Lors d’une opération à la zone humide de Maurecourt, nous avons fait une rencontre pour le moins étonnante, entre Chénopodes et Oseilles ou encore Laiterons et Cirses, se cachait une plante mystérieuse : l’armoise bisannuelle.
Cette armoise a un développement particulièrement élancé, d’une hauteur pouvant aller de 40 cm à 1 m voire plus encore. On la croise en général dans des friches sur alluvions, dans des milieux plutôt exposés. Contrairement à sa cousine Artemisia vulgaris, elle est très rare en àŽle-de-France.
Les fleurs de couleur verte sont assez petites mais très nombreuses sur l’ensemble de la plante, la tige principale est plutôt rougeâtre dans l’ensemble tout en gardant un vert pâle clairsemé. Les feuilles vertes mesurant jusqu’à maximum 13 cm sont découpées très finement et dotées de dents espacées.
Le genre « Artemisia » fait référence à la déesse de la mythologie grecque Artemis, à qui l’armoise était consacrée.
Sources :
La flore d’Ile-de-France de Philipe Jauzein et Olivier Nawrot
Il y a quelques semaines, j’ai suivi une formation sur la reconnaissance des Characées. J’y ai découvert des plantes absolument fascinantes et dont la reconnaissance est relativement abordable. Je crois me souvenir en avoir vu il y a plus d’un an à Vauréal. J’espère qu’il me reste de quoi l’identifier.
Bonne nouvelle, j’ai bien quelques photos de l’herbier et encore mieux, il s’agit bien de characées !
Les characées font partie des algues vertes. Les différentes espèces tolèrent des conditions écologiques différentes, mais de manière générale, la présence de characées traduit une très bonne qualité de l’eau. Ces plantes ayant un grand besoin de lumière, elles ne tolèrent pas de fortes turbidités dans l’eau. Elles auraient même une action sur l’épuration de l’eau (des nitrates et des carbonates). Malheureusement, elle sont devenues terriblement rares.
Les plus vieux fossiles connus de characées datent d’il y a 420 millions d’années, c’est l’une des plus anciennes formes végétales connues. Une bonne partie des espèces ont disparu lors des cinq crises biologiques majeures, mais celles subsistant aujourd’hui existaient déjà il y a 400 millions d’années ! Une longévité exceptionnelle pour une espèce (on estime à 50 millions d’années la durée moyenne d’une espèce, entre apparition et extinction). Aujourd’hui, la sixième crise biologique et la disparition des milieux favorables ont fortement réduit les populations de characées. Il reste en àŽle-de-France 26 espèces (40 en France et environ 400 dans le monde). C’est un chiffre inquiétant compte tenu de l’intérêt patrimonial et écologique des characées mais relativement rassurant pour un naturaliste débutant dans le domaine : 26 espèces, on apprend vite les critères ! A titre d’exemple, les plantes à fleurs indigènes en àŽle-de-France sont environ 1600.
Gilles avait récupéré un fragment pour le photographier de près. D’après les critères de la clé de détermination, il s’agit de Chara vulgaris. Sans doute la moins rare des Characées d’àŽle-de-France, mais tout de même !
Lors de la formation, j’ai tenté quelques prise de photo des échantillons observés à la loupe. On voit ici l’oogone (la cellule reproductrice femelle) de Chara vulgaris.
La formation avait lieu du côté de Fontainebleau, hotspot de biodiversité dans la région, aussi, nous avons eu la chance de voir plusieurs espèces de characées (environ une dizaine). J’espère que mes prochaines prospections me permettront d’en trouver sur le territoire, certaines sont vraiment très élégantes.
En début d’été un informateur m’indique qu’aux bords de la mare de l’Hautil se trouve une plante rare (encore une !) en fleurs à ce moment : une sagittaire. Intéressant, car cette plante aquatique des milieux calmes et stagnants est en effet peu commune dans la région, concentrée essentiellement dans les grandes vallées (l’Ourcq, la Viosne, l’Orge, le Morin, …).
L’espèce indigène, documentée en àŽle-de-France, est Sagittaria sagittifolia, la sagittaire à feuille de flèche car elle présente des feuilles à pointes aigues et fines comme la pointe d’une flèche. Elle est également reconnaissable à ses fleurs dont les pétales présentent au centre un onglet pourpré.
Or, s’il y a bien des sagittaires en fleurs en juillet aux bords de la mare, ce ne sont pas des Sagittaria sagittifolia, mais Sagittaria latifolia, la sagittaire à larges feuilles ! Cette espèce-là a des feuilles obtuses et beaucoup plus larges et des fleurs entièrement blanches. Elle est essentiellement connue sur les rives de la Garonne et de la Dordogne. Que peut-elle bien faire dans un milieu si septentrional ?
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
En repérage du côté de la mare de l’Hautil, nous avons eu la bonne surprise de découvrir cette petite fleur au bord de la mare et dans les fossés côté Jouy-le-Moutier. La pulmonaire à longue feuille est rare en àŽle-de-France, selon la base de données CETTIA. Décidément, la mare de l’Hautil regorge de pépites botaniques. Des 12 espèces de Pulmonaria recensées dans l’INPN, Pulmonaria longifolia est la seule présente naturellement en àŽle-de-France.
De la famille des Boraginacées elle présente des caractéristiques communes à d’autres plantes de cette famille. Comme le myosotis, sa cyme est scorpioà¯de et s’enroule telle la queue d’un scorpion. Comme la vipérine ou la bourrache, ses fleurs passent du rose au bleu soutenu en quelques jours après la floraison.
Due à une modification du pH dans les cellules florales, cette variation de couleur pourrait être un avantage reproductif pour la fleur. En effet, la plante a besoin du concours des bourdons pour assurer sa pollinisation. Et, pour être efficace, elle a besoin que les bourdons visitent des fleurs de plusieurs individus différents (afin d’optimiser le brassage génétique).
Or, il apparaît que les fleurs roses de pulmonaire attirent plus les bourdons que les fleurs bleues. Attiré par la masse florale d’un individu de Pulmonaria le bourdon butinera préférentiellement les fleurs roses (jeunes, et donc ayant moins de chance d’avoir été déjà butinées) et passera rapidement au pied suivant, emportant avec lui le pollen à échanger avec les individus voisins. Les fleurs bleues, plus âgées de quelques jours ayant été, a priori, déjà butinées. Les fleurs d’une même cyme s’ouvrant de manière échelonnée dans le temps, le brassage est optimisé.
Les feuilles de la pulmonaire sont également assez impressionnantes. A la fois duveteuses et rugueuses, elles présentent des taches blanches ressemblant à des alvéoles pulmonaires qui auraient donné son nom à la fleur : herbe aux poumons ou pulmonaire.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Heliotropium europaeum est une plante annuelle herbacée. Dans le Val d’Oise, la base de données du Conservatoire botanique national du Bassin parisien (Flora) n’indique que deux données de localisation : une à Vétheuil et l’autre à Asnières-sur-Oise. L’héliotrope d’Europe est une plante classée « très rare » dans la base de données régionale, elle est aussi une espèce déterminante pour l’inventaire ZNIEFF. Gilles et Emilie en ont découvert une station à Osny en septembre dernier, sur un talus ensoleillé dans le secteur du moulin de Busagny.
On peut la trouver dans les jachères, les friches urbaines et les pelouses piétinées. En effet, elle a la particularité d’arriver à pousser spontanément dans les espaces modifiés par l’activité de l’Homme. La plante est thermophile, elle affectionne les sols chauds et secs. Ce talus a toutes les qualités requises pour son développement.
Attention, l’héliotrope est toxique.
Son nom de genre, Heliotropium, fait référence au fait qu’elle tourne ses feuilles en fonction de la position du soleil dans le ciel. En réalité, cette particularité n’est pas réservée à l’héliotrope seule puisque c’est aussi le cas de nombreuses autres plantes.
Une inflorescence en queue de scorpion
L’héliotrope, tout comme le myosotis des marais (Myosotisscorpioides), présente une inflorescence dite « scorpioà¯de » : son extrémité se replie sur elle-même telle la queue d’un scorpion. Jusque récemment, les deux plantes faisaient partie de la famille des Boraginacées. Pour des raisons génétiques l’héliotrope a maintenant sa propre famille, celle des Heliotropiacées.
Sa cousine horticole
L’héliotrope du Pérou (Heliotropium arborescens) est utilisée en horticulture pour sa floraison colorée et parfumée. L’arbrisseau est cultivé comme plante annuelle pour garnir les massifs, mais attention aux gelées qui lui seraient fatales !
De grosses fleurs jaunes, une plante bien dressée et des feuilles douces comme des caresses, pas de doute nous avons affaire à un molène (plantes du genre Verbascum) !
Tâche à nous maintenant de l’identifier parmi les 8 espèces présentes en àŽle-de-France. Les critères de différenciation sont assez simples, bien que peu ordinaires. Nous commençons par observer la couleur des poils des étamines ! Ici ils sont blancs. Le stigmate a une forme de massue et les feuilles sont très décurrentes : il s’agit bien de Verbascum densiflorum, le molène à fleurs denses, espèce rare en àŽle-de-France. Et nous en avons vu deux stations : une à Osny et une à Pontoise. Sur cette dernière d’ailleurs les individus avaient un port ramifié peu fréquent chez cette espèce. Que de trouvailles !
Des feuilles à câliner
La plupart des molènes ont cette particularité d’avoir des feuilles extrêmement poilues qui les rend très douces au toucher. L’aspect cotonneux est même visible à l’œil. Cela leur donne un charme tout particulier.
Sources :
La Flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Ces fleurs blanches flottant avec légèreté dans la Viosne appartiennent à la renoncule à pinceau (Ranunculus penicillatus). Cette plante aquatique est notée comme étant extrêmement rare dans la région.
Elle est très proche de la renoncule des ruisseaux (Ranunculus fluitans) et les botanistes ne sont pas toujours d’accord sur la séparation de ces deux espèces. On manque encore d’information sur les populations de Ranunculus penicillatus mais on sait que Ranunculus fluitans est « vulnérable » selon la liste rouge régionale (elle pourrait devenir de plus en plus rare). Elle était pourtant « très commune » dans les flores anciennes. Il est probable qu’il en soit de même pour Ranunculus penicillatus. De plus, elles se développent toutes deux essentiellement dans les eaux courantes, claires et non polluées. En trouver une si belle station dans la Viosne est une très bonne nouvelle. D’autant plus qu' »elle n’était pas là il y a trois ans », nous dit un habitant rencontré sur place.
Les collègues de la GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et protection des inondations) étaient avec nous lors de notre découverte. Nous comptons sur eux pour garantir la survie de cette station.
La reconnaître à coup sà»r
Cette renoncule étant considérée comme « extrêmement rare » et « vulnérable » elle est suivie d’assez près par les botanistes de la région. Il ne faut donc pas commettre d’impair en signalant la mauvaise plante dans les bases de données régionales. Voici les éléments de la clé qui nous permettent d’être certains de notre identification :
Les pétales de cette renoncule sont blancs
Les feuilles sont toutes découpés en lanières filiformes
La plante « nage » dans le courant et atteint jusqu’à 6 mètres de long
Il y a des poils sur le réceptacle de la fleur.
Nous arrivons donc à Ranunculus penicillatus, la renoncule à pinceau.
Affaire à suivre !
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot