L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Beau comme un lombric

Lombric irisé © Gilles Carcassès
Lombric montrant une belle irisation – Cergy © Gilles Carcassès

Sorti de sa motte de terre pour les besoins de la science, ce lombric brille de vives couleurs au soleil. C’est sans doute un phénomène optique d’iridescence. De tout près, le spectacle est fascinant.

La présence d’un clitellum (partie orange en relief sur cette photo) indique que cet individu est un adulte. Ce clitellum sécrète un mucus qui aide les vers à  se coller l’un contre l’autre lors de l’accouplement (les pauvres, ils n’ont pas de bras !). Les lombrics sont hermaphrodites et se fécondent mutuellement. Le clitellum fabrique aussi les cocons qui protègeront les œufs.

La mise du protocole de l'Observatoire participatif des vers de terre - Cergy © Gilles Carcassès
La mise en œuvre du protocole de l’Observatoire participatif des vers de terre – Cergy © Gilles Carcassès

Les sondages que nous avons effectués dans un potager à  Cergy, dans le cadre du protocole de l’Observatoire participatif des vers de terre, ont montré une corrélation marquée entre l’abondance de vers et la proximité des buttes de déchets verts (garnies l’an dernier de courgettes). Nous avons trouvé 3 fois plus de vers aux abords de ces buttes que dans les autres parties bêchées et retournées ou dans les allées enherbées du jardin. Ce sont surtout les anéciques, grands consommateurs de matière organique qui sont favorisés. Logiquement, les vers épigés, que l’on trouve en grand nombre dans les tas de fumiers et les composteurs, pourraient être aussi favorisés mais nous n’en avons pas trouvés. Ils étaient sans doute plus au cœur du tas de déchets verts.

Les buttes de déchets de verts peuvent être directement plantées de végétaux, comme les courges et les potirons, qui apprécient les sols très riches en matière organique plus ou moins décomposée.

Quant à  la culture en lasagnes, elle constitue une bonne solution pour créer un jardin sur une surface impropre à  la culture. En revanche, lorsqu’un sol fertile est présent, la matière organique apportera beaucoup plus de bienfaits épandue sur le sol qu’enfouie dans une butte : La culture sur « butte de permaculture », une technique qui fait débat.

 

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La cabane du ver de terre

Cabane de lombric © Gilles Carcassès
Cabane de lombric © Gilles Carcassès

Au bord d’un chemin dans le parc de Grouchy à  Osny, je remarque cette curieuse construction à  base de feuilles mortes. Elles sont à  moitié enfouies dans le sol et mêlées à  de la terre. Et cette chose n’est pas seule, il y en a une tous les vingt centimètres environ.

Ce sont les cabanes des vers de terre anéciques. Vous les avez déjà  rencontrés au jardin : ce sont ces grands vers dont la partie avant est plus sombre que l’arrière. La nuit, ils sortent leur tête au dehors, s’étirent et prospectent la surface du sol. Avec leur bouche, ils attrapent les feuilles mortes et les brindilles et les tirent à  eux jusque dans les premiers centimètres du sol, comme le montre cette vidéo. Des bactéries et des champignons décomposent alors ces débris en une matière organique que consommera le lombric.

Cabanes © Gilles Carcassès
Trois cabanes © Gilles Carcassès

Les pluies d’hiver ont quelque peu raviné le chemin, emportant les feuilles et les branchettes tombées et dégageant ainsi à  la vue les fameuses cabanes dont la densité montre que ce sol est très habité.

La cabane du lombric © Gilles Carcassès
Une autre cabane de lombric © Gilles Carcassès

Des chercheurs étudient les vers de terre et leurs actions dans les sols

Les goélands savent faire sortir les vers de terre pour les manger

Les vanneaux aussi !

Pour étudier les vers de terre : le protocole moutarde

Les vers de terre, un article de Jardins de Noé

 

 

L'actualité des jardins

Souffler n’est pas jouer

Acer platanoides © Gilles Carcassès
Acer platanoides – parc de Bois-Préau à  Rueil-Malmaison © Gilles Carcassès

Avec l’automne, est revenu le temps des feuilles mortes. La communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise dans l’entretien de ses parcs publics, limite au maximum l’emploi des souffleuses de feuilles. Seuls les souffleurs électriques, moins bruyants, sont tolérés pour dégager les allées et les pelouses. Et les feuilles dans les bosquets sont laissées en place pour l’amélioration de la biodiversité et de la qualité des sols.

Les feuilles mortes participent en effet au cycle de la vie : la matière organique est alors restituée au milieu, via le travail des animaux du sol, et l’humus ainsi constitué assure le bon développement et la bonne santé des arbres.

Les vers de terre sont en première ligne dans cette transformation vitale. Ceux qui vivent près de la surface sortent la nuit, prennent dans leur bouche les débris végétaux et les emmènent avec eux dans les premiers centimètres du sol. Des champignons et des bactéries dégradent alors ces éléments en matières organiques que consomment les lombrics. Ce travail d’enfouissement est facile à  observer sous les arbres en écartant la litière : les brindilles et les feuilles sont assemblés en cabanes.

La cabane du lombric © Gilles Carcassès
La cabane du lombric © Gilles Carcassès

Les brindilles dressées dans la cabane sont enfoncées dans le sol et se dégradent très rapidement.

A leur tour de nombreux oiseaux de nos jardins (les merles, les grives, le rouge-gorge, l’accenteur mouchet…) consomment ces vers de terre ainsi que les petits habitants de la litière comme les cloportes, les limaces ou les mille-pattes.

L'accenteur mouchet se nourrit au sol © Gilles Carcassès
L’accenteur mouchet se nourrit au sol © Gilles Carcassès

Ces feuilles fournissent aussi de nombreux abris pour la faune auxiliaire des jardins : hérissons, carabes, coccinelles et chrysopes.

Voir aussi :

Les oiseaux, les souffleuses et les feuilles mortes, article d’Ornithomedia

L'actualité des jardins

Le protocole moutarde

© Gilles Carcassès
Devinerez-vous quel temps nous avons eu ? © Gilles Carcassès

Natureparif organisait les 23 et 24 mars 2015 une formation sur la pédologie (science des sols) et les vers de terre. Ce stage avait rassemblé des participants d’horizons très divers : jardiniers, chercheurs, enseignants, gestionnaires de parcs, naturalistes, formateurs, présidents d’associations, étudiants, animateurs… Un beau brassage et des échanges très riches en conséquence !

Les cours théoriques furent complétés par une séance de travaux pratiques dans le jardin pédagogique du parc de la Villette à  Paris.

Le protocole moutarde nécessite de la méthode et un esprit rigoureux pour respecter la recette, et chronométrer les temps de capture des vers qui sortent du sol. Le principe en est simple : la moutarde est un irritant qui incite les vers à  quitter leurs terriers et fuir sur le sol.

La recette des vers à  la moutarde

© Gilles Carcassès
Le protocole demande qu’on déborde « légèrement » du gabarit d’un mètre carré © Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès
La pince à  ver de terre (dans toute bonne pharmacie) permet de les saisir sans les blesser © Gilles Carcassès

Tous les vers récoltés (il faut des réflexes !) sont placés dans un récipient avec de l’eau. Ceux-ci sont ensuite comptés et triés en deux classes d’âge, les adultes (possédant un clitellum ou anneau) et les juvéniles, et quatre groupes écologiques (les épigés, les endogés, les anéciques à  tête rouge, les anéciques à  tête noire) à  l’aide de la clé de détermination des vers de terre.

Le protocole bêche est moins cruel. Il nécessite quelques muscles, et tout autant des chaussures adaptées.

© Gilles Carcassès
Le creusement d’un trou au gabarit du protocole © Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès
Le contenu des mottes est patiemment trié à  la main sans rigolades excessives source de déconcentration © Gilles Carcassès
© Gilles Carcassès
Les individus douteux peuvent être expédiés au loboratoire pour identification © Gilles Carcassès

Avant de rejoindre l’alcool du pilulier pour identification ultérieure sous binoculaire, il faut prendre une photo pour noter la couleur. La pièce de monnaie n’est pas pour le photographe, elle sert à  donner l’échelle.

© Gilles Carcassès
La cabane du lombric © Gilles Carcassès

Qui a planté ces brindilles dans le sol ? C’est le ver de terre ! Les vers du groupe des anéciques, parmi lesquels on trouve le lombric commun, construisent des cabanes constituées de débris de végétaux et de turricules (leurs excréments). En sortant la tête hors du sol, ils s’allongent et saisissent autour d’eux des fragments végétaux (ici des feuilles mortes et des brindilles). Ils entrainent dans les profondeurs de leur terrier ces éléments qui se décomposent rapidement. Les vers consomment alors cette matière organique. Regardez attentivement sous les arbres : il n’est pas rare de trouver un cabane de lombric tous les 20 centimètres.

Tout le détail du protocole

Vidéo : le ver enfouit des feuilles dans son terrier

Vers de terre et pesticides (INRA 2014)

Synthèse sur l’état de sols de France (Gissol 2011)

http://agriculture.gouv.fr/Le-ver-de-terre-de-nos-jardins-ce

http://www.jardinsdenoe.org/la-biodiversite-des-jardins/les-vers-de-terre

http://www.jardiner-autrement.fr/fiches-techniques/auxiliaires-indigenes/485-les-vers-de-terre

http://vigienature.mnhn.fr/blog/ne-pas-manquer/lumiere-sur-des-super-heros

L'actualité de la Nature

La danse du goéland

Au pied de la Philharmonie de Paris, sur une pelouse du parc de la Villette, j’ai observé ces jours-ci une nouvelle danse très à  la mode : mouettes rieuses, étourneaux, merles, tout le monde s’y mettait (avec plus ou moins d’élégance). Surclassant les autres oiseaux par son sens du rythme et sa virtuosité, le meilleur artiste était incontestablement le goéland.

Y aurait-il un rapport avec le célèbre festival de hip-hop de la Grande Halle de la Villette ?

Pas du tout ! Il s’agit d’une technique apprise par ces oiseaux pour faire sortir les vers de terre dont ils se nourrissent. Les lombrics en effet sont sensibles aux vibrations. On prétend qu’ils fuient à  l’approche des taupes. Cela me paraît une explication plausible. En tout cas, ça fonctionne !

Goéland immature © Gilles Carcassès
Goéland immature © Gilles Carcassès

Avez-vous déjà  observé des oiseaux pratiquer cette technique ?