Au pied de cet arbre poussent de nombreuses espèces de mousses (bryophytes). En vert très soutenu on reconnait le polytric élégant rencontré l’année dernière. Mais on y voit également une autre mousse, plus claire avec des teintes aux reflets blancs et en forme de petits coussins. C’est justement celle qu’on appelle le coussinet des bois ou en nomenclature universelle Leucobryum glaucum (qu’on pourrait essayer de traduire par « la mousse blanche, vert bleu »).
Cette mousse est commune dans la région, et assez facilement observable en forêt aux pieds des arbres comme ici. Sa couleur glauque (vert pâle avec des reflets bleus et gris) et sa forme en coussinet la rendent aisément reconnaissable.
Nous n’avons pas beaucoup d’autres informations à son sujet, si ce n’est qu’il semble exister des coussins mâles et des coussins femelles au sein de l’espèce.
D’un point de vue purement subjectif, ces coussins ont l’air extrêmement confortables…
Bienvenus chez les minuscules. Chez les plantes, c’est une famille à laquelle on prête rarement attention. Les individus sont petits, discrets et tellement communs qu’ils font partie de paysage. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près on découvre des architectures fascinantes. Nous parlons ici des bryophytes : les mousses, hépatiques et anthocérotes, qui regroupent des dizaines de milliers d’espèces très variées. Mais concentrons-nous sur une d’entre elle pour le moment.
La lunulaire est une petite plante que l’on classe chez les hépatiques à thalles. Elle croit sous forme d’une lame* (le thalle) qui se développe directement sur un support (ici, un pied de mur en pierres dans une ruelle piétonne). Elle n’a ni racine, ni tige, ni fleur. Mais elle a tout de même des organes reproducteurs.
*NB : on parle bien des « feuilles » vertes ressemblant à des lobes de foie. Des morceaux d’une autre mousse se sont glissés dans la photo.
Quand on regarde de plus près on peut voir au bout de chaque « feuille » une sorte de corbeille. Celle-ci en forme de croissant permet d’identifier la plante et de lui donner son nom.
Chaque corbeille contient des petits disques verts, ce sont les propagules ou gemmules. Chacun des petits disques pourra se développer indépendamment pour donner naissance à un autre pied identique au pied mère (reproduction asexuée). Chez cette espèce en particulier il est très rare qu’il y ait une reproduction croisée mâle-femelle.
La surface de ce rocher anti-stationnement de Saint-Ouen l’Aumône nous offre un tableau aux couleurs proches des grandes étendues herbacées. On dirait presque une prairie miniature.
Pourtant, nous sommes ici au début du processus que l’on appelle la succession végétale : l’évolution de la recolonisation d’une surface minérale nue à l’installation d’un réel couvert végétal (allant jusqu’à la forêt tempérée sous nos latitudes). La roche offre certains nutriments essentiels à la croissance des plantes, mais surtout, ses irrégularités retiennent l’eau, indispensable à la vie ! Dans ces petites niches se développent alors les premiers organismes : les lichens et les mousses, qui augmentent la capacité de rétention d’eau à la surface de la roche et permettent à leur tour le développement des plantes à fleurs (les angiospermes). Sur ce seul rocher il y avait au moins 3 espèces de lichens, 2 mousses et 5 plantes à fleurs. En voici quelques unes.
Xanthoriaparietina, la parmélie des murailles. Ce lichen donne les tons jaunes de notre tableau. Il est accompagné d’autres lichens crustacés, vert-gris, dont nous n’avons pas l’identité.
Cette jolie mousse (bryophyte) est le support de développement des plantes à fleurs. Toutes celles rencontrées ont poussé à l’intérieur d’une touffe. J’en ai repéré au moins deux sortes différentes sur ce rocher : je pense qu’il s’agissait d’une mousse du genre Syntrichia et d’une du genre Grimmia.
Vicia sativa, la vesce cultivée, fait partie de la famille des fabacées. Elle est capable de capter l’azote de l’air pour le fixer dans le substrat. Elle joue sans doute un rôle important dans le développement de la vie à la surface de ce rocher.
Myosotis arvensis, le myosotis des champs est déjà en fleur mi-février. Comme pour la vesce, c’est un peu tôt en saison. Peut-être est-ce dà» au manque d’eau ? C’est assez fréquent qu’en état de stress hydrique les plantes précipitent leur fleurissement. Sans doute pour augmenter leurs chances de reproduction si jamais elles ne passaient pas la saison. Ou peut-être que l’hiver n’a simplement pas été assez froid cette année.
Draba verna, la drave printanière est une toute petite plante à fleurs blanches typique des milieux pauvres et secs. à‡a n’est pas étonnant de la retrouver ici. Elle a même commencé à fructifier.
Saxifraga tridactyles, le saxifrage à trois doigts, est également une toute petite plante des milieux secs. On la reconnait aisément à ses feuilles qui forment réellement trois doigts.
Si l’on veut se prêter au jeu de l’observation naturaliste aucune surface n’est à négliger. Même le plus insignifiant des cailloux peut être le support d’une vie diversifiée.
Source :
La flore d’àŽle-de-France, de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Malgré la période de confinement et l’arrêt de nos activités sur le terrain et des animations, nous continuons de publier les nouvelles de la nature en ville trois fois par semaine. N’oubliez pas que nous sommes aussi sur Instagram et sur Facebook !
Tela Botanica relance le MOOC Botanique – Initiation, une aventure de 6 semaines pour apprendre à reconnaître les plantes,#BotaChezMoi – La Botanique à la maison