Une chenille de bombyx disparate, repue de feuilles de chênes, s’est nymphosée sur une ardoise en une ravissante chrysalide noire à touffes de poils bruns. A peine éclos, le papillon femelle a commencé à émettre des phéromones pour attirer les mâles de son espèce. Fécondée sur place, elle a pondu plusieurs centaines d’œufs dans un feutrage constitué des poils de son abdomen. Epuisée, elle va mourir, son devoir de reproduction accompli. Comme les autres espèces de la famille des Lymantriidae, ces papillons ne se nourrissent pas. Au total, ce papillon de nuit aura vécu quelques heures et parcouru à pattes dix centimètres depuis son émergence. Bien la peine d’avoir des ailes !
Cette chenille de l’Etoilée (Orgyia antiqua) vient de muer, elle se repose à côté de sa mue. Avec ses « moustaches » extravagantes et ses couleurs vives, elle me fait penser au dragon du Nouvel an chinois. Ses quatre grosses brosses dorsales sont caractéristiques de cette espèce. On aurait tort de s’y frotter, car cette espèce est réputée toxique et urticante.
Chez l’Etoilée, les papillons mâles et femelles sont très différents
L’adulte mâle est un papillon de nuit marron avec une petite tache blanche sur l’aile antérieure. On peut le voir en juin et en septembre (deuxième génération). La femelle ressemble à une petite peluche grise et dodue et ses moignons d’ailes ne lui permettent pas de voler.
Avec leurs longues soies, leurs crêtes, leurs pustules, leurs aigrettes et leurs couleurs chamarrées, pas de doute, elles se font remarquer ! L’extravagance de ces deux chenilles n’a d’égale que la discrétion de leurs formes adultes. Elles appartiennent toutes deux à la sous-famille des Lymantriinae (la pilosité et les brosses dorsales sont une caractéristique familiale).
Cette sous-famille comprend une petite vingtaine d’espèces en France et appartient au sous ordre des Hétérocères (les papillons de nuit). La diversité des espèces de papillons de nuit est très grande et ils sont de loin les plus nombreux dans l’ordre des lépidoptères (ils représenteraient 95% des papillons).
Nos deux punks dévorent gloutonnement des feuilles d’arbres et d’arbustes caduques. Mais elles ne se nourrissent plus à l’âge adulte : la trompe des imagos est atrophiée, un signe évident de la brièveté de la vie chez cette famille de papillons de nuit.
Autre caractéristique des Lymantriidae : un fort dimorphisme sexuel.
Il est particulièrement marqué chez Orgyia antiqua. Si le mâle ressemble à un papillon de nuit « classique », la femelle, blanchâtre, avec ses ailes quasi inexistantes et son abdomen rebondi ressemble davantage à un jeune phoque. Elle est condamnée à rester à proximité de son cocon jusque la mort qui surviendra peu de temps après la ponte.
Le dimorphisme sexuel chez Calliteara pudibunda s’exprime quant à lui au niveau des antennes.