Bravo à ceux qui ont su identifier les potentiels coupables : une bande de frelons à l’appétit bien ouvert !
Souvent connus comme étant de grands chasseurs d’abeilles, les frelons, qu’ils soient européens ou asiatiques, ne sont carnivores qu’à l’état larvaire. Les adultes chassent des proies pour nourrir les larves. Mais eux-mêmes ne se nourrissent que de matières végétales sucrées : de nectar (notamment celui du lierre en automne), du miellat, ou des fruits. En effet, on les voit fréquemment tourner autour des raisins sur les vignes. Et quand ils s’attablent autour d’une pomme, ils en creusent la chaire entièrement ne laissant que la peau.
Mais que fait ce bourdon ? Il se délecte du nectar de la fleur de sauge pour sà»r. Mais il ne passe pas du tout par l’entrée prévue par la fleur !
Connaissez-vous le coup des étamines à pédales ? Au cours de milliers d’années d’évolution les fleurs des sauges se sont adaptées à leur pollinisateurs (essentiellement les bourdons, mais l’ensemble des abeilles, guêpes, mouches et papillons sont aussi susceptibles d’intervenir). Les pétales, les étamines, le pistil et la réserve de nectar sont disposés de manière à ce que le butineur devienne par la même occasion un pollinisateur en récupérant et déposant des grains de pollen au fil de ses visites de fleurs.
Ce bourdon, paresseux mais non moins ingénieux, a trouvé une parade. A la jonction entre les pétales et les sépales le nectar est disponible sans avoir à se faufiler à l’intérieur de la fleur. C’est sans doute beaucoup plus facile pour le bourdon, mais la fleur y perd sa reproduction. Et il n’était apparemment pas le seul tricheur …
L’abeille mellifère, Apis mellifera, a trouvé la combine.
Le moro-sphinx, Macroglossum stellatarum, ne prend même pas le temps de se poser pour boire le nectar.
La guêpe germanique, Vespula germanica, a également repéré l’entrée secrète.
Vu ! Et le frelon asiatique, Vespa velutina, s’est aussi invité au buffet.
Quid de la pérennité des sauges ? Car sans pollinisation, pas de reproduction ! Il est possible que cette variété horticole, choyée par les jardiniers de Giverny, n’ait pas trop à pâtir de ce manque de pollinisation. Mais la question se pose pour les sauges sauvages. Verra-t-on de nouvelles évolutions de la forme de la fleur pour palier au problème ?
Heureusement il reste encore des bons élèves. Ce bourdon fauve, probablement Bombus pascuorum, s’applique à butiner par le bon côté.
Il y a foule autour des fleurs de cette touffe de lierre. En effet, du fait de sa floraison tardive à l’automne, le lierre représente l’une des dernières sources de pollen et de nectar de la saison pour de nombreux pollinisateurs. C’était l’occasion rêvée pour réaliser une collection SPIPOLL.
La collète du lierre, Colletes hederae, est une petite abeille sauvage inféodée au lierre.
L’éristale opiniâtre, Eristalis pertinax, est une grosse mouche exclusivement butineuse.
Très chic cette mouche ! L’hélophile suspendu, Helophilus pendulus, fait également partie de la famille des éristales, ces mouches butineuses.
Le frelon asiatique, Vespa velutina, est un hyménoptère pollinisateur. Le voici attablé à déguster un peu de nectar de lierre.
Encore un éristale ! Cette fois-ci il s’agit de l’éristale des fleurs, Myathropa florea, que l’on appelle aussi la mouche Batman en raison du symbole noir que l’on voit sur son dos.
Et… oui, encore une mouche de la famille des éristales, décidément bien représentée sur ce lierre : la xylote indolente, Xylota segnis.
Et ce n’est qu’un petit échantillon de ce qu’il est possible de trouver dans un lierre : guêpes, frelons, abeilles, mouches, coccinelles, mais aussi moineaux, fauvettes, mésanges et pinsons, y trouvent le gîte et le couvert à une période de diminution des ressources. Le lierre est donc une plante indispensable à la biodiversité urbaine.
N.B : seul le lierre grimpant est capable de fleurir, il lui faut donc un support. Murs, poteaux, arbres, grillages … laissons-le habiller nos façades.
Il reste encore des fleurs en ce moment, lancez-vous dans un SPIPOLL !
Les frelons asiatiques ont installé leur nid au sommet d’un très grand marronnier blanc dans le parc du château de Grouchy à Osny. La chute des feuilles le rend beaucoup plus visible. On aperçoit le trou d’entrée latéral caractéristique d’un nid de frelons asiatiques.
Arrivée en 2014 dans le Val d’Oise, l’espèce a progressé de façon très importante :
Cette prolifération met à mal l’apiculture locale. Certains ruchers ont dà» être déménagés pour les éloigner des secteurs les plus infestés. C’est le cas du rucher de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise qui vivait des jours heureux dans l’arboretum près de l’Axe majeur à Cergy : il est parti à Vauréal sur un site moins fréquenté par les frelons asiatiques.
La situation inquiète aussi la population et les élus pour les risques de piqures. Les frelons asiatiques ne sont dangereux que lorsque l’on s’approche à moins de 6 mètres de leur nid. Or ils choisissent généralement pour l’établir la partie haute d’un grand arbre, bien au-dessus de cette hauteur. Il n’en demeure pas moins que si un nid tombe accidentellement, il est préférable de ne pas être dessous !
Pour limiter les risques et l’impact sur l’apiculture, la destruction des nids est la meilleure méthode. Elle incombe aux collectivités sur l’espace public et aux particuliers sur les espaces privés. La procédure à suivre a été décrite dans cet article : Un nid de frelons asiatiques ! Que faire ?
Un certain nombre de mauvaises pratiques germent dans l’esprit de personnes mal informées, il convient de leur tordre le cou :
Un bon coup de fusil et on n’en parle plus ?
Cette méthode de Tartarin est très dangereuse, plusieurs centaines de frelons furieux peuvent agresser le tireur et les personnes des environs !
Et si on gavait les frelons asiatiques de fipronil, ils iraient empoisonner leur nid ?
Il est vraiment navrant de voir des apiculteurs utiliser des pesticides dont ils savent que même des doses infimes ont des effets dévastateurs sur leurs abeilles ! La méthode, à l’efficacité très douteuse, est dangereuse pour l’environnement et pour l’applicateur, et surtout elle est strictement interdite, comme cela est rappelé dans la note DGAL du 10 05 2013 !
Et si toute la population se mettait à piéger les reines de frelons asiatiques au printemps, on les élimineraient toutes ?
Inefficace, car les reines de frelons asiatiques sont très nombreuses, et il est illusoire de les éliminer toutes. Les études expérimentales encadrées scientifiquement sur l’effet de ces piégeages sur la pression de prédation n’ont pas encore rendu leurs conclusions. Cette pratique historique dans certains départements n’a nullement empêché la progression ni la prolifération de l’espèce.
Néfaste pour la biodiversité, car même les pièges prétendus les plus sélectifs n’ont pas fait la preuve scientifique de leur sélectivité. Ce qui a pu fonctionner localement à un moment donné n’est absolument pas généralisable sans études sérieuses. Il est dommageable pour le bon fonctionnement des chaines alimentaires et pour les oiseaux de détruire des frelons européens, des guêpes, des papillons de nuit attirés dans ces pièges, notamment ceux de type bouteille.
D’autre part, certains pièges, selon l’appât utilisé, peuvent avoir l’inconvénient d’attirer aussi les abeilles. Si les dispositifs leur permettent généralement de s’échapper, la promiscuité d’abeilles de provenance diverses peut être un facteur de transmission de parasites ou de maladies entre abeilles.
Pour ces raisons, le piégeage, affaire de spécialistes formés, doit être réservé aux apiculteurs, uniquement dans leurs ruchers et lorsque des attaques sont constatées.
Quand un nid est détruit, il faut l’enlever tout de suite ?
Non, la bonne méthode consiste à procéder en deux temps : il faut attendre 2 à 3 jours que les frelons restés dehors lors de l’intervention rentrent au nid et s’empoisonnent. Après ce délai seulement, le nid doit être évacué et détruit dans des conditions respectueuses de l’environnement par le prestataire spécialisé. Mais il ne faut pas oublier cet enlèvement, sinon les oiseaux consommeront les larves mortes dans le nid et s’empoisonneront !
Avec la chute des feuilles, les nids de frelons asiatiques cachés en haut des grands arbres sont soudainement visibles. Ennemis jurés des apiculteurs qui voient leurs abeilles décimées par ces redoutables prédateurs, les frelons asiatiques ne sont pas vraiment les bienvenus dans notre environnement. Arrivés accidentellement de Chine en 2004, ils ne cessent de gagner du terrain.
Alors que faire lorsque l’on découvre un nid de frelons asiatiques ?
Le Muséum national d’Histoire naturelle (voir leur excellent dossier consacré au frelon asiatique) recommande la destruction des nids de frelons asiatiques pour en freiner la progression. Mais si la découverte est tardive en saison (après mi-novembre) on peut considérer raisonnablement que la colonie est en déclin, voire inactive, et décider de ne pas intervenir. En effet les frelons ne survivent pas aux rigueurs de l’hiver. Seules les reines qui vont s’abriter dans des souches pourries ou des trous de murs vont hiverner pour fonder de nouvelles colonies au printemps. Les vieux nids ne sont jamais réemployés l’année suivante, ils seront progressivement disloqués par les oiseaux et les intempéries.
Découvert suffisamment tôt en saison, la marche à suivre est la suivante :
1/ identifier le propriétaire
C’est la commune qui se chargera d’intervenir sur le domaine public, et chaque propriétaire sur les propriétés privées.
Bzzz ! En vol stationnaire devant la ruche, ce frelon asiatique attend le retour des abeilles. Lourdement chargées de pollen, elles sont moins agiles et plus faciles à attraper en vol. Il réussit à en capturer une de temps en temps. Alors, il se pose sur la branche d’un arbre à proximité pour la découper. Il n’en conserve que le thorax riche en muscles qu’il rapporte à son nid pour la nourriture des larves.
Toujours en expansion
Le frelon asiatique a beaucoup progressé depuis son introduction accidentelle en France en 2004. Voici la dernière carte officielle :
On voit circuler sur internet des recettes de pièges prétendus sélectifs pour capturer des reines de frelons asiatiques au printemps, voire des appels à généraliser ce type de pratique. Or, des études scientifiques ont clairement démontré l’inefficacité de ces piégeages sur la dynamique des populations de frelons asiatiques, et les spécialistes des insectes insistent sur les impacts négatifs de ces pièges sur les insectes pollinisateurs. C’est pourquoi l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) appelle à l’arrêt de ces piégeages de printemps :
Un gros tronc d’arbre bien pourri en forêt, voilà qui est tentant. J’irais bien voir qui se cache à l’intérieur. Une petite biche, un lucane, une larve de cardinal…? J’arrache une poignée de bois au hasard.
Coup gagnant, on dirait qu’il y a une loge ! Et qui sommeille au plafond ? Surprise, un frelon !
C’est une reine : seules les femelles nées en été et fécondées vont survivre à l’hiver, cachées dans un abri, tout le reste de la colonie va mourir à l’arrivée des premiers froids. Elle fondera une nouvelle colonie à son réveil en avril.
A ses pattes uniformément sombres, je reconnais l’espèce européenne ; ce n’est pas le frelon asiatique qui a l’extrémité des pattes jaunes.
Le frelon européen mange beaucoup de fruits en été. Pour nourrir ses larves, il capture aussi toutes sortes d’insectes, y compris quelques abeilles domestiques.
Le frelon asiatique, espèce invasive, est plus petit et globalement plus sombre que le frelon européen. Ses colonies sont souvent plus nombreuses que celles du frelon européen et il exerce une pression de prédation plus importante sur les abeilles domestiques.
Il est arrivé à Courdimanche, ce sont les jardiniers des jardins familiaux près du rucher communal qui l’ont repéré cet automne. L’apicultrice a posé un piège avec du miel fermenté et a confirmé : plusieurs frelons asiatiques s’y sont pris. On s’y attendait, mais ça fait mal au cœur tout de même.