Sur les talus herbeux de l’Axe majeur à Cergy, ce chardonneret, grand amateur de graines de plantes herbacées, visitait avec ses congénères les touffes de laiterons en fruits. Devinette : ces chardonnerets viendraient-ils si la pelouse était régulièrement tondue comme une moquette ? Bien sà»r que non, car il leur faut des plantes montées en graines. Il fait ici la démonstration vivante que le gestion différenciée des espaces verts est bénéfique pour la biodiversité.
Et ces poules d’eau, mascottes des bassins du parc François-Mitterrand à Cergy seraient-elles là si les berges étaient restées bétonnées ? Non plus : c’est dans les touffes de plantes aquatiques qu’elles établissent leur nid et se nourrissent.
Moralité : protéger la biodiversité sur un territoire, ce n’est pas sorcier, quand les aménagements bien conçus bénéficient des modes de gestion adaptés.
Le CRBPO m’a transmis les renseignements tout juste arrivés du Muséum de Prague concernant la mouette baguée portant le numéro ES 33382. Je l’avais repérée en janvier 2015 au parc François-Mitterrand à Cergy et je l’y ai revu fin décembre de la même année.
Cette mouette rieuse est né en juin 2013 dans la campagne près d’Olomouc, capitale spirituelle millénaire de la Moravie, dans la partie Est de la Tchéquie. Elle a été baguée au nid alors qu’elle était encore poussin.
La campagne et les étangs au nord d’Olomouc – Google mapsOlomouc est baigné par la Morava, un affluent du Danube – Google maps
Olomouc est à 1100 km de Cergy-Pontoise. C’est très loin, 2,5 fois plus loin que Strasbourg à vol d’oiseau. Notre mouette y retourne-t-elle l’été ? C’est possible, mais seule une observation estivale avec lecture de la bague permettrait de savoir précisément où elle passe la belle saison.
Dans l’axe vertical de cette photo, un œil averti voit la coulée des ragondins : les plantes aquatiques sont plus rares et le piétinement a aplati les plantes de berges.
Il reste deux ragondins, me dit Etienne, en charge de l’entretien des bassins du parc François-Mitterrand à Cergy. « Ils ont fait beaucoup de dégâts dans les iris d’eau, les pontédérias et les nymphéas. Il faudrait au printemps replanter un peu, avec des espèces dont ils ne sont pas gourmands. »
Ces Typha ne semblent pas avoir été consommées. C’est une petite espèce, élégante et pas trop envahissante : Typha minima, ou peut-être un hybride. On pourrait planter une autre tache de ces petites massettes dans un endroit dégarni.
Pour l’introduction d’autres plantes aquatiques au succès plus incertain, il faudra les cultiver dans des cages de protection, le temps de les laisser s’implanter et d’observer leur comportement. Le jardinage aquatique requiert du savoir-faire et de la patience…
Etienne, spécialiste de la biodiversité des étangs et ancien forestier, a monté sa micro-entreprise. Aux beaux jours, il est employé par un bureau d’études en hydrobiologie pour des diagnostics de fonctionnement de milieux aquatiques. L’autre moitié de l’année, il travaille à son compte et entretient des mares et des bassins pour des particuliers et des collectivités.
Pour Etienne, « un plan d’eau, c’est comme un jardin et tout est question d’équilibre ». Et il a fort à faire au bassin du parc François-Mitterrand à Cergy. Il faut retirer les déchets que le vent a apportés, limiter les plantes les plus envahissantes, tailler les tiges sèches de la végétation aquatique, supprimer les semis des arbres sur les berges, corriger les déséquilibres avec des solutions biologiques…
Le dada d’Etienne : le respect des sols. Il déplore l’artificialisation galopante des terres agricoles et milite pour le développement d’une agriculture urbaine respectueuse de l’environnement.
Un message à faire passer ? « J’aimerais bien que les usagers du parc jettent moins de pain dans l’eau : c’est mauvais pour la santé des canards et cela engendre une importante pollution de l’eau. »
Le chant du troglodyte mignon peut atteindre 90 décibels : imaginez vous à un mètre d’une débrousailleuse ou peut-être pire, dans un restaurant scolaire. Pour seulement 10 grammes, il a un sacré coffre !
C’est avec ses vocalises tapageuses et facilement identifiables (une phrase unique répétée comprenant des trilles rapides) que notre Don Juan miniature attire au début du printemps les femelles sur son territoire. Pourtant cela ne suffit point à charmer ces dames…
Cas assez rare chez les oiseaux, le mâle polygame commence seul l’élaboration de plusieurs nids. La femelle qui s’est déplacée inspecte alors l’ébauche de construction. Et si la qualité du gros œuvre lui convient, elle accepte l’accouplement et s’emploie ensuite à finaliser l’aménagement intérieur. Si pendant ce temps le mâle parvient à séduire d’autres compagnes par son génie bâtisseur, il pourra conduire plusieurs nichées en parallèle.
La silhouette du troglodyte mignon est tout aussi caractéristique que son chant : une petite boule de plume brune au sourcil clair avec une queue très courte et souvent dressée. Mâles et femelles se ressemblent.
Ce passereau est très courant jusqu’au cœur des villes. 200 000 à 400 000 couples nicheurs sont présents en Ile-de-France dont 200 à 300 couples sur Paris intra-muros (Le troglodyte mignon au Jardin des plantes de Paris).
Pour apprendre à reconnaitre le chant du troglodyte (et d’autres) ou suivre l’évolution des populations :
De vaillants ornithologues s’étaient donné rendez-vous vendredi 15 janvier 2016, à l’île de loisirs de Cergy-Pontoise, pour compter les oiseaux d’eau dans le cadre de l’opération Wetlands international.
Quelques cygnes tuberculés, bernaches du Canada, canards colverts, gallinules poules d’eau… Pas de surprise, des oiseaux très communs.
Ah, tout de même, nous repérons une demi-douzaine de canards chipeaux planqués dans l’anse de la réserve ornithologique. Ils ne sont pas rares, mais nous sommes contents de les avoir vus.
Les canards chipeaux, visiteurs d’hiver, nichent majoritairement dans les pays de l’Est. Depuis une vingtaine d’années, ils sont de plus en plus nombreux à hiverner en Ile-de-France, conséquence conjuguée de l’augmentation de leur population et de la plus forte fréquence des hivers doux. Lors des vagues de froid intense, en effet, ils ne stationnent plus en Ile-de-France mais descendent plus au Sud.
Evolution des populations hivernantes de canards chipeaux en Ile-de-France (MNHN – 2013)
Encore un qui se croit au printemps ! Cet Iris germanica est souvent très précoce, mais là il bat des records !
Iris germanica n’est pas une espèce. Ces plantes sont des hybrides stériles obtenus à une époque indéterminée par croisement d’Iris pallida, d’origine méditerranéenne, et d’Iris variegata, d’Europe de l’Est. Leur multiplication s’effectue par division des rhizomes. On les rencontre parfois dans la nature, ils sont alors subspontanés, et signalent la présence d’anciens jardins.
Les variétés modernes d’iris des jardins sont également issues de croisements interspécifiques. Tous ces « iris barbus » sont de bonnes plantes pour un jardin sec, mais il faut, pour conserver une belle floraison, tous les quatre ou cinq ans diviser et rajeunir les souches : une bonne occasion pour débarrasser la plate-bande des adventices gênantes qui s’installent volontiers parmi les rhizomes d’iris, notamment le chiendent.
Des jonquilles en fleurs à Noà«l ? L’exceptionnelle douceur de ce mois de décembre 2015 avance de plus deux mois certaines floraisons. Ces bulbes naturalisés près de l’entrée de l’Ile de loisirs sont peut-être des Narcissus tazetta ‘Grand soleil d’or’, une variété ordinairement en fleurs au mois de mars.
A l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise, quelques fleurs de noisetier sont écloses. Ce bouquet rouge est une fleur femelle qui donnera la noisette. Les fleurs mâles sont les chatons pendants. Les plus ouverts commencent à libérer leurs étamines chargées de pollen. Les relevés du réseau national de surveillance aérobiologique montrent que le début de floraison du noisetier à Paris s’est établi ces dix dernières années entre le 10 et le 20 février. Cet hiver est bien hors norme pour l’instant.
Alors, c’est le réchaufffement climatique ? Non, même s’il est avéré scientifiquement, ce serait faire un raccourci abusif. Nous assistons là à un aléa de la météo. Les tendances du climat se mesurent en décennies, voire en siècles.