Connaissez-vous le potager fruitier du château de La Roche-Guyon ?
C’est un endroit sublime où les jardiniers essaient plein de techniques pour produire sans pesticides des fruits et des légumes savoureux et variés. J’avais décidé de rendre visite à mon ami Jean-Luc, chef jardinier. Ce matin-là , son domaine était investi par toute une équipe de tournage pour un reportage de l’émission « Comme une envie de jardins » qui passera sur France 3 à la rentrée. Alors, je me suis fait discret pour échapper aux attaques du drone et ne pas rentrer dans le champ des caméras…
Les oignons blancs de semis sont récoltés : il faut les laisser bien sécher sur la parcelle avant de les rentrer pour qu’ils se conservent.
Au potager fruitier du château de La Roche-Guyon, beaucoup de légumes et de fruits sont peu connus. Ci-dessus, une amarante pourpre cultivée pour ses graines comestibles.
On y cultive des plantes favorables aux auxiliaires
Les cardons ont bien donné, et ces plantes géantes s’épanouissent maintenant pour le régal des bourdons. Une grosse cétoine en profite aussi. Ses larves aideront à la fabrication du compost produit en tas directement dans les parcelles du jardin.
Au verger, c’est la pleine production de la pomme d’été Transparente blanche, rafraichissante et acidulée. Pour aider les insectes auxiliaires à lutter contre les ravageurs, de nombreuses plantes fleuries bordent les allées. Les soucis, par exemple, sont connus pour favoriser les punaises prédatrices.
Et les zinnias aux fleurs simples, très nectarifères, sont particulièrement bénéfiques pour les insectes pollinisateurs.
Merci Jean-Luc, les choux raves à la menthe étaient délicieux !
J’ai retrouvé les trognes de mon enfance. Ces saules têtards me paraissaient déjà vieux quand, tout gamin, je jouais dans ce qui était pour moi la jungle de Robinson Crusoé.
Leurs cavités sont une vraie chance pour la biodiversité : des reptiles, des oiseaux cavernicoles comme le troglodyte ou la chouette chevêche, des chauves-souris, des crapauds, de nombreux insectes et araignées peuvent y trouver refuge.
L’arbre têtard est le résultat d’une taille régulière qui consiste en la suppression des toutes les branches sur un tronc court qui prend au fil des cicatrisations une forme en massue. Cette conduite donne à l’arbre une très grande résistance au vent et une exceptionnelle longévité.
Ces formes que l’on rencontre typiquement dans le bocage permettaient la récolte aisée de bois jeune, pour la vannerie, le fourrage ou le foyer.
Certains paysagistes et des gestionnaires d’espaces verts renouent avec cette tradition, y compris dans des sites urbanisés.
Voilà un aménagement économique : ces saules ont été bouturés. Ils sont taillés régulièrement de façon à former un tronc d’une hauteur d’un mètre cinquante.
Ceux-là ont quelques années de plus.
Ils sont malins, ces anglais ! En utilisant la technique du tressage de boutures de saule, ils vont obtenir en une dizaine années seulement des formations végétales très semblables à des trognes qui seront aussi creuses et accueillantes pour la faune que des saules têtards centenaires.
Pour ceux-là , tout n’est pas perdu. Car le jardinier saura supprimer ces bâches en plastique si néfastes à la vie du sol et choisir un mode de conduite durable pour ces saules. Il pourra soit les rabattre très près du sol tous les deux ans et former ainsi une haie d’allure naturelle, soit ne conserver que les meilleures tiges pour former les futurs troncs de trognes, à tailler régulièrement, espacées de quelques mètres.
Pour favoriser la biodiversité de leurs trames vertes, et en application des principes de gestion différenciée des espaces verts, les collectivités conduisent souvent certains de leurs espaces herbeux en prairies plutôt qu’en pelouses régulièrement tondues. Se pose alors la question des modalités de gestion de ces prairies, notamment pour les dates des opérations de fauche. En ville, il faut bien considérer les contraintes locales et coordonner des objectifs parfois divergents.
Mais qu’appelle-t-on prairies ? Ce sont des espaces herbeux, dominés par les graminées, dans lesquels peuvent cohabiter de nombreuses plantes vivaces locales et quelques annuelles adaptées à ce type de milieu. Pour conserver le caractère ouvert de ces espaces et empêcher l’arrivée des ronces, des arbustes et des arbres, il faudra effectuer au moins une fauche par an, ou entretenir par pâturage.
La faune sauvage qui bénéficie de la végétation de la prairie se portera très bien avec une seule fauche annuelle réalisée le plus tard possible en saison. Ainsi, une fauche tardive, classiquement réalisée en octobre, permet d’assurer le cycle de vie complet de la plupart des plantes jusqu’à la maturation des graines, et favorise la reproduction des insectes qui leur sont associés.
Pour des raisons d’esthétique, d’usage ou de sécurité, une fauche intermédiaire peut être réalisée en été. Il ne faut pas l’effectuer avant juillet : on ménagera ainsi la floraison des orchidées sauvages, et celle de nombreuses plantes vivaces sauvages qui font l’agrément et l’intérêt biologique des prairies pendant les mois de mai et de juin. Et pour une bonne production des graines de ces plantes, il est préférable d’attendre le 15 aoà»t. Après une fauche estivale, certaines vivaces de la prairie pourront faire une deuxième floraison à l’automne, mais moins spectaculaire et sur des tiges moins hautes.
Une troisième opération de fauche est parfois ajoutée au printemps. Il faut alors prendre garde de l’effectuer avant la montée des tiges de ces plantes vivaces de prairies : pas après la fin avril en tout cas. Natureparif, dans son guide de gestion différenciée à l’usage des collectivités préconise de ne pas faucher entre le 1er mai et le 15 aoà»t.
Il existe en fonction des types de sols et de l’exposition de nombreux types naturels de prairies. Sur notre territoire, les coteaux secs et pentus d’une part, et les zones inondables d’autre part fournissent les prairies les plus riches potentiellement en terme de biodiversité. L’entretien par le pâturage constitue un excellent moyen de développer le potentiel de biodiversité de ces espaces, qu’ils soient secs ou humides. Si l’on recourt au fauchage, il faut absolument exporter soigneusement les coupes pour ne pas enrichir le sol au risque de banaliser le cortège végétal. Le fauchage par barre de coupe (ou à la faux pour les petits espaces) est bien plus respectueux de la vie de la prairie que le broyage mécanique. Enfin, le maintien d’une petite partie non fauchée permet de créer une zone refuge pour la faune qui ainsi pourra facilement recoloniser l’espace après les opérations d’entretien.
Un groupe d’élus et de jardiniers des communes de Courdimanche, Eragny, Menucourt et Vauréal s’étaient donné rendez-vous à La Roche-Guyon pour la traditionnelle sortie de juin. L’occasion de mieux se connaître, de partager des expériences et d’explorer de nouveaux champs de connaissance.
La matinée a été consacrée à la visite du potager-verger du château de La Roche-Guyon sous la conduite de son responsable technique Jean-Luc Bource. Comment concilier une production de qualité de fruits et légumes variés, avec des moyens limités, dans un espace ouvert au public et en gestion écologique ? Le secret de Jean-Luc : innover, oser, se tromper parfois, et apprendre toujours !
Après un pique-nique sous l’ombrage des tilleuls centenaires des berges de Seine, le groupe a investi les crêtes. Armés de la « Flore des coteaux de la Seine autour de La Roche-Guyon » de Gérard Arnal, aimablement prêté par Natureparif, les botanistes en herbe ont identifié plantes rares et communes avec beaucoup d’enthousiasme (et d’éternuements pour certains). Ce fut un très bon entraînement pour le protocole Florilèges de suivi botanique des prairies auquel plusieurs participants avaient été formés l’avant-veille.
En visite au jardin de la Couleuvre à Pontoise, siège du CAUE du Val-d’Oise, j’ai rencontré cette volucelle bourdon. Ce diptère, par sa pilosité et sa corpulence, ressemble à s’y méprendre à un bourdon. Il existe plusieurs formes diversement colorées de cette espèce, correspondant à différentes espèces de bourdons. Il semble que cette mouche ne limite pas la ressemblance à l’aspect visuel car elle émet aussi un bourdonnement voisin de celui des bourdons. Elle visite les nids des bourdons pour y pondre ses œufs. Les larves s’y nourriront de déchets trouvés au fond du nid, et parfois aussi un peu du couvain.
Une espèce voisine, la volucelle transparente, vue ici sur un troène en fleurs à La Roche-Guyon, trompe chimiquement la guêpe commune et la guêpe germanique pour aller pondre dans leur nid souterrain. On la voit souvent se nourrir sur les fleurs blanches.
Si, comme sur cette photo, les yeux ne se touchent pas, c’est qu’on affaire à une femelle.
Comme chaque année à la mi-juin, un groupe de jardiniers des communes de Cergy-Pontoise se retrouvera pour un pique-nique amical et instructif dans un jardin hors du territoire. Cette année, c’est le responsable technique du potager verger du château de La Roche-Guyon qui accueillera le groupe pour un échange sur le thème très tendance du jardin écologique et alimentaire. L’après-midi, la cellule Biodiversité de la Communauté d’agglomération proposera une découverte des pelouses calcaires des crêtes au-dessus du village. Une façon d’approfondir les acquis de la formation au protocole Florilèges prairies en s’entraînant à la détermination de quelques plantes rares dans ce haut-lieu de la botanique francilienne.
Pour tout renseignement : biodiversite@cergypontoise.fr