Souvent perchée à la cyme d’un grand arbre, la grive musicienne chante à tue-tête une mélodie composée de motifs variables répétés trois fois. Comme son camarade le merle noir, également membre de la famille des Turdidés, c’est une chanteuse plutôt douée, et qu’on entend de loin au printemps, parfois même jusqu’à un kilomètre.
Hors période de reproduction, quand elle ne chante pas, on peut différencier la grive musicienne à son plumage. Bien qu’un peu plus petite, elle ressemble beaucoup à la grive draine, une autre Turdidé que l’on peut rencontrer toute l’année sur notre territoire. En revanche, les taches ventrales de la grive draine sont bien rondes alors que celles de la grive musicienne sont en forme de fer de lance, ou d’as de pique selon l’imagination de chacun.
Comme ses compères, la grive musicienne a un régime alimentaire opportuniste et varié. A la belle saison, en période de reproduction et de nourrissage elle consomme divers insectes et petits invertébrés. En hiver en revanche elle se rabat sur les baies, beaucoup plus disponibles. Vous pourrez la trouver dans les massifs de lierre, les houx, ou les boules de gui.
La grive mauvis, Turdus iliacus de son nom officiel, est un passereau de la famille des Turdidae au même titre que les autres espèces proches : les grives draine, litorne et musicienne ou le merle noir. La grive mauvis est la plus petite des grives que l’on peut rencontrer sur le territoire.
Elle se différencie aisément des autres grives européennes grâce à un épais sourcil blanc qui souligne son regard et un élégant fard rouge brique sur les flancs.
Une migratrice venue du froid
Ces critères de reconnaissance sont utiles pour repérer la mauvis car elle voyage souvent aux côtés des autres grives. Elles arrivent ensemble dans nos parcs et jardins. En effet, les grives sont, pour la plupart, des migratrices. Elles nichent et se reproduisent dans des contrées froides du Nord de l’Europe et viennent passer l’hiver sous les températures plus clémentes. Contrairement aux grives musicienne et draine dont un certain nombre d’individus nichent en àŽle-de-France, la mauvis et la litorne sont exclusivement migratrices. Elles ne sont observables chez nous qu’en hiver, d’octobre à mars. La grive mauvis est déjà bien présente sur l’ouest francilien comme le montrent les données de Faune àŽle-de-France.
Gourmande des jardins
Si les grives mauvis se nourrissent d’insectes pendant les beaux jours, en hiver elles consomment principalement des petites baies : de sureau, de sorbier, de cotonéaster, … et de houx ! Les grives mauvis que nous avons photographiées étaient perchées à quelques mètres du grand houx de l’entrée du parc de château de Menucourt. Quelques jours seulement après leur arrivée lors de l’épisode neigeux de fin janvier 2019, ce grand houx est totalement déplumé ! Un comble, quand les coupables sont nos amis à plumes.
Nous avons également vue cette espèce à l’île de loisirs de Cergy-Pontoise. Peut-être vient-elle aussi picorer quelques baies dans votre jardin ?
Un cas d’étude
La grive mauvis fait partie du programme de sciences participatives Oiseaux des Jardins. Maintenant que son identification n’a plus de secrets pour vous, repérez-la et renseignez le protocole ! C’est facile, elle fait l’objet d’une fiche à son nom et est présente sur le poster de comptage :
Prenez quelques minutes pour renseigner tous les compagnons de la grive mauvis dans votre jardin, et faites avancer la science !
Au mois de mai, les rencontres avec des oisillons ne sont pas rares.
Cette jeune grive était perchée dans un fourré dans les bois de Menucourt. Sa queue ridiculement courte et son bec ourlé de jaune trahissent son très jeune âge. Ce bec clair des oisillons a inspiré l’expression « blanc-bec », et le mot « béjaune » pour désigner un étudiant novice. Il était autrefois de coutume de « dépouiller le béjaune », en l’honneur de Bacchus, dès son arrivée à l’Université, pratique indigne heureusement abolie depuis son interdiction par le Pape Grégoire XII en 1407.