Non classé

Stratégies de collecte de pollen

Halictes femelles qui butinent © CACP – Emilie Périé

Avez-vous déjà observé des insectes qui butinent ? A notre échelle de grands humains cela ressemble à une recherche frénétique et un peu affamée des précieux nectar et pollen dans des dizaines de fleurs visitées les unes après les autres dans un ordre qui nous parait complétement aléatoire. Mais dans tout ce bourdonnement avez-vous remarqué que lorsqu’il s’agit d’emporter le pollen ou le nectar pour plus tard (en général pour nourrir les jeunes) les différentes espèces n’usent pas de la même technique ? Intéressons nous à quelques espèces d’hyménoptères pour voir leur différentes méthodes de collecte du pollen.

Sur le ventre

Abeille Megachile butinant un Cirsium vulgare © CACP – Emilie Périé

Chez les abeilles du genre Megachile les poils qui forment la brosse qui permet de stocker le pollen sont situés sur la face inférieure de l’abdomen. Lorsqu’elles sont posées sur une fleur pour butiner les abeilles Megachile ont souvent les fesses en l’air. Elles se tartinent l’abdomen de pollen avant de partir sur une nouvelle fleur. Le genre est ainsi assez facile à repérer au milieu de tous les buveurs de nectar.

Abeille Megachile butinant un Cirsium vulgare © CACP – Emilie Périé

Sur les pattes

Abeille halicte butinant un Cirsium vulgare © CACP – Emilie Périé

Chez beaucoup d’espèces d’abeilles, comme sur cette halicte femelle, le stock de pollen se fait sur les pattes arrières. Des poils denses recouvrent des segments de pattes et permettent d’accrocher les grains de pollen. Par exemple chez les andrènes les poils sont sur les fémurs.

Abeille Andrena et son stock de pollen sur les fémurs arrières © CACP – Emilie Périé

Chez les abeilles Panurgus (des abeilles toutes noires qu’on voit souvent sur les astéracées jaunes), le pollen recouvre presque entièrement la patte arrière.

Une abeille Panurgus décollant avec son stock de pollen © CACP – Emilie Périé

L’abeille mellifère (ou domestique) Apis mellifera, elle, colle le pollen sur les poils de ses tibias.

Abeille mellifère et sa boule de pollen © CACP

NB : la couleur du pollen dépend de la fleur butinée, jaune, blanc, beige, et même rose !

Abeille mellifère et sa boule de pollen rose © CACP – Gilles Carcassès

Pas du tout !

Certaines abeilles ne stockent pas du tout de pollen et se contentent de manger sur place les grains de pollen et le nectar des fleurs qu’elles butinent. C’est le cas notamment des mâles qui ne participent pas à l’élevage des jeunes et à la préparation des nids. Ces deux halictes mâles n’ont pas de poils de récolte sur leurs pattes arrières.

Deux halictes mâles © CACP – Emilie Périé

Mais également des abeilles dites « coucou ».

Abeille « coucou » © CACP – Emilie Périé

Cette abeille n’a pas de poils de récolte sur les pattes car elle n’a pas besoin de stocker de pollen pour ses larves. On l’appelle « coucou » car elle se comporte comme l’oiseau du même nom. Elle pond ses œufs dans les nids d’autres espèces d’abeilles et laissent celles-ci nourrir ses larves.

Oups !

Quelques fois la récolte du pollen ne se passe pas exactement comme prévue par l’abeille.

Abeille mellifère dans une mauve © CACP – Matthieu Delagnes

En dégustant un peu de nectar de mauve cette abeille mellifère s’est retrouvée entièrement recouverte de pollen, mais n’a rien sur ses corbeilles de récolte. Ca n’est pas d’une très grande utilité pour l’abeille, mais la mauve, elle, devrait y gagner en chance de reproduction si l’abeille s’en va butiner une autre mauve en suivant. La pollinisation est un processus gagnant-gagnant !

Retrouvez d’autres histoires de pollen dans ces articles :

Bande de tricheurs !

La pollinisation

L'actualité de la Nature

Les pieds dans le plat !

[wpvideo qSmykgFc]

En voilà  des manières que de se rouler dans son assiette !

C’est pourtant la technique de cette petite abeille sauvage.

Abeille Panurgus dans une fleur de picride © CACP – Alexandra Marques

Cette petite abeille toute noire appartient à  la famille des Panurgus, assez difficile à  déterminer. On connait deux espèces en àŽle-de-France : Panurgus dentipes et Panurgus banksianus.

Ces abeilles Panurgus ont une technique assez particulière pour récolter le pollen : elles se roulent littéralement dans les fleurs autour des étamines et ramassent le pollen sur leur scopa (les brosses sur les pattes postérieurs qui servent à  récolter les grains de pollen). Celle-ci est déjà  bien chargée !

Abeille Panurgus couverte de pollen © CACP – Emilie Périé

Une autre particularité de ces abeilles, elles semblent consommer exclusivement le pollen des astéracées liguliflores jaunes comme ici des picrides (Picris hieracioides en premier et Picris echioides en second).

Retrouvez d’autres histoires d’abeilles :

L’anthidie à  sept épines

La mégachile des jardins

L’anthidie à  manchette

L’andrène des campanules

L'actualité de la Nature

La floraison des cèdres

Chatons de cèdre bleu - boulevard de l'Oise à  Cergy © Gilles Carcassès
Chatons de cèdre bleu libérant leur pollen – boulevard de l’Oise à  Cergy © Gilles Carcassès

Octobre, c’est la saison de la floraison des cèdres. Au moindre souffle, les chatons mâles des cèdres libèrent des quantités impressionnantes de pollen. Ces millions de grains de pollen extrêmement légers forment ces amas jaunes que l’on peut observer au sol dans le quartier.

Que l’on se rassure : il n’y a aucun risque d’allergie avec le pollen de ces arbres.

Merci à  tous ceux qui ont posté des messages sur le sujet de la photo mystère d’octobre 2016. Et bravo : vous êtes tous trop forts !

L'actualité de la Nature

Du nectar de bryone sinon rien

Andrena florea visite une fleur de bryone au pied de la préfecture à  Cergy © Gilles Carcassès
Andrena florea visite une fleur de bryone au pied de la préfecture à  Cergy © Gilles Carcassès

La bryone s’accroche aux haies qu’elle escalade sur plusieurs mètres grâce à  ses vrilles spiralées. L’hiver elle fane, laissant voir ses baies rouges toxiques. Chaque printemps, elle repousse avec vigueur depuis sa grosse racine charnue qui lui a valu son surnom de « navet du diable ». Chez la bryone dioà¯que, seule cucurbitacée sauvage visible en Ile-de-France, les sexes sont séparés : on trouve des pieds mâles et des pieds femelles.

Avril voit ses premières fleurs et avec elles, ses visiteuses assidues : les andrènes des fleurs. Ces petites abeilles solitaires qui creusent leur nid au sol sont dépendantes de la bryone pour leur nourriture. Aussi, il suffit de se poster quelques minutes devant une bryone en fleurs pour en voir quelques-unes venir se ravitailler. A l’inverse il suffirait de suivre le vol d’une andrène des fleurs sur quelques kilomètres pour arriver aux pieds de bryone. Le naturaliste avisé choisira la première méthode.

Comme toutes les andrènes, Andrena florea transporte le pollen sur les poils de ses pattes. Avec le pollen et du nectar elle confectionne des boulettes qu’elle place dans les logettes au fond de son terrier pour la nourriture de sa descendance.

Jardiniers, laissez donc une petite place à  la bryone dans un coin de votre jardin.

En savoir plus sur Andrena florea et la bryone