L'actualité de la Nature

Naissance d’une cigale

Les inventaires éclairs organisés par Natureparif sont le grand rendez-vous de terrain des naturalistes franciliens. Pour le pique-nique du dimanche 14 mai 2017, les participants avaient investi une vaste prairie sèche à  Jeufosse avec un joli point de vue sur la vallée de la Seine.

Une larve inconnue

A mi-sandwich, je remarque un attroupement. Quelqu’un a trouvé dans l’herbe une drôle de larve.

C’est quoi, cette larve ? © CACP – Gilles Carcassès

Les experts se consultent  : ce serait une larve de cigale, du genre Cicadetta et du groupe d’espèces montana. Après une séance photos digne du festival de Cannes, il est décidé de la remettre dans l’herbe.

Larve de Cicadetta © CACP – Gilles Carcassès

Rapidement, la larve entreprend l’escalade d’une tige sèche. Normal pour une larve de cigale : après deux ans passés sous terre à  ronger des racines, le moment est venu de se nymphoser.

Nymphe de Cicadetta © CACP – Gilles Carcassès

L’ascension semble terminée. A une vingtaine de centimètres du sol, la larve s’immobilise et se transforme en nymphe. Comme il ne se passe plus rien, je retourne à  mon sandwich.

L’émergence © CACP – Gilles Carcassès

L’émergence de la cigale !

Je reviens après ma banane, et quelques bavardages. La cuticule du dos de la nymphe s’est déchirée, l’adulte s’en est extrait et prend une posture acrobatique. Les ébauches d’ailes de notre cigale ne sont pas encore déployées. Entre ses pattes avant, on aperçoit le rostre avec lequel elle aspirera la sève des arbres pour se nourrir.

Cicadetta sur son exuvie © CACP – Gilles Carcassès

Je repasse dans l’après-midi pour voir l’évolution de cette émouvante métamorphose. Cela commence à  ressembler à  une cigale ! Elle a encore besoin de quelques heures sans doute pour sécher, ainsi accrochée à  son exuvie, durcir ses ailes puis prendre son envol. Je l’abandonne à  regret, pour rejoindre un groupe motivé qui part fouiller dans des bouses de vache à  la recherche de fabuleux coléoptères coprophages…

Quelle Cicadetta ?

Il existe six espèces de Cicadetta en France. En l’occurrence, nous avons peut-être affaire à  Cicadetta cantilatrix, la cigale fredonnante. Cette espèce a été découverte en 2007 lors de prospections entomologiques dans la Réserve Naturelle Nationale des coteaux de la Seine, pas très loin de Jeufosse. On ne peut la distinguer des autres espèces de Cicadetta que par l’analyse du chant du mâle, faible et très aigu (un truc pour attirer les femelles). Autrement dit, il faudra revenir sur les lieux de la découverte, avec de bonnes oreilles, pour espérer l’identifier.

La cigale fredonnante, article du Muséum national d’Histoire naturelle

Retrouvez mon reportage sur les inventaires éclairs.

L'actualité de la Nature

La punaise de l’aubépine

La photo mystère de mars 2017 n’était pas une tortue ninja, ni une langue au chat. Rien à  voir non plus avec Hulk. Merci à  tous ceux qui ont joué et bravo à  Siegried qui, le premier, a su identifier la bête !

Acanthosoma haemorrhoidale – Courdimanche © CACP – Gilles Carcassès

Ici photographiée sur le revers d’une feuille de cotonéaster, cette grande punaise verte et rouge a une préférence pour les fruits des aubépines, mais on peut la trouver sur d’autres arbres ou arbustes. C’est l’une des punaises les plus communes dans les haies. Les adultes passent l’hiver dans les feuilles mortes. Comme beaucoup d’autres punaises, elle sécrète un liquide malodorant si on l’importune.

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Parc François-Mitterrand à  Cergy : la nature en hiver

© Gilles Carcassès
Platane, au parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Le parc François-Mitterrand, depuis les travaux de rénovation écologique, est devenu un haut lieu de la biodiversité ordinaire. Cela n’a pas échappé à  quelques étudiants au sens artistique développé.

© Gilles Carcassès
Mouettes sur le bassin gelé © Gilles Carcassès

Très bruyantes et bien visibles, une cinquantaine de mouettes rieuses ont établi leur quartier d’hiver dans le parc, comme l’an dernier. Elles sont venues d’Europe du Nord et de l’Est, attirées par la douceur du climat. Je guette depuis début décembre le retour de nos habituées de Pologne, de Belgique et de Tchéquie.

L'une de nos mouettes tchèques est revenue - Cergy décembre 2016 © Gilles Carcassès
L’une de nos mouettes tchèques est arrivée – Cergy décembre 2016 © Gilles Carcassès

Cliquez sur l’image pour lire le numéro de la bague posée par le Muséum de Prague : ES 15.728 est bien là  ! Cette native de Vojkovice  était déjà  venue en janvier 2015.

D’autres habitants du parc sont plus discrets en cette saison.

© Gilles Carcassès
Gendarmes en planque © Gilles Carcassès

Sur le tronc de ce cèdre, chaque fissure est mise à  profit. Les gendarmes se pressent les uns contre les autres dans ces abris en attendant le retour des beaux jours. Mais regardez bien, ne dirait-on pas qu’une autre espèce, avec un point blanc tout rond sur la membrane noire, occupe aussi les lieux ?

© Gilles Carcassès
Melanocoryphus albomaculatus, sous l’antenne d’un gendarme – Cergy © Gilles Carcassès

Effectivement, quelques Melanocoryphus albomaculatus ont rejoint les troupes de gendarmes. Ces punaises consomment les fruits des Astéracées, notamment ceux des séneçons. Les gendarmes, quant à  eux, se nourrissent des fruits des tilleuls et aussi des mauves. Ici, point de tilleuls à  proximité, mais une très belle prairie riche en mauves et en séneçons.

Harmonia axyridis © Gilles Carcassès
Harmonia axyridis – Cergy © Gilles Carcassès

Une coccinelle asiatique, retardataire, inspecte les fissures du tronc et cherche un logement encore vacant pour se mettre à  l’abri du froid. Tu t’y prends bien tard, petite coccinelle…

 

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Le mystère du puceron géant

L'allée des saules au parc François- Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès
L’allée des saules au parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Que s’est-il donc passé au pied de cet arbre pour que le sol soit aussi noirci ?

© Gilles Carcassès
Colonie de Tuberolachnus salignus sur un saule – Cergy © Gilles Carcassès

Les responsables, ce sont ces pucerons et leur miellat abondant qui est tombé au sol et sur les feuilles des plantes basses. Des moisissures se sont développées sur ce miellat et ont formé ce dépôt noir que l’on nomme fumagine.

© Gilles Carcassès
Tuberolachnus salignus en promenade sur des lichens – Cergy © Gilles Carcassès

Voici l’un de ces pucerons de grande taille (5 mm). L’ornementation caractéristique de leur abdomen confirme l’espèce Tuberolachnus salignus, le puceron géant du saule.

© Gilles Carcassès
L’étonnant tubercule dorsal du puceron géant du saule qui rappelle un aileron de requin © Gilles Carcassès

Chaque année à  la sortie de l’hiver, le puceron géant du saule disparaît. On le voit à  nouveau sur les saules à  partir de juillet. Où est-il passé entre temps ? Personne ne le sait. Au printemps prochain, c’est décidé, je vais en suivre un pour le découvrir.

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Palomena et Nezara

Les punaises vertes ont aussi leurs couleurs d’automne : elles virent au brun. C’est sans doute qu’ainsi elles sont mieux camouflées quand la végétation qui les abritent n’est plus verdoyante.

Nezara viridula © Gilles Carcassès
Nezara viridula s’est posée près de ma fenêtre et demande asile pour l’hiver © Gilles Carcassès

Nezara viridula est la plus fréquente des grandes punaises vertes. Cosmopolite d’origine africaine, elle est en progression en France depuis 1990. Voyez-vous, à  la base de son scutellum, ces 3 points clairs alignés et les deux points noirs qui les encadrent ? C’est sa signature. Ajoutons à  cela que la membrane à  l’arrière de son corps est transparente.

Palomena prasina © Gilles Carcassès
Palomena prasina dans sa teinte hivernale © Gilles Carcassès

Une membrane enfumée : c’est Palomena prasina, une autre punaise verte très commune également, surtout dans les bois. On ne retrouve pas chez cette espèce l’alignement des points clairs et sombres typique de Nezara viridula.

Les larves de ces deux espèces sont plus faciles à  différencier : celles de Palomena prasina sont toujours vertes, avec parfois un peu de bleu.

Palomena prasina larve - Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès
Larve de Palomena prasina qui nous montre son rostre – Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès
Larve de Palomena prasina de stade V © Gilles Carcassès
Larve de stade V de Palomena prasina : on voit les ébauches des ailes © Gilles Carcassès

Les larves de Nezara viridula sont au contraire très constratées.

Larve de Nezara viridula - Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès
Larve de stade III de Nezara viridula – Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès
Mue imaginale de Nezara viridula - Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès
Mue imaginale de Nezara viridula sur une feuille de blette dans le potager de la ferme d’Ecancourt – Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès

Cette punaise Nezara est surprise en pleine mue : elle est en train de s’extraire de l’enveloppe du dernier stade larvaire (le stade V). Les membranes commencent à  se déployer, bientôt elle pourra voler.

La clé de détermination illustrée des 11 punaises Pentatomidae vertes de France, par Vincent Derreumaux – insecte.org

L'actualité de la Nature

Six punaises rouge et noir

Gendarme sur un fruit de tilleul - Cergy Grand centre © Gilles Carcassès
Gendarme en faction – Cergy © Gilles Carcassès

Ce gendarme (Pyrrhocoris apterus) s’approche d’une graine de tilleul, sa nourriture préférée, pour en aspirer la sève à  l’aide de son rostre.

Mais attention : toutes les punaises rouge et noir ne sont pas des gendarmes ! Pour les différencier, il faut bien observer la répartition des taches sur la tête et sur le dos. Voici pour vous exercer quelques espèces fréquentes en Ile-de-France :

Corizus hyoscyami - Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès
Corizus hyoscyami – Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès

Corizus hyoscyami est la punaise de la jusquiame. Je la vois régulièrement sur les Perovskia et sur les sauges dans le jardin devant l’ESSEC à  Cergy. Avez-vous vu sa tête rouge et noire, et sur le thorax les deux motifs noirs en forme de cœur ?

Graphosoma lineatum - Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès
Graphosoma italicum – Jouy-le-Moutier © Gilles Carcassès

Immanquable, celle-ci avec ses rayures longitudinales régulières. C’est la punaise arlequin ; elle adore les fruits des Apiacae (fenouil, carotte sauvage, cerfeuil musqué, berce commune…)

Eurydema ventralis © Gilles Carcassès
Un couple d’Eurydema ventralis sur une feuille de navet © Gilles Carcassès

Eurydema ventralis a une silhouette ovale. Elle est commune au potager car c’est un ravageur des choux. On nomme « punaise du chou » plusieurs espèces d’Eurydema à  l’allure assez proche.

Arocatus roselii © Gilles Carcassès
Arocatus roeselii – Vauréal © Gilles Carcassès

Arocatus roeselii apprécie les fruits des platanes. L’hiver ces petites punaises, à  la coloration assez terne, se réfugient sous les écorces de ces arbres, en compagnie des tigres.

Lygaeus aequestris © Gilles Carcassès
Lygaeus equestris © Gilles Carcassès

Un point blanc tout rond sur la membrane noire et la tête grise avec une tache rouge : voici Lygaeus equestris, la punaise écuyère, une granivore.

Une bien belle clé de détermination illustrée pour 11 punaises rouge et noir par Vincent Derreumaux, sur insecte.org

 

L'actualité des jardins

Un potager pédagogique remarquable

Le potager pédagogique de l'école Du Breuil © Gilles Carcassès
Le potager pédagogique de l’école Du Breuil © Gilles Carcassès

Le potager de l’école Du Breuil a été primé en 2015 au concours national des jardins potagers organisé par la Société Nationale d’Horticulture de France : le Grand Prix lui a été décerné dans la catégorie des jardins potagers pédagogiques. Et c’est bien mérité, car cette année encore, il est superbe.

Ce potager est utilisé dans le cadre des formations délivrées à  l’école Du Breuil : les cours de jardinage pour les amateurs, la formation professionnelle continue, les cours publics. Il est également fréquenté par les élèves de l’école. Il est conduit sans pesticides, et l’ on y teste les associations de plantes, en accordant beaucoup d’importance à  la rotation des cultures. Son ordonnancement original et la présence d’annuelles et de vivaces fleuries dans les planches de légumes lui donnent beaucoup de charme. C’est aussi un verger d’exception. J’y ai dégusté au pied du mur le fruit sucré et juteux d’un pêcher palissé : un régal !

Poireaux, verveine citronnelle et la belle renouée annuelle Persicaria orientale © Gilles Carcassès
Poireaux et carottes en rangs alternés, verveine citronnelle et la belle renouée annuelle à  fleurs roses Persicaria orientalis © Gilles Carcassès

Le reportage très complet sur ce jardin dans le blog de la ville de Paris « Ca se passe au jardin »

Eurydema ventralis © Gilles Carcassès
Eurydema ventralis © Gilles Carcassès

Quelques larves de la punaise du chou Eurydema ventralis prenaient leurs aises sur des feuilles de capucine. J’ai prévenu Véronique pour qu’elle surveille ses choux.

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Les nouveaux ravageurs

Caenocoris nerii, punaise africaine inféodée aux lauriers-roses est en France depuis 2014 © Gilles Carcassès
Caenocoris nerii : cette punaise originaire d’Afrique et du Moyen-Orient, inféodée aux lauriers-roses, est en France depuis 2014 © Gilles Carcassès

Si certaines arrivées de ravageurs sont dues aux changements climatiques (c’est le cas de la chenille processionnaire du pin qui progresse régulièrement vers le nord), la plupart des invasions sont directement liées aux activités humaines et notamment au commerce. Et le mouvement s’est accéléré avec la rapidité et l’intensité des transports sur les longues distances. Ainsi l’histoire contemporaine de ces invasions retrace essentiellement celle des échanges internationaux entre l’Europe et l’Amérique, puis du monde entier avec l’Asie.

Les insectes ravageurs d’origine américaine sont souvent liés aux cultures rapportées d’Amérique par les explorateurs à  partir au 16ème siècle. Après des siècles de séparation, ils ont retrouvé leurs plantes hôtes et se sont comportés en redoutables invasifs lorsqu’ils sont arrivés sans leurs prédateurs naturels. Dans cette catégorie de ravageurs d’espèces américaines introduites, on peut citer par exemple :

Certains ravageurs américains se sont accommodés de nos plantes européennes, indigènes ou acclimatées :

  • le phylloxera de la vigne (1863),
  • le tigre du platane (1975)
  • la cicadelle pruineuse  (1985),
  • le papillon palmivore (2002)
  • la punaise américaine du pin (2005),
  • la mouche du brou de la noix (2007).

L’importance des ravageurs asiatiques a beaucoup progressé ces dix dernières années et dépasse maintenant 50% des introductions. On peut citer par exemple :

D’autres ravageurs nous sont arrivés d’Europe de l’Est, des Balkans ou d’Asie Mineure :

Le bataillon des ravageurs invasifs d’origine africaine est beaucoup plus clairsemé :

Corytucha ciliata, le tigre du platane - Cergy © Gilles Carcassès
Corythucha ciliata, le tigre du platane – Cergy © Gilles Carcassès

L’histoire des ravageurs invasifs ne se vit pas à  sens unique, ainsi le bombyx disparate, papillon européen introduit en Amérique en 1869 est là -bas un véritable fléau.

Que les ravageurs invasifs que j’ai oubliés veuillent bien m’excuser, je n’ai pas voulu faire une liste exhaustive, elle serait beaucoup trop grande pour ce modeste article (102 nouveaux insectes ravageurs sont arrivés en France rien qu’entre 2000 et 2014) !

Les actes du colloque « ravageurs et insectes invasifs et émergents » – Montpellier – 2014 – AFPP

 

L'actualité de la Nature

Un Popeye chez les homoptères

Asiraca clavicornis © Gilles Carcassès
Asiraca clavicornis est assez commun dans les jardins © Gilles Carcassès

Cet étrange insecte homoptère, trouvé sur un liseron dans mon jardin, n’est ni une cicadelle, ni un puceron, ni un psylle. Il appartient à  la famille des Delphacidae, caractérisée par un gros éperon à  l’extrémité du tibia postérieur.

Ses pattes antérieures sont développées et très élargies, ce qui donne l’impression qu’il marche avec des béquilles. Et pour compléter le tableau, ses antennes sont hors norme, avec un premier article particulièrement imposant.

A quoi lui sert tout cet attirail ? Je n’ai pas trouvé le spécialiste pour me l’expliquer. En fait, peut-être que personne ne sait ; il y a tant encore à  découvrir dans le monde des insectes.

L'actualité de la Nature

Une Grosse bête dans notre chalet…

Posée sur la fenêtre du chalet nature de l’Ile de Loisirs de Cergy, elle se fait bronzer au soleil du printemps. Cet étrange insecte nous interpelle par ses couleurs et sa forme. Il a une tête de punaise…Sortons nos livres !

PUNAISE 1
Au chalet de l’Ile de Loisirs de Cergy-Pontoise © Sylvain Daguenet

Pas de punaise dans nos pages avec des pattes aussi épineuses. Heureusement nous avons le plan G : envoyer les photos à  Gilles pour détermination.

PUNAISE 2
Résultat : Leptoglossus occidentalis © Sylain Daguenet

Ah oui, l’image de l’article du blog de Gilles correspond tout à  fait à  notre visiteuse.

Pas étonnant pour une punaise des pins, notre chalet est en bois de pin ! Plus sérieusement le chalet est entouré de pins.