En continuité écologique avec le massif de l’Hautil, le domaine du château de Menucourt couvre environ 60 hectares dont plus de la moitié a été classée Espace Naturel Sensible en 2005. Une partie seulement de cet espace est ouvert au public (7 hectares).
La diversité des milieux présents (berges de l’étang, ruisseaux et sources, prairies, boisements forestiers), les modalités de gestion (fauchage tardif des prairies, préservation de vieux arbres et de bois mort en forêt) et la continuité avec le vaste ensemble forestier de l’Hautil en font un lieu privilégié pour le développement de nombreuses espèces.
Voici quelques images des paysages et des habitants de ce parc :
Retrouvez quelques-uns de nos articles relatifs à la biodiversité du parc du château de Menucourt :
Ceci n’est pas une moisissure ni la ponte d’un escargot, c’est un myxomycète nommé Stemonitopsis typhina.
Un grand bravo à Zibou et Hélène qui ont su résoudre cette énigme !
Stemonitopsis typhina est ici dans sa forme fixe. Les sporocarpes sont en forme de bâtonnets allongés pour cette espèce.
Ils vont brunir en mà»rissant et libérer des spores qui assureront sa dissémination.
Les spores de myxomycètes, en conditions favorables, évoluent en petites amibes mobiles qui fusionnent pour former des masses gélatineuses (nommées parfois « blob ») qui peuvent être assez étendues. Elles sont capables de ramper, à la vitesse de 4 cm par heure, et de digérer de petites proies, essentiellement des champignons et des bactéries.
Les myxomycètes sont consommés par de nombreux arthropodes qui vivent dans le bois pourri, et ils constituent un maillon essentiel dans le processus de dégradation de la matière organique.
Bravo à Béatrice, Juliet et Colette qui ont les premières reconnu le passage des sangliers ! Et une mention spéciale à Laurent Lebot de THEMA Environnement pour la précision de son commentaire.
Avez-vous déjà essayé de vous frotter à un tronc d’épicéa ?
à‡a gratte fort ! Les sangliers adorent…
A la base du tronc, on remarque une coloration gris terne : c’est de la boue séchée ! Les sangliers font ainsi leur toilette : un bon bain de boue dans une souille bien fangeuse, puis une séance de gratte-dos sur le tronc d’un arbre pour enlever la boue. Ces croà»tes de boue sont nommées houzures, leur hauteur sur le tronc renseigne sur le gabarit des animaux qui fréquentent le frottoir.
Et les traces noires au-dessus ? C’est un truc de chasseurs : un badigeon de goudron de Norvège, les sangliers adorent cette odeur et ça les aide à se débarrasser des parasites. A mon avis, il y a là -dessous des intentions pas très pures. Je ne crois pas que ce soit juste pour leur faire plaisir.
Petite remarque en passant : un chasseur respectueux de la nature ne balance pas le bidon vide de goudron de Norvège dans les fourrés…
Quelle est donc cette brillante floraison vue au parc du château de Menucourt ? C’est celle du tussilage qui a la particularité d’émettre des tiges florales et de produire des fruits avant de développer ses feuilles.
Comme beaucoup d’Asteraceae, les capitules sont composés de deux types de fleurs : celles du centre, en tube, sont dotées de pistil et étamines, celles du pourtour sont de fines ligules qui n’ont d’autre fonction que l’améliorer la visibilité de la fleur pour les insectes pollinisateurs et de faciliter leur atterrissage. Diverses espèces d’abeilles et de petits coléoptères apprécient cette ressource précoce en pollen. Aux fleurs vont bientôt succéder des fruits surmontés d’une aigrette soyeuse que le vent dispersera.
Le tussilage est une vivace pionnière, typique des sols remués et instables, il colonise souvent les talus argileux ou marneux.
Le limbe des feuilles, de forme arrondie, évoque l’empreinte du sabot d’un âne, d’où le nom vernaculaire de la plante « pas d’âne ».
Les chenilles de plusieurs espèces de papillons consomment le tussilage. Tyria jacobaeae, la « goutte de sang » que je vous ai montré sur le séneçon jacobée pourrait aussi occasionnellement se nourrir du tussilage.
Le 23 janvier 2018, j’étais invité à un événement bien sympathique : l’arrivée d’un troupeau de moutons au pavillon Bethanie à Menucourt. Ce foyer d’accueil médicalisé de la fondation John BOST dispose de vastes espaces naturels. Cette année sa direction a fait appel pour leur entretien à une entreprise spécialisée dans l’éco-pâturage : Ecomouton.
Devant le personnel et les pensionnaires assemblés, Sylvain Girard a expliqué les vertus de la race Ouessant : des ovins légers, très rustiques et particulièrement bien adaptés pour la gestion écologique des prairies. Ecomouton est à la tête d’un cheptel de 3600 ovins et emploie 24 personnes. En quelques années, il est devenu le plus important éleveur français de moutons Ouessant.
A l’ouverture de la bétaillère, moment d’hésitation : qui osera sortir en premier ? Une brebis saute, les autres lui emboîtent le pas.
Chez les Ouessant, les béliers portent des cornes. Le petit troupeau est constitué de huit brebis et deux béliers. En bas de la pâture, près de la clôture du parc public du château de Menucourt, ils contribueront à maintenir la végétation d’une station de renouées du Japon, plante invasive difficile à réguler.
J’aime bien regarder sous les gros polypores qui poussent sur les troncs, parfois on y fait de belles rencontres. Celle-ci, c’était dans le parc du château de Menucourt, sous un amadouvier parasitant un gros chêne.
Cette grande larve assez agile a tapissé le dessous du champignon d’un réseau de soies qu’elle a enrobées d’un mucus peu appétissant. C’est la larve d’un Keroplatidae, un diptère élancé qui ressemble un peu à une tipule.
Je suis content, je ne connaissais pas cette famille. Sur diptera info, il est répertorié une douzaine d’espèces, ce qui ne veut pas dire qu’il n’en existe pas plus, mais plutôt que ces insectes sont très mal connus. Chez les Keroplatidae, les larves trouvent leur repas dans leur mucus. Les espèces mycétophages capturent ainsi des spores de champignons, les espèces prédatrices y piègent des acariens et des collemboles. Et même certaines empoisonnent leur mucus avec une sécrétion acide pour occire leurs proies.
Je n’ai pas réussi à trouver de spécialiste des larves de Keroplatidae. Alors, il me plaît de penser que ma trouvaille pourrait être une prédatrice toxique, ce serait plus glamour.
D’ailleurs, je lui trouve un air diabolique avec ses petites cornes sur la tête.
J’aurais dà» la rapporter à la maison avec son champignon géant, pour faire l’élevage. C’est ma femme qui aurait été contente !
Au château de Menucourt, dans le pré de la vache, j’ai eu la bonne surprise de trouver une touffe de colchique. Inutile de chercher ses feuilles, elles sont absentes au moment de la floraison. Elles n’apparaitront qu’au printemps, avec les fruits (de grosses capsules).
Cette plante typique des prairies humides ne supporte pas la fertilisation, et l’ensemencement par des fourragères lui est fatale. Aussi, elle n’est plus très commune dans notre région. En revanche, la fermeture des milieux ne la gêne pas trop car elle se plaît assez bien en compagnie d’arbustes, prospérant en lisière et même dans les bois clairs.
Surnommée tue-chien !
Le colchique, extrêmement toxique, est utilisé dans l’industrie pharmaceutique. Deux alcaloà¯des en sont extraits, la colchicine, utilisée dans le traitement de la goutte et le colchicoside, à la base de médicaments myorelaxants. 80 tonnes de graines, issues de cueillette manuelle, et pour l’essentiel importées d’Europe centrale et de l’Est, sont ainsi traitées annuellement en France. Les essais de mise en culture en France de cette plante n’ont guère été concluants, en raison notamment d’un taux de germination très faible et de la durée de la culture : 3 à 7 ans avant de commencer à fleurir ! La multiplication végétative à partir des cormus souterrains n’est pas non plus très efficace.
Ne pas confondre avec le Crocus speciosus
Dans la partie publique du même parc, on trouve ça et là près de l’étang, cette autre bulbeuse à la floraison automnale, reconnaissable à ses longs stigmates orange divisés en fines lanières. Il s’agit de Crocus speciosus, originaire d’Europe de l’Est. Cette jolie bulbeuse, qui se naturalise facilement, a été plantée là par un jardinier inspiré, à une époque inconnue.
Dans le parc du château de Menucourt, je repère ce frelon sur une jeune pousse de frêne. Il a l’air très occupé et me laisse approcher.
Il se tient solidement, les griffes plantées dans la tige. On voit qu’entre ses mandibules, il triture l’écorce et l’aubier de l’arbre.
Il est parti. Le résultat est édifiant !
Mais qu’en fait-il de cette écorce ? Je ne crois que ce soit pour construire son nid en pâte à papier, car en cette fin de saison, il est déjà terminé. Le frelon a utilisé pour cela du bois mort qu’il est allé mâcher dans les vieux arbres.
Sur le frêne, il semble que l’insecte vienne s’abreuver de la sève descendante sucrée de l’arbre. Le frelon est ainsi un ravageur pour les pépiniéristes qui produisent des jeunes plants de feuillus. Il paraît que le frêne est son favori.
Pour briller en société, rien de tel que de savoir différencier au premier coup d’œil les trois espèces de Libellula de la faune française.
Il suffit de savoir quoi observer : ce sont les taches sombres sur les ailes !
Démonstration :
Libellula quadrimaculata : immanquable, la tache sombre aux nodus (au milieu, à l’avant de chaque aile).
Libellula fulva : extrémité des ailes (plus ou moins) assombrie et une tache peu étendue à la base de chaque aile.
Libellula depressa : une tache étendue et bien visible à la base de chaque aile.
La plus difficile c’est la libellule fauve, parce que les taches sombres à l’extrémité des ailes ne sont pas toujours présentes. Mais il faut bien regarder les taches à la base des ailes : elles sont vraiment moins étendues que chez la libellule déprimée (surtout pour l’aile antérieure).
Chez Libellula quadrimaculata les deux sexes sont semblables, pour les espèces Libellula fulva et Libellula depressa, les mâles matures sont teintés de gris ou de bleu.
Application :
Quelle est l’espèce de cette Libellula mâle ?
Vous avez vu, c’est facile : Libellula depressa
Et celui-ci ?
Enfantin : petites taches = Libellula fulva.
Et celui-là ?
Aucune tache : ce n’est pas une Libellula, celui-ci est un Orthetrum. C’était un piège.