L'actualité de la Nature

La galle des fleurs de tanaisie

En visite à  la ferme d’Ecancourt, je remarque que certaines fleurs des tanaisies du potager ont une allure anormale.

Une galle singulière sur une fleur de tanaisie – ferme d’Ecancourt à  Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

Ces boursouflures me font penser à  des galles de cécidomyie. Un petit tour sur le site hollandais bladmineerders qui fait référence en matière de galles me confirme qu’il s’agit bien de l’œuvre d’une cécidomyie.

Rhopalomyia tanaceticola, inféodée à  la tanaisie, est une espèce du nord et de l’est de l’Europe. Des galles de ce diptère ont été observées en 2017 et 2018 dans le Nord-Pas-de-Calais . Pour ma part, j’ai l’honneur d’inscrire dans la base de données Cettia une première observation de l’espèce pour l’Ile-de-France.

Je constate au passage que l’Inventaire National du Patrimoine Naturel ne compte à  ce jour aucune donnée de cette espèce pour la France. Ces galles caractéristiques sont pourtant très visibles en aoà»t et septembre sur les tanaisies en fleurs. Sont-elles rares ou simplement pas observées ?

Tanaisie en fleurs – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Aussi, je lance l’idée d’une prospection participative pour améliorer la connaissance de la répartition de cette espèce de cécidomyie en France. Qui me fera remonter une observation de cette galle typique en m’envoyant une photo, une date et un lieu, à  l’adresse biodiversite@cergypontoise.fr ?

Retrouvez notre article sur cette plante des bords de chemin :

Tanaisie

Et d’autres articles sur des galles de cécidomyie :

La galle poilue du hêtre

Les galles de cécidomyies

L'actualité de la Nature

La noctuelle de l’arroche

Trachea atriplicis © CACP – Gilles Carcassès

Cette grosse noctuelle aux dessins verts est venue vers minuit à  ma fenêtre. Sa chenille consomme des plantes de la famille des Amaranthaceae, comme l’arroche, les blettes, les chénopodes. Les célosies, les irésines et les gomphrenas utilisés par les jardiniers pour le fleurissement des massifs sont aussi de cette famille.

Bravo à  Ludovic, Siegfried et Annik qui ont su les premiers reconnaître l’espèce de la photo mystère !

Le dessin de ses ailes antérieures perçu par notre cerveau comme un visage est une illustration de paréidolie.

D’autres exemples de paréidolie :

Acericerus, cicadelle de l’érable

La cigale bossue, inventeur de la roue dentée

J’ai trouvé un serpent cyclope !

La phalène anguleuse

Retrouvez d’autres articles sur les noctuelles :

Noctuelles en noir et blanc

Vert-doré

L'actualité de la Nature

Terellia tussilaginis, mouche des bardanes et des cirses

Terellia tussilaginis – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Rencontre au sommet d’une bardane

Une mouchette blonde aux ailes barrées semble vouloir estimer dans ce face-à -face le danger que représente pour elle cette araignée crabe postée un peu plus bas.

Pas d’ovipositeur au derrière de ce diptère Tephritidae : il s’agit d’un mâle. Terellia tussilaginis est une espèce fréquente sur les bardanes, et parfois sur les cirses. La femelle pond au cœur de l’inflorescence et ses larves consomment les jeunes graines. Les pupes passent l’hiver dans les inflorescences sèches.

Terellia tussilaginis femelle en visite sur une astéracée – Maurecourt © CACP – Gilles Carcassès

Voici une femelle de cette belle espèce observée à  Maurecourt. L’ovipositeur est bien visible. Admirez ces beaux yeux verts (cliquez sur l’image pour l’agrandir) !

Terellia tussilaginis est très facile à  observer en été. Il suffit de s’approcher doucement des bardanes en fleurs. Parfois on y croise une autre jolie Tephritidae, Tephritis bardanae, strictement inféodée aux bardanes (voir ci-dessous).

Découvrez une autre espèce de la même famille qui fréquente les bardanes :

La mouche des fruits de la bardane

L'actualité des jardins

Les trésors du cœur battant

A côté de l’hôtel de ville de Vauréal, la place du cœur battant est l’un des sites les plus joliment fleuris de notre territoire. C’est aussi l’un des plus fréquentés par les abeilles, les bourdons et les papillons. Il faut dire que ce ne sont pas les fleurs qui manquent !

Fleurissement de la place du cœur battant à  Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Laissez-moi vous présenter quelques-unes des espèces vivaces à  floraison estivale installées là  par le service Espaces publics de la commune :

Monarde © CACP – Gilles Carcassès

Les fleurs des monardes, originaires d’Amérique du Nord, sont activement visitées par les bourdons. Leur feuillage dégage une agréable odeur de bergamote. Pour que ces plantes fleurissent généreusement tout l’été, il leur faut un sol riche et maintenu suffisamment humide.

Echinacea © CACP – Gilles Carcassès

Les Echinacea sont un grand classique de l’été. De nouvelles variétés dans les tons rouges ou jaunes très lumineux viennent enrichir les possibilités de marier ces vivaces avec les annuelles ou d’autres vivaces dans les massifs floraux.

Agapanthe © CACP – Gilles Carcassès

Les agapanthes sont des plantes bulbeuses qui peuvent être rustiques dans les situations abritées sous la protection d’un paillage. Elles forment de belles touffes quand elles sont bien installées. Les variétés à  petites fleurs, bleues ou blanches, me paraissent plus rustiques.

Platycodon © CACP – Gilles Carcassès

Ces grosses campanules plates qui voisinent ici avec des gauras sont en fait des platycodons. Cette belle asiatique bien rustique est de culture facile.

L'actualité des jardins

Agricultures parisiennes

A l’invitation de la section potagers et fruitiers de la Société Nationale d’Horticulture de France, j’ai visité trois sites d’agriculture urbaine à  Paris. Ils sont très différents dans leurs objectifs, leur conception et leurs résultats.

Sur le toit d’AgroParisTech

Sur le toit potager d’AgroParisTech des expériences scientifiques sont menées sous la conduite de chercheurs en agronomie. Des substrats de culture issus du recyclage de déchets urbains sont testés, et les teneurs en métaux lourds sont mesurées dans les légumes produits. D’autres paramètres font l’objet de batteries de mesures comme le poids des récoltes, la capacité de rétention en eau des substrats, le teneur en carbone dissous dans les eaux de drainage, l’effet de l’inoculation en vers de terre sur les rendements.

Bonnes nouvelles : un tel toit potager est à  peu près aussi productif que la même surface en maraîchage biologique, et les teneurs en métaux lourds restent inférieures aux normes (sauf pour les plantes accumulatrices comme les aromatiques).

L’objectif du toit potager d’AgroParisTech :

Démontrer qu’un toit potager utilisant des substrats de culture issus du recyclage de déchets urbains permet efficacement de « participer au recyclage les déchets de la ville, produire des denrées alimentaires de bonne qualité, retenir l’eau de pluie et contribuer au stockage du carbone »

Parcelles d’essais © CACP – Gilles Carcassès

Les oiseaux exercent une forte pression sur ce toit peu fréquenté. Les filets sont une parade efficace mais il faut les réparer souvent car les oiseaux cherchent à  les percer.

Jardin de toiture – AgroParisTech © CACP – Gilles Carcassès

Une partie de la terrasse est dévolue à  l’expérimentation de diverses cultures, dont des légumes africains. Une friche mellifère est aussi installée. Elle a été conçue pour ne pas être irriguée, mais des arrosages de secours sont tout de même nécessaires en période de sècheresse.

Un prunier sur le toit © CACP – Gilles Carcassès

Voir aussi, la BD « Sur le toit, des légumes et de la science » par The Conversation

La Recyclerie – porte de Clignancourt

Sur le site d’une ancienne gare de la petite ceinture, La Recyclerie est d’abord un lieu de vie et de rencontres. Son atelier de réparation de petits matériels et son café-cantine sont bien connus des habitants du quartier. Le jardin tout en longueur le long des anciennes voies ferrées est équipé d’un poulailler, de composteurs collectifs, d’un potager écologique, d’une serre, d’un démonstrateur d’aquaponie, de diverses installations expérimentales et de mobiliers de récupération. Sur le toit du bâtiment des ruches sont installées parmi des plantes de garrigue.

L’objectif de La Recyclerie

« Sensibiliser le public aux valeurs éco-responsables, de manière ludique et positive »

« Forêt comestible » © CACP – Gilles Carcassès

A La Recyclerie, on peut emprunter un bioseau et rapporter ses déchets de cuisine à  composter. Le lieu à  l’ambiance particulière est proposé à  la location pour des groupes. La Recyclerie propose aussi des ateliers pédagogiques et des événements culturels et festifs.

Le clapier © CACP – Gilles Carcassès

Bowie le lapin et les deux cochons d’Inde Ron et Alpe sont les chouchous des enfants qui visitent régulièrement le site. Ils valorisent une partie des épluchures du restaurant. La toiture de leur clapier est plantée de fraisiers.

Agripolis, sur le toit du collège Eugène Delacroix dans le 16ème arrondissement

Agripolis, start-up créée en 2014, gère actuellement quatre fermes urbaines sur Paris et en région parisienne. Elle prévoit de s’étendre à  d’autres villes en France, et à  l’international dès 2019. Elle pratique une agriculture intensive faisant appel à  des techniques innovantes permettant des rendements élevés.

Les objectifs d’Agripolis

  • Produire en circuit court : « les fruits et légumes sont vendus aux consommateurs dans un rayon de 500 mètres maximum du lieu de production »
  • Sans pesticides ni engrais chimiques : « nous n’utilisons aucun pesticide et exclusivement des nutriments d’agriculture biologique »
  • Et cueillir à  maturité : « le délai de mise à  disposition après récolte n’excède pas 12 heures »
Sur les toits du collège © CACP – Gilles Carcassès
Les colonnes d’aéroponie © CACP – Gilles Carcassès

Les légumes sont cultivés en aéroponie. Les colonnes de culture ne sont pas remplies de terreau, elles sont creuses ; à  l’intérieur, le long de leur paroi, coule de l’eau fertilisée qui baigne les racines des plantes. Cette eau circule en circuit fermé. Dans ces colonnes sont cultivées des plantes adaptées, à  végétation limitée, faciles à  récolter et à  forte rentabilité : des fraisiers, des potimarrons, des aubergines, du basilic, des blettes…

Pot de culture © CACP – Gilles Carcassès
Production de tomates jaunes © CACP – Gilles Carcassès

Ces tomates de collection sont cultivées également en technique hors-sol, dans des tubes où circule de l’eau fertilisée.

Retrouvez d’autres articles sur des démonstrateurs d’agriculture urbaine :

Living roof

Démonstrateur d’agriculture urbaine

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

La cicadelle pruineuse

Nous sommes cernés !

Présente dans les régions les plus chaudes de la moitié sud de la France, la cicadelle pruineuse, d’origine américaine, a été signalée en 2014 à  Nanterre, en 2016 à  Paris au jardin du Luxembourg et en 2017 dans le bois de Boulogne. Je viens de l’observer à  Joinville-le-Pont, à  deux pas de l’école Du Breuil.

Metcalfa pruinosa, la cicadelle pruineuse sur un robinier – Joinville-le-Pont © CACP – Gilles Carcassès

Cette cicadelle est capable de se nourrir de la sève de très nombreux végétaux. Dans le petit bois à  la sortie du RER que traversent tous les jours les étudiants de l’école Du Breuil, elle est en grand nombre sur les robiniers, la clématite sauvage et l’ortie dioà¯que. Bonne nouvelle, elle est aussi sur l’ailante, un arbre invasif qui pose par endroits de sérieux problèmes !

Cicadelle pruineuse sur Clematis vitalba © CACP – Gilles Carcassès
Cicadelle pruineuse sur une tige d’ortie © CACP – Gilles Carcassès

Metcalfa pruinosa est un ravageur important des arbres fruitiers. Il les affaiblit considérablement au point de compromettre la production, lorsque ses populations sont très nombreuses. Heureusement, un parasitoà¯de américain introduit dans les régions infestées régule efficacement ces pullulations : Neodryinus typhlocybae pond dans les larves de la cicadelle pruineuse.

Retrouvez notre article sur l’arrivée de la cicadelle pruineuse au jardin du Luxembourg :

La cicadelle pruineuse est en Ile-de-France !

Une autre cicadelle venue du continent américain :

La cicadelle qui n’existait pas !

L'actualité de la Nature

Å’demères

Oedemera podagrariae, l’œdemère ochracé – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Les œdemères sont des coléoptères de la famille des Oedemeridae qui compte une quarantaine d’espèces et sous-espèces en France. Les adultes sont faciles à  observer en été sur toutes sortes de fleurs où ils viennent se nourrir de pollen. Comme les longicornes (Cerambycidae) dont ils sont proches, leurs larves vivent dans le bois mort ou dans des tiges sèches.

La rencontre entre une demoiselle aux ailes fumées et un œdemère – Maurecourt © CACP – Gilles Carcassès

Les œdemères sont des insectes d’assez petite taille (un centimètre tout au plus).

Oedemera nobilis, l’œdemère noble, aux reflets verts métalliques – Maurecourt © CACP – Esteban Lorente

Chez plusieurs espèces, les mâles arborent des cuisses volumineuses. C’est sans doute un moyen pour se faire remarquer des femelles…

A ce propos, voici l’histoire d’une aventure amoureuse chez les œdemères nobles. La scène se passe à  Vauréal sur une fleur d’églantier :

Oedemera nobliis mâle et femelle © CACP – Gilles Carcassès

Attrape-moi si tu peux !

Coulpe d’œdemères nobles © CACP – Gilles Carcassès

Admirez la performance acrobatique : le mâle nous montre sa face ventrale.

Couple d’œdemères nobles en fuite © CACP – Gilles Carcassès

La femelle a eu peur du photographe et s’est cachée au revers d’un pétale, entraînant son partenaire avec elle. J’ai arrêté là  ma séance de photographie. C’est vrai, ils ont droit à  un peu d’intimité…

Retrouvez d’autres articles sur des coléoptères floricoles :

Les airbags de Malachius

Le téléphore fauve

La cétoine punaise

Les clairons

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Le tigre du Pieris

Stephanitis takeyai, le tigre du Pieris – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Chétifs et décolorés, ils font grise mine les Pieris du patio du Verger, au pied de l’immeuble où je travaille. Les coupables se cachent au revers des feuilles : ce sont des tigres. Certes, de tout petits tigres, mais de terribles ravageurs ! Stephanitis takeyai nous vient du Japon, cet hémiptère de la famille des Tingidae serait arrivé aux Pays-Bas en 1994 et en Grande-Bretagne en 1995. En France, il a d’abord été repéré en 2005 en Vendée puis en Bretagne. Depuis 2014, il sévit aussi en en Ile-de-France. Je l’ai vu sur des Pieris dans des massifs de plantes de terre de bruyère à  Créteil, à  Cergy, à  Rueil-Malmaison.

Les punaises prédatrices et les chrysopes peuvent limiter les populations de cet insecte, mais il est prolifique et capable d’enchaîner plusieurs générations dans l’année.

Stephanitis takeyai © CACP – Gilles Carcassès

Ses ailes au motif en dentelle et doublement barrées de noir miroitent au soleil. Elles sont peu fonctionnelles, aussi l’insecte est peu mobile et on retrouvera d’année en année ses générations successives sur les mêmes plantes dont il suce la sève.

Corythucha ciliata, le tigre du platane © CACP – Gilles Carcassès

Corythucha ciliata est une autre tigre, inféodé au platane. Ce sont ses attaques qui provoquent la décoloration du feuillage de cet arbre en été. Originaire d’Amérique du Nord, le tigre du platane est présent en France depuis 1975.

L'actualité des jardins

Connaissez-vous l’espace naturel sensible du parc de Menucourt ?

En continuité écologique avec le massif de l’Hautil, le domaine du château de Menucourt couvre environ 60 hectares dont plus de la moitié a été classée Espace Naturel Sensible en 2005. Une partie seulement de cet espace est ouvert au public (7 hectares).

La diversité des milieux présents (berges de l’étang, ruisseaux et sources,  prairies, boisements forestiers), les modalités de gestion (fauchage tardif des prairies, préservation de vieux arbres et de bois mort en forêt) et la continuité avec le vaste ensemble forestier de l’Hautil en font un lieu privilégié pour le développement de nombreuses espèces.

Voici quelques images des paysages et des habitants de ce parc :

L’étang du parc de Menucourt © CACP – Marion Poiret
Leste vert sur une tige de rumex © CACP – Marion Poiret
La punaise de l’épiaire des bois © CACP – Gilles Carcassès
La couleuvre à  collier au bord de l’étang © CACP – Marion Poiret
La partie forestière du parc © CACP – Gilles Carcassès
Stereum purpureum affectionne les branches mortes de hêtre © CACP – Gilles Carcassès
Oenopia conglobata, une coccinelle forestière © CACP – Gilles Carcassès
Le cardinal à  tête rouge rencontré sur une ronce, dans une clairière. Sa larve carnassière vit sous les écorces des troncs pourris © CACP – Gilles Carcassès
L’orangerie du parc, utilisée pour des animations nature © CACP – Gilles Carcassès
Un crapaud commun, et une limace suicidaire © CACP – Gilles Carcassès
Leiothrix lutea, le rossignol du Japon, un échappé de captivité qui a fait souche dans le parc © CACP – Gilles Carcassès
Tritons palmés dans l’un des bassins du parc © CACP – Gilles Carcassès
L’aeschne mixte au bord de l’étang © CACP – Marion Poiret

Retrouvez quelques-uns de nos articles relatifs à  la biodiversité du parc du château de Menucourt :

Ero, l’araignée pirate

Les étranges champignons du parc du château de Menucourt

Un escargot poilu !

Pas d’âne

Inventaires au parc du château de Menucourt

Beauté rouge sur une feuille de rumex