Après le tigre du platane, le tigre de l’andromède et le tigre du chantier, voici le tigre du poirier !
Le tigre du poirier est une punaise de la famille des Tingidae. Ses piqures provoquent des décolorations du feuillage qui peuvent être importantes quand ces insectes pullulent. Les taches noires visibles sur la photo sont ses excréments.
Contrairement au tigre de l’andromède (ou tigre du Pieris), cette espèce est indigène. Elle s’attaque surtout aux pommiers et aux poiriers, mais aussi occasionnellement à d’autres plantes telles que les aubépines, les rosiers ou les châtaigniers.
Cette espèce méridionale progresse vers le Nord (encore une !) : elle a été vue en avril 2019 à Bois-Colombes. Est-elle déjà à Cergy-Pontoise ?
A Cergy-Pontoise, 2018 aura été une bonne année pour les observations d’insectes rares ou remarquables ! Voici le résumé de nos découvertes :
Premières observations pour l’Ile-de-France
Aproceros leucopodaest un hyménoptère symphyte invasif d’origine asiatique. Il nous arrive de Belgique. Nous avons observé ce nouveau ravageur de l’orme au bord de l’Oise à Vauréal en juin 2018.
Rhopalomyia tanaceticolaest une cécidomyie dont les larves se développent dans des galles sur les fleurs de tanaisie. Nous avons noté la présence de cet insecte dans le potager de la Ferme d’Ecancourt à Jouy-le-Moutier en juillet 2018.
En fait cette rareté n’en est pas vraiment une, il s’agit plutôt d’une espèce qui n’intéresse pas grand monde. Elle n’a aucun impact économique connu, et comme toutes les espèces qui n’ont pas fait l’objet d’études, elle ne peut pas servir pas d’indicateurs de la qualité des milieux. Alors à quoi bon l’observer ? Il faut reconnaître aussi que pour illustrer des atlas ou des études de biodiversité, les jolis oiseaux, libellules et papillons sont bien plus vendeurs que les moucherons !
J’avais conservé certaines de ces galles dans un bocal et quelques semaines plus tard des adultes en sont sortis. Ils n’ont pas réussi à se dégager complètement de leur pupe. Peut-être que l’atmosphère de mon élevage était trop sèche… On voit sur cette photo que ce minuscule insecte est bien un diptère, on distingue l’un des balanciers (cliquez sur l’image pour l’agrandir).
Premières données pour le Val d’Oise
Saperda perforataest un longicorne dont les larves consomment le bois mort des peupliers. Nous l’avons observé au parc de Grouchy à Osny en mai 2018.
Stephanitis takeyaiest un ravageur asiatique invasif qui s’attaque aux Pieris. C’est un organisme suivi par la Fredon Ile-de-France. Nous l’avons découvert dans le patio de nos bureaux à Cergy.
Il faut ajouter à ce tableau de chasse un syrphe rare qui ressemble à s’y méprendre à certaines espèces de guêpes :
Sphiximorpha subsesilis pond dans les suintements des vieux arbres pourris, dans les zones humides. Nous avons eu la chance de tomber dessus. Ce diptère a été observé dans le parc du château de Marcouville à Pontoise en mai 2018.
Retrouvez plus d’informations sur ces espèces dans nos reportages :
Chétifs et décolorés, ils font grise mine les Pieris du patio du Verger, au pied de l’immeuble où je travaille. Les coupables se cachent au revers des feuilles : ce sont des tigres. Certes, de tout petits tigres, mais de terribles ravageurs ! Stephanitis takeyai nous vient du Japon, cet hémiptère de la famille des Tingidae serait arrivé aux Pays-Bas en 1994 et en Grande-Bretagne en 1995. En France, il a d’abord été repéré en 2005 en Vendée puis en Bretagne. Depuis 2014, il sévit aussi en en Ile-de-France. Je l’ai vu sur des Pieris dans des massifs de plantes de terre de bruyère à Créteil, à Cergy, à Rueil-Malmaison.
Les punaises prédatrices et les chrysopes peuvent limiter les populations de cet insecte, mais il est prolifique et capable d’enchaîner plusieurs générations dans l’année.
Ses ailes au motif en dentelle et doublement barrées de noir miroitent au soleil. Elles sont peu fonctionnelles, aussi l’insecte est peu mobile et on retrouvera d’année en année ses générations successives sur les mêmes plantes dont il suce la sève.
Corythucha ciliata est une autre tigre, inféodé au platane. Ce sont ses attaques qui provoquent la décoloration du feuillage de cet arbre en été. Originaire d’Amérique du Nord, le tigre du platane est présent en France depuis 1975.