L'actualité de la Nature

Sages sagines

Pavés de la place Charles-de-Gaulle devant l’hôtel d’agglomération de Cergy-Pontoise © CACP – Emilie Périé

Il y a quelqu’un ?

Mais oui, à  y regarder de plus près, tous les interstices des pavés sont verts. Ils sont occupés par une toute petite plante : une sagine.

En voici une un peu plus développée, trouvée quelques mètres plus loin.

Sagine rampante – Hôtel d’agglomération, Cergy © CAPC – Emilie Périé

Deux sagines sont présentes en àŽle-de-France : la « rampante », Sagina procumbens, et la « sans pétale », Sagina apetala. Elles se différencient aisément lorsqu’elles sont assez grandes : Sagina apetala a un port dressé et peut ne pas avoir de pétales, alors que Sagina procumbens est rampante et a quatre pétales blancs à  chaque fleur. Avec une plante de cette taille, il était relativement facile d’identifier ici la sagine rampante. De plus, Sagina procumbens préfère les milieux plus riches et plus humides que Sagina apetala. Nous l’avons d’ailleurs trouvée à  l’aplomb d’une gouttière de l’Hôtel d’agglomération. A l’abri des chaussures des passants, ce spécimen s’est bien développé. Et c’est une chance de pouvoir observer ses fleurs.

Fleur de sagine rampante – Hôtel d’agglomération, Cergy © CACP – Emilie Périé

Les sagines sont des espèces pionnières qui ont la particularité de bien résister au piétinement. On les trouve, entre autres, dans les friches pâturées, sur les trottoirs et entre les pavés. Habituellement elles se font discrètes. En restant minuscules, elles limitent le risque d’écrasement et garantissent ainsi leur survie. Leur observation nécessite de très bons yeux, voire une loupe !

En jardinerie aussi

On peut utiliser les sagines en couvre-sol, pour verdir les contours des dalles sans déborder.

Autres plantes des trottoirs :

La petite éragrostide

La pariétaire de Judée

Le saxifrage à  trois doigts

Source :

La Flore d’àŽle-de-France de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot

L'actualité de la Nature

La graminée qui se moque de la sècheresse

Graminée sur le parking du Verger à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Tous les jours je gare ma voiture au parking du Verger à  côté d’une touffette. Avec cette sècheresse, je me dis qu’elle va bien finir par jaunir et se dessécher. Mais non, elle a l’air toujours en pleine forme ! Quelle est donc cette graminée increvable ?

Eragrostis minor, la petite éragrostide – sur pelouse au Verger à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Vus de près ses fins épillets sont très délicats. Je vois qu’elle trouve même la ressource de fleurir : quelques pièces florales dépassent ça et là . Cette plante tire sans doute sa résistance à  la sécheresse de la pilosité de ses feuilles courtes et peu nombreuses, caractères qui limitent ses pertes en eau.

Cette graminée annuelle méditerranéenne des sols sableux est arrivée en Ile-de-France au début du 20ème siècle. Se plaisant dans les situations chaudes et les substrats très maigres, la petite éragrostide colonise aisément les trottoirs, les sols gravillonnés, les quais, les ballasts des friches ferroviaires…

Dotée d’une forte dynamique de reproduction, Eragrostis minor a même tendance à  supplanter le très commun pâturin annuel en de nombreux endroits. Cette espèce s’installe parfois dans les pelouses urbaines très dégradées, sur sols légers, comme le montre la photo ci-dessus.

Source :

Eragrostis minor, par Eflore, l’encyclopédie botanique collaborative.