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Papillons de prairies : les tendances 2018

Couple de Lysandra coridon, l’argus bleu-nacré © CACP – Gilles Carcassès
Au Jardin des Plantes – Paris, 14 décembre 2018 © CACP – Gilles Carcassès

J’ai participé à  la journée de restitution nationale des protocoles de sciences participatives « Propage » et « Florilèges prairies » au Muséum national d’Histoire naturelle. Il fallait pour accéder à  l’amphithéâtre traverser un féroce requin blanc, mais j’ai réussi l’épreuve sans encombre.

Voici quelques éléments de l’état de santé des espèces de papillons de jour qui fréquentent les prairies, tirés notamment de l’analyse des données du Propage. Le contexte européen est alarmant, comme l’illustre le graphique ci-dessous : l’abondance des papillons de prairies a globalement chuté de 30 % sur la période 1990 – 2015.

Les piérides blanches, les lycènes bleus, les demi-deuils et les myrtils forment le gros des bataillons ailés de nos prairies. Ces groupes d’espèces communes n’accusent pas globalement de baisse des effectifs mais les lycènes, les demi-deuils et les myrtils sont nettement impactés par les fauches précoces. Gestionnaires, si vous souhaitez favoriser ces papillons, ne fauchez pas vos prairies en été ni plusieurs fois dans la saison ! Une seule fauche à  l’automne leur est nettement plus favorable.
Une étude de la ville de Nantes a montré d’autre part que la diversité des espèces de papillons est également plus importante si les prairies ne sont pas fauchées en été.

Les tendances par espèce sont très contrastées. Au niveau européen, certaines espèces sont en progression comme l’aurore ou l’azuré commun, d’autres sont en nette régression comme la mégère ou la sylvaine.

Polyommatus icarus, l’azuré commun – Cergy © CACP – Marion Poiret
Ochlodes sylvanus, la sylvaine © CACP – Gilles Carcassès

Source :

The pan-European Indicator for Grassland species 1990-2015, par Butterfly Conservation Europe

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Le déclin des papillons de jour

Papillons des jardins, des prairies et des champs

Les beaux papillons de Cergy-Pontoise

L'actualité des jardins

Gestion des prairies : maintenant, on sait

Plante et Cité, Natureparif, l’association Noé et le Muséum national d’Histoire naturelle organisaient mardi 15 décembre 2015 au Jardin des Plantes de Paris une journée de restitution des protocoles Propage et Florilèges – prairies urbaines.

Ces deux programmes de sciences participatives, basés respectivement sur le dénombrement des papillons et la botanique, permettent d’obtenir scientifiquement des indicateurs fiables de la biodiversité des prairies et d’apprécier les impacts des modes de gestion.

Les données nationales et franciliennes de tous les participants bénévoles ont été compilées, et les analyses des chercheurs du Muséum apportent des réponses à  cette question essentielle des gestionnaires de prairies urbaines : « quel mode de gestion est le plus pertinent pour préserver la biodiversité de mes prairies ? »

Je vous passe le détail des démonstrations statistiques. Et je résume, en simplifiant (que les scientifiques me pardonnent !).

Pour la diversité de la flore des prairies, les modes de gestion les plus favorables sont par ordre d’intérêt le pâturage, la fauche coupée, la fauche broyée et pas de fauche. Les prairies anciennes sont aussi plus riches que les prairies récentes.

Prairie urbaine pâturée à  Courdimanche © Gilles Carcassès
Prairie urbaine pâturée à  Courdimanche depuis 2011 © Gilles Carcassès

Pour les papillons, le nombre d’espèces est plus important avec une fauche tardive que sans fauchage. Et l’abondance de papillons (nombre d’individus) est meilleure avec une fauche tardive (automne) qu’avec une fauche précoce (début d’été).

Le demi-deuil, Melanargia galathea © Gilles Carcassès
Le demi-deuil, Melanargia galathea © Gilles Carcassès

Le papillon demi-deuil est trois fois plus abondant dans les prairies en fauche tardive que dans celles fauchées plusieurs fois dans l’année.

Gestion différenciée des prairies à  l'arboretum de Cergy-Pontoise © Gilles Carcassès
Gestion différenciée des prairies à  l’arboretum de Cergy-Pontoise © Gilles Carcassès

Globalement, on s’y attendait, les prairies pâturées ou fauchées sont plus favorables à  la biodiversité que les pelouses tondues. Mais, plus étonnant, les espaces herbeux gérés de façon différenciée, faisant se côtoyer des prairies et des pelouses, sont encore plus riches !

En conclusion, le grand intérêt du pâturage ou de la fauche tardive est confirmé. Et la gestion différenciée, appliquée aussi à  la parcelle, est une bonne solution pour multiplier les milieux de vie et la biodiversité.

Pour le territoire de Cergy-Pontoise, Vauréal se distingue dans le protocole Florilèges avec 3 prairies suivies en 2014 et 2015. Pour la communauté d’agglomération, nous avons suivi en 2015 une prairie dans le parc François-Mitterrand à  Cergy. Convaincus par l’intérêt d’associer les deux protocoles, nous appliquerons aussi Propage en 2016 sur cette prairie. La ville d’Osny qui envisage d’appliquer ces protocoles sur une prairie du parc de Grouchy en 2016 viendra grossir le réseau des 80 prairies déjà  suivies en Ile-de-France.

Le témoignage de jardiniers de communes du Nord-Pas-de-Calais participant à  ces protocoles (un reportage du blog Vigie-Nature)

Le choix de la prairie