L'actualité de la Nature

Le gardien de la bétoine

Parmi les bétoines en fleurs – Saint-Ouen l’Aumône © CACP – Gilles Carcassès

Parmi les fleurs de bétoine, bien jolie lamiacée, s’agite une drôle d’abeille : l’anthidie à  sept épines. Son manège a attiré un mâle et l’accouplement a lieu sous nos yeux.

Accouplement d’anthidies © CACP – Gilles Carcassès

La femelle, nettement plus petite, est au-dessus sur la photo. On voit qu’elle porte, comme toutes les Megachilidae femelles, une brosse ventrale destinée au transport du pollen. Chez cette espèce, la brosse est blanche.

Anthidium septemspinosum – Saint-Ouen l’Aumône © CACP – Emilie Périé

Le mâle est équipé, comme son nom l’indique, de sept épines sur son postérieur. On en voit une sur l’image ci-dessus. Elles lui servent à  défendre farouchement son territoire.

D’ailleurs, quelques mètres plus loin une bataille fait rage. Deux anthidies mâles se disputent la propriété d’une bardane. Les deux abeilles volant à  toute allure, se lancent l’une sur l’autre l’abdomen en avant. Le but ? Déchirer les ailes de l’adversaire avec les épines acérées. Le choc est violent, et les belligérants tombent au sol.

Le vainqueur, n’ayant pas été blessé, remonte ensuite se poster sur une feuille de bardane pour faire le guet. Il n’admet aucun intrus sur son territoire.

On ne s’approche pas !

Anthidium septemspinosum – Saint-Ouen l’Aumône © CACP – Emilie Périé

Retrouvez une autre histoire d’anthidie dans cet article :

L’anthidie à  manchette

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La mégachile des jardins

 

Megachile willughbiella femelle – Paris © CACP – Gilles Carcassès

Ceci n’est pas une abeille domestique, elle n’a pas de corbeille sur ses pattes postérieures pour transporter le pollen (comme on le voit dans cet article), mais elle est équipée, pour cette collecte, de brosses sous son abdomen. Il s’agit ici d’une espèce du genre Megachile, et avec cette pilosité et ces couleurs, les experts me disent que j’ai photographié une femelle Megachile willughbiella.

Megachile willughbiella mâle – Paris © CACP – Gilles Carcassès

Un peu plus tard sur la même plante se pose le mâle de cette espèce. Ses pattes antérieures portent une épaisse frange de longs poils blancs, attribut de séduction auquel les femelles sont sensibles, paraît-il.

Megachile willughbiella est l’une des espèces les plus communes du genre en Ile-de-France. Elle butine les fleurs de nombreuses Fabaceae et Lamiaceae, notamment les épiaires comme sur les photos ci-dessus. On la rencontre souvent dans les jardins.

Cette abeille est une découpeuse de feuilles. Les pastilles arrondies que les mégachiles prélèvent sur le limbe des rosiers ou d’autres plantes servent à  confectionner les cellules dans lesquelles vont se développer ses larves. Celles-ci se nourrissent d’un mélange de pollen et de nectar approvisionné par la femelle.

Sources :

Megachile willughbiella par sparealites.be

Clé illustrée des Megachilidae de Belgique, par Alain Pauly

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L’anthidie à  manchettes

Anthidie sur l’épiaire à  feuilles de menthe – Paris © CACP – Gilles Carcassès

Stachys menthifolia, l’épiaire à  feuilles de menthe, est une Lamiaceae endémique de Yougoslavie, Grèce et Albanie. On peut en voir quelques pieds dans les parterres de l’école de botanique au Jardin des plantes de Paris. A l’évidence, cette plante exerce une très forte attraction pour de nombreuses espèces d’abeilles, dont des anthidies.

Anthidium manicatum © CACP – Gilles Carcassès

Je suis cette grosse anthidie du regard : elle patrouille inlassablement dans le petit massif fleuri. En vol stationnaire, elle surveille son territoire et n’hésite pas à  foncer sur les autres butineurs, en particulier les abeilles domestiques qui ne demandent pas leur reste.

Anthidium manicatum – Paris © CACP – Gilles Carcassès

Il faut dire que ses mandibules acérées ont de quoi impressionner les intrus ! La bête a aussi de redoutables épines à  l’extrémité de son abdomen.

Anthidium manicatum mâle – Paris © CACP – Gilles Carcassès

De temps en temps, l’insecte fait une pose sur une feuille, ce qui me permet une approche. Je distingue la pilosité rousse sur les côtés de l’abdomen qui me confirme l’espèce Anthidium manicatum. Il s’agit d’un mâle, beaucoup plus gros que la femelle qui vient se nourrir sur les fleurs, et que je n’ai pas réussi à  photographier.

Les anthidies sont dites abeilles cotonnières parce qu’elles récoltent des boules de poils avec leurs mandibules sur les feuilles de plantes très duveteuses comme les balottes, les molènes ou l’épiaire laineuse pour construire leur nid.

Sources :

L’anthidie cotonnière, un mâle vindicatif, par Alain Cipière

L’anthidie à  manchettes par sparealites.be

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La découpeuse de feuilles

Belle de nuit aux feuilles découpées © CACP – Gilles Carcassès

Serait-ce une bestiole vorace avec un grande bouche qui fait ces profondes découpes dans ma belle de nuit ? Non, ce ne sont pas des traces de repas. C’est l’ouvrage d’une mégachile. Avec ses mandibules, cet hyménoptère découpe comme avec des ciseaux des pastilles de feuilles et les emporte une à  une pour construire son nid.

Reste à  trouver le nid. Voilà  le site :

Botte de paille et belle de nuit © CACP – Gilles Carcassès

Si j’étais une abeille solitaire, où établirais-je mon nid ?  Voyons : un endroit bien isolé, à  l’abri des intempéries… Dans la paille bien sà»r !

C’est la réserve pour le poulailler, et pour éviter que le vent ne me l’éparpille, j’ai lesté la botte avec un chaperon de muret en béton. Je le soulève précautionneusement.

Sous le chaperon © CACP – Gilles Carcassès

Ce long « cigare » est bien le nid de la mégachile. Les découpes de feuilles sont courbées et assemblées à  la manière de tuiles pour former un fourreau cylindrique dans lequel l’abeille stocke des boulettes de pollen, réserves de nourriture pour ses larves. Puis elle en bouche l’entrée avec le même matériau. La nouvelle génération émergera l’été prochain.

Le nid d’une mégachile © CACP – Gilles Carcassès

Il y a deux autres nids à  côté, l’un d’eux, plus court, est manifestement de construction récente car les morceaux de feuilles sont encore bien verts. Il est occupé : je vois le derrière d’une abeille qui s’active ! Alors je décide de ne pas déranger plus longtemps et je remets le chaperon à  sa place.

Mégachile sur une fleur de cirse commun – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Les mégachiles récoltent le pollen sur leurs brosses ventrales, sous l’abdomen. L’espèce ci-dessus a des brosses rousses. Lorsqu’elles butinent, les mégachiles prennent souvent cette pose comique, abdomen redressé.

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