Dès le 1er janvier 2019, les jardiniers amateurs devront se passer des produits phytosanitaires chimiques de synthèse. La Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF) et la Fédération Nationale des Métiers de la Jardinerie (FNMJ) se sont associées afin d’accompagner les jardiniers dans l’évolution de leurs pratiques et l’adoption des méthodes de biocontrôle, pour protéger les plantes de leurs jardins grâce à des mécanismes naturels. De leur collaboration sont nées une brochure pédagogique (1) et une vidéo (2). Des fiches thématiques suivront bientôt, je vous les présenterai dans un prochain article.
Ah, effectivement, c’est différent. Ce qui frappe en arrivant, c’est l’abondance des oiseaux ! à‡a chante et ça picore de partout ! Mais est-ce bien un cimetière ?
Une maxime de Gilles Clément nous accueille : le ton est donné ! Au fond, j’aperçois ce qui pourrait être des sépultures. Allons voir en empruntant les allées engazonnées.
Les familles entretiennent quelques végétaux dans une gamme choisie pour ne pas dépasser 60 centimètres. La stèle, discrète, est en pierre calcaire. Des fleurs fraiches peuvent être placées dans un vase métallique très sobre mis à la disposition des familles.
Conçus et fabriqués par les services municipaux de la ville de Niort, les aménagements, mobiliers et oeuvres d’art ont été réalisés à partir de matériaux de récupération. Les urnes, les cercueils et tous les accessoires sont biodégradables. Et ici bien sà»r, pas de phytos !
Je suis touché par tant d’élégance, de cohérence et de simplicité. Et il me vient une drôle de pensée : pourquoi les cimetières ne sont-ils pas tous comme ça ?
Le souci des jardins, Calendula officinalis, diffère peu du souci des champs, Calendula arvensis, si ce n’est par sa taille plus imposante. Ce sont toutes deux des plantes d’origine méditerranéenne. Le souci des champs est une adventice des vignes devenue rare en Ile-de-France.
Cette belle plante, qui fleurit généreusement presque toute l’année, y compris en hiver, est utilisée en cosmétique et a de nombreuses propriétés médicinales. Ses pétales sont utilisés pour colorer le beurre et certains fromages ainsi que des boissons alcoolisées. Séchés, ils sont parfois employés frauduleusement pour falsifier le safran.
Indispensables au jardin
Au jardin la plante est bien jolie, mais elle est aussi très utile. Elle permet de lutter, comme l’œillet d’Inde, contre certains nématodes. C’est de ce fait une bonne plante compagne pour la tomate, mais aussi pour l’ail et les fraisiers. Des études ont prouvé qu’elle est très bénéfique aux mirides du genre Macrolophus, des punaises auxiliaires très polyphages qui se nourrissent d’aleurodes, de pucerons, d’acariens, d’œufs de noctuelles et de ceux de la mineuse de la tomate Tuta absoluta. Il convient de maintenir les pieds de soucis l’hiver au jardin car ils sont utiles pour l’hivernage des auxiliaires. A la belle saison, ses fleurs fournissent aussi nectar et pollen aux syrphes et aux guêpes parasites. Pour cela, les variétés à fleurs simples sont bien sà»r préférables.
Il existe de très nombreuses variétés de soucis dans les tons jaunes à orange, aux fleurs simples ou doubles. Certaines sont aptes au forçage pour la production de fleurs coupées.
Voici un excellent document du CAUE 77 qui présente en quelques règles simples, illustrées de schémas clairs, les gestes techniques et les principes à respecter pour la taille des arbres.
Et rappelons toute l’importance de cette précaution de conception : le bon arbre planté au bon endroit ne nécessitera pas de tailles !
Planter le bon arbre au bon endroit : voilà bien le secret des aménagements réussis. Pour éviter les bévues, le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Seine-et-Marne (CAUE 77) vous propose la méthode VECUS.
Avec cette méthode, impossible de vous tromper. Vous aurez compris, entre autres choses, que pour un petit espace, c’est bien un arbre à petit développement qu’il vous faut.
Les mandibules des insectes ne servent pas qu’à l’alimentation. On connaît bien sà»r les joutes entre mâles des espèces pourvues de mandibules très développées, comme le lucane. Mais elles peuvent aussi servir à découper le végétal, dans le but de saboter les défenses chimiques des plantes, pour se cacher des prédateurs ou encore fournir un nid à leur progéniture !
Voici trois exemples de ces découpes stratégiques :
Avant de consommer cette feuille de bryone, Henosepilachna argus, la coccinelle de la bryone, a soigneusement incisé la feuille selon une longue ligne arrondie en pointillés (en partie basse de la photo ci-dessus). Elle s’attaque ensuite à la partie en aval de cette découpe. Il paraît que de cette façon elle sabote le système de défense chimique de la plante. Ce comportement est à rapprocher de celui de certaines chenilles qui sectionnent les canaux lactifères de feuilles de plantes à latex avant de les consommer tranquillement, hors d’atteinte des gouttes d’un latex à la fois collant et toxique. La bryone n’est pas une plante à latex mais il est possible que sa sève se charge de produits inappétants pour les insectes lorsqu’une feuille est blessée. Avec cette incision, l’insecte couperait le chemin de la sève vers la partie convoitée.
Cette femelle de coccinelle de bryone a découpé cette feuille et a commencé à en mâchouiller le parenchyme. Mais un mâle entreprenant est venu interrompre son repas !
Maladroite, cette chrysomèle qui coupe après son repas l’extrémité du rameau sur laquelle elle est installée ? Peut-être que non : certains insectes feraient ainsi pour cacher leurs méfaits et déjouer la gourmandise des oiseaux qui les cherchent parmi les feuilles grignotées… Ne pas laisser de traces pour ne pas attirer l’attention.
Apoderus coryli, le cigarier du noisetier découpe très précisément une feuille de façon à en faire pendre un large lambeau qu’il roule sur lui-même avec ses petites pattes musclées. En séchant, ce « cigare » servira d’abri solide et de garde-manger à sa larve.
Le genre Camellia comprend de nombreuses espèces originaires d’Asie parmi lesquelles les camélias de jardin, notamment Camellia japonica et Camellia sasanqua, mais aussi le théier, Camellia sinensis et une plante alimentaire, Camellia oleifera, dont les graines fournissent une huile utilisée en cuisine et en cosmétique.
Extraordinaires floraisons
Les variétés à fleurs rouges, roses ou blanches du Camellia japonica sont des stars au jardin. Le feuillage persistant et vernissé de cet arbuste, son port arrondi, sa floraison généreuse et renouvelée font merveille. Dommage que les fleurs passent avec la pluie. On le dit exigeant quand au sol, car il redoute les terres trop calcaires ou mal drainées. Et il apprécie la mi-ombre et les ambiances un peu humides. Cependant il prospère sans précautions particulières dans mon jardin à Poissy, où il est exposé au soleil et supporte une terre argileuse.
Joséphine de Beauharnais, à qui l’on doit l’acclimatation du cygne noir, a fait connaître aussi le camélia en en plantant une collection dans ses jardins du château de La Malmaison.
Ce Camellia japonica est peut-être la variété ‘Nobilissima’, qui fut très prisée au 19ème siècle pour orner les boutonnières des messieurs et les belles tenues des dames. Il est en pleine floraison dans mon jardin. Il paraît que la fleur de camélia blanc est symbole de simplicité, d’élégance et d’harmonie. C’est tout moi !
Rendez-vous au parc floral de Paris (bois de Vincennes) fin mars, les camélias seront au top ! Et retournez-y mi-mai, ce sera le tour des azalées, une féérie !
Au printemps 2018, se tiendra le congrès international du camélia à Nantes. Je vous recommande, en avant-première de cet événement, la fête du camélia : un rendez-vous à ne pas manquer au Jardin des Plantes de Nantes les 24 et 25 mars 2018 !
« Ecophyto-pro, réduire et améliorer l’utilisation des phytos » est la plateforme officielle du plan national Ecophyto II pour tous les jardiniers professionnels. Elle est portée par l’association Plante et Cité qui regroupe 520 structures adhérentes autour du végétal urbain. Son pendant pour les jardiniers amateurs est Jardiner Autrement, porté par la Société Nationale d’Horticulture de France.
L’éclairage, néfaste pour les pollinisateurs nocturnes
Une équipe d’écologues s’est récemment intéressée à l’effet de l’éclairage nocturne sur la pollinisation des plantes. Leur étude a montré une chute de 13% de la production de graines chez des cirses maraîchers (Cirsium oleraceum) éclairés la nuit par des candélabres, alors qu’ils sont aussi visités par des insectes pollinisateurs diurnes (comme le bourdon dans la photo ci-dessus). Ils en tirent la conclusion que l’éclairage a un effet négatif sur l’activité des insectes pollinisateurs nocturnes, et sur la biodiversité en général. On le savait déjà pour certaines espèces de chauves-souris.
Qui sont les pollinisateurs nocturnes ?
Les pollinisateurs nocturnes sont des papillons de nuit, des punaises, certaines mouches…
Ce sont surtout des fleurs blanches qui sont pollinisées la nuit. L’émission de leur parfum en début de nuit renforce leur attractivité, c’est aussi le moment où leur pollen est le plus accessible. Ainsi les Platanthera, belles orchidées blanches de nos sous-bois, sont visitées par le sphinx de l’épilobe et sans doute d’autres papillons de nuit.
Dans le cadre du comptage annuel des oiseaux d’eau, nous avons observé dans l’étang du parc du château de Grouchy ce canard colvert à l’aile anormalement basse. La dernière articulation de l’aile est tournée vers l’extérieur. Cette infirmité, qui semble plus toucher les mâles que les femelles, est une maladie d’origine alimentaire ; elle empêche l’oiseau de voler. Ne pouvant fuir efficacement les prédateurs, son espérance de vie est forcément très limitée.
Halte au pain !
Qu’a-t-il donc mangé qui ne lui a pas réussi ? Du pain, tout simplement ! L’excès de pain chez les jeunes canards engendre ces malformations osseuses.
Là où pousse la piloselle, l’herbe trépasse. Cette astéracée stolonifère indigène élimine la concurrence, même si cette photo montre qu’elle s’accommode de la présence de Sedum album. Il paraît que le thym lui résiste aussi, alors que l’achillée, le millepertuis, le lin et bien d’autres disparaissent rapidement à son approche. Comment fait cette plante de petite taille pour se débarrasser de ses voisines ? Le secret de la piloselle est caché dans le sol ! Ses racines sécrètent des exsudats racinaires toxiques pour les racines des autres plantes, on nomme cette capacité la télétoxie, une des formes de l’allélopathie. Le phénomène est connu chez de nombreuses plantes : le brome des toits, l’orge aux rats, la petite pimprenelle, l’origan, le trèfle porte-fraise, l’armoise annuelle, le sarrasin, le romarin… Et des espèces exotiques envahissantes sont également dotées de cette arme chimique : ailante, renouée du Japon, mimosa des fleuristes, caulerpe…
Quelles utilisations en agroécologie ?
Les agronomes essaient de tirer parti des propriétés des plantes allélopathiques. Plusieurs pistes sont explorées : l’incorporation au sol de plantes broyées, le paillage avec ces broyats, l’utilisation de macérations de plantes, l’installation d’un couvert végétal.
Cette dernière technique a été privilégiée dans un programme de recherche dans un vignoble en Alsace. Cette vidéo d’Alimagri témoigne de la démarche de tout un groupe de viticulteurs, entourés d’agronomes et d’écologues, et de la dynamique d’une conversion, avec ses difficultés, ses questionnements et ses résultats. Comment se passer des désherbants ? Et si la solution passait par l’enherbement avec des plantes indigènes locales, dont la piloselle ? A regarder jusqu’à la fin : les meilleurs acquis ne sont pas ceux qu’on croit !