturnes

Cirsium oleraceum en fleurs visité par un bourdon – Saint-Ouen l’Aumône © CACP – Gilles Carcassès

L’éclairage, néfaste pour les pollinisateurs nocturnes

Une équipe d’écologues s’est récemment intéressée à  l’effet de l’éclairage nocturne sur la pollinisation des plantes. Leur étude a montré une chute de 13% de la production de graines chez des cirses maraîchers (Cirsium oleraceum) éclairés la nuit par des candélabres, alors qu’ils sont aussi visités par des insectes pollinisateurs diurnes (comme le bourdon dans la photo ci-dessus). Ils en tirent la conclusion que l’éclairage a un effet négatif sur l’activité des insectes pollinisateurs nocturnes, et sur la biodiversité en général. On le savait déjà  pour certaines espèces de chauves-souris.

Qui sont les pollinisateurs nocturnes ?

Les pollinisateurs nocturnes sont des papillons de nuit, des punaises, certaines mouches…

Ce Coremacera (diptère Sciomyzidae) serait un pollinisateur strictement nocturne. © CACP – Gilles Carcassès
Pleuroptya ruralis, la pyrale du houblon, la nuit, sur une fleur de clématite sauvage © CACP – Gilles Carcassès

Ce sont surtout des fleurs blanches qui sont pollinisées la nuit. L’émission de leur parfum en début de nuit renforce leur attractivité, c’est aussi le moment où leur pollen est le plus accessible. Ainsi les Platanthera, belles orchidées blanches de nos sous-bois, sont visitées par le sphinx de l’épilobe et sans doute d’autres papillons de nuit.

Platanthera chlorantha – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Comment concilier éclairage et biodiversité ?

La pollution lumineuse augmente chaque année sur Terre. Heureusement, les aménageurs et les gestionnaires peuvent s’appuyer sur les conseils « éclairés » de l’Association Française de l’Eclairage pour tenir compte de la biodiversité (voir les fiches 15 et 16).

Autres sources :

Pollution lumineuse : comment la nuit disparaît peu à  peu – Les Echos.fr

Pollinisation de Platanthera chlorantha – un article de la SFO de Poitou-Charente et Vendée

L'actualité de la Nature

Un canard qui boite de l’aile

Canard colvert à  l’aile déformée – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Le syndrome des ailes d’ange

Dans le cadre du comptage annuel des oiseaux d’eau, nous avons observé dans l’étang du parc du château de Grouchy ce canard colvert à  l’aile anormalement basse. La dernière articulation de l’aile est tournée vers l’extérieur. Cette infirmité, qui semble plus toucher les mâles que les femelles, est une maladie d’origine alimentaire ; elle empêche l’oiseau de voler. Ne pouvant fuir efficacement les prédateurs, son espérance de vie est forcément très limitée.

Halte au pain !

Qu’a-t-il donc mangé qui ne lui a pas réussi ? Du pain, tout simplement ! L’excès de pain chez les jeunes canards engendre ces malformations osseuses.

Dira-t-on jamais assez qu’il ne faut pas donner du pain aux oiseaux d’eau ?

Sources :

Ne donnez pas du pain aux cygnes et aux canards, un article de la LPO PACA

Nourrir les oiseaux – Règles de bonne conduite pour ne pas les mettre en danger, un article de Lac de Créteil

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Le pouvoir de l’oreille de souris

Pilosella officinarum, la piloselle alias « oreille de souris » sur un talus très sec à  Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Plantes allélopathiques

Là  où pousse la piloselle, l’herbe trépasse. Cette astéracée stolonifère indigène élimine la concurrence, même si cette photo montre qu’elle s’accommode de la présence de Sedum album. Il paraît que le thym lui résiste aussi, alors que l’achillée, le millepertuis, le lin et bien d’autres disparaissent rapidement à  son approche. Comment fait cette plante de petite taille pour se débarrasser de ses voisines ? Le secret de la piloselle est caché dans le sol ! Ses racines sécrètent des exsudats racinaires toxiques pour les racines des autres plantes, on nomme cette capacité la télétoxie, une des formes de l’allélopathie. Le phénomène est connu chez de nombreuses plantes : le brome des toits, l’orge aux rats, la petite pimprenelle, l’origan, le trèfle porte-fraise, l’armoise annuelle, le sarrasin, le romarin… Et des espèces exotiques envahissantes sont également dotées de cette arme chimique : ailante, renouée du Japon, mimosa des fleuristes, caulerpe…

Quelles utilisations en agroécologie ?

Les agronomes essaient de tirer parti des propriétés des plantes allélopathiques. Plusieurs pistes sont explorées : l’incorporation au sol de plantes broyées, le paillage avec ces broyats, l’utilisation de macérations de plantes, l’installation d’un couvert végétal.

Cette dernière technique a été privilégiée dans un programme de recherche dans un vignoble en Alsace. Cette vidéo d’Alimagri témoigne de la démarche de tout un groupe de viticulteurs, entourés d’agronomes et d’écologues, et de la dynamique d’une conversion, avec ses difficultés, ses questionnements et ses résultats. Comment se passer des désherbants ? Et si la solution passait par l’enherbement avec des plantes indigènes locales, dont la piloselle ? A regarder jusqu’à  la fin : les meilleurs acquis ne sont pas ceux qu’on croit !

Sources :

La guerre chimique chez les plantes, un article du blog La Gazette des plantes

La piloselle épervière, un article du blog Booksofdante

Bibliographie abiodoc.com