Je vous présente Urophora cardui, l’insecte qui sortira au printemps de la galle de la tige du chardon des champs. Ici, il s’agit d’une femelle, on voit au bout de son abdomen son ovipositeur. Et voici le mâle :
On peut rencontrer en France une dizaine d’espèces d’Urophora. Les plus communes sont Urophora stylata que l’on peut voir sur les cirses, surtout le cirse commun (Cirsium vulgare), Urophora cardui sur le chardon des champs (Cirsium arvense), Urophora quadrifasciata essentiellement sur les centaurées, Urophora solsticialis sur les Carduus…
Retrouvez un autre article relatif au genre Urophora :
Ce dessin caractéristique sur les ailes, je le reconnais, c’est celui de l’inconfondable Amonoia purmunda, une adorable petite mouche de la famille des Tephritidae dont la larve vit dans les fruits sauvages, ceux des aubépines particulièrement.
Intéressant ! Quels autres insectes écrasés vais-je trouver sur mon pare-brise ? Euh… aucun. Voilà qui m’intrigue.
Quand j’étais gamin, je me souviens très bien qu’il était nécessaire de s’arrêter assez régulièrement lors des longs trajets pour nettoyer le pare-brise, tant étaient nombreux les impacts des insectes, petits et gros. On ne peut pas dire que ce soit le cas aujourd’hui. Qu’en pensent les entomologistes ? Dans un article paru en mai 2017 dans Science magazine, il est rapporté une étude réalisée dans une réserve naturelle en Allemagne, qui montre qu’en 24 ans (entre 1989 et 2013) 78% des insectes avaient disparu ! Il ne s’agit pas du nombre des espèces, mais bien de la masse ! Mon impression serait donc une réalité scientifique ? On aimerait ne pas y croire. Car tous ces insectes sont la nourriture de nombreuses espèces : les hirondelles, par exemple, dont nous voyons la population diminuer chaque année sur certains sites lors de nos inventaires.
Quelles sont les causes de ce déclin ? L’article pointe la disparition des haies, le développement de la culture du maà¯s, la fertilisation des prairies, la pollution lumineuse, l’urbanisation des campagnes, les pesticides…
Une autre belle rencontre sur mon pare-brise
Cela s’est passé sur le même parking à Cergy, un soir en quittant le bureau. Au moment de démarrer ma voiture, j’ai vu cet oiseau qui me regardait posé sur mon pare-brise. Cette jeune pie inexpérimentée, peut-être intéressée par un insecte écrasé et voulant en faire son quatre heures, avait coincé ses doigts dans l’essuie-glace ! Je l’ai libérée, et elle n’a pas demandé son reste !
J’aime bien regarder sous les gros polypores qui poussent sur les troncs, parfois on y fait de belles rencontres. Celle-ci, c’était dans le parc du château de Menucourt, sous un amadouvier parasitant un gros chêne.
Cette grande larve assez agile a tapissé le dessous du champignon d’un réseau de soies qu’elle a enrobées d’un mucus peu appétissant. C’est la larve d’un Keroplatidae, un diptère élancé qui ressemble un peu à une tipule.
Je suis content, je ne connaissais pas cette famille. Sur diptera info, il est répertorié une douzaine d’espèces, ce qui ne veut pas dire qu’il n’en existe pas plus, mais plutôt que ces insectes sont très mal connus. Chez les Keroplatidae, les larves trouvent leur repas dans leur mucus. Les espèces mycétophages capturent ainsi des spores de champignons, les espèces prédatrices y piègent des acariens et des collemboles. Et même certaines empoisonnent leur mucus avec une sécrétion acide pour occire leurs proies.
Je n’ai pas réussi à trouver de spécialiste des larves de Keroplatidae. Alors, il me plaît de penser que ma trouvaille pourrait être une prédatrice toxique, ce serait plus glamour.
D’ailleurs, je lui trouve un air diabolique avec ses petites cornes sur la tête.
J’aurais dà» la rapporter à la maison avec son champignon géant, pour faire l’élevage. C’est ma femme qui aurait été contente !
La phasie crassipenne est un membre de la famille des Tachinidae, diptères tachinaires dont les larves parasitent d’autres insectes. Ectophasia crassipennis cible quant à elle les punaises.
Tachi qui ?
A noter que le « chi » de Tachinidae et de tachinaire se prononce « ki », comme dans… chalarose, chorale ou chélidoine.
Bien chargée, la punaise !
Au fait, crassipennis, drôle de nom… Du latin « crassus » = gros et de « penna » = l’aile, bien sà»r.
Les cirses maraîchers en fleurs attirent de nombreux insectes. Au parc du château de Grouchy à Osny, j’ai observé ces deux espèces de volucelles attablées sur la même plante.
Un abdomen à moitié translucide !
La volucelle transparente vit aux dépends des guêpes. Elle s’introduit dans le nid souterrain de la guêpe commune ou de la guêpe germanique en trompant les occupantes avec des phéromones. Sa larve est un ectoparasite du couvain.
Avec ses 2,5 centimètres de long, la volucelle zonée est l’une de nos plus grandes mouches. Comme la volucelle transparente, elle pond sur la paroi des nids d’hyménoptères sociaux. Sa ressemblance avec le frelon européen lui est peut-être utile pour parasiter incognito les nids de cette espèce ?
Une galle est une excroissance d’un végétal produite par une bactérie, un nématode, un acarien, un champignon, ou, plus généralement, par l’effet de la piqure d’un insecte parasite. Parmi ces insectes, les Cecidomyiidae, très petits diptères, sont responsables de nombreuses galles sur une grande diversité de végétaux.
Les cécidomyies, ravageurs des cultures
Les cécidomyies causent souvent des dommages aux cultures. C’est le cas par exemple de la cécidomyie de l’hémérocalle qui fait avorter les boutons floraux et celle du robinier qui déforme ses folioles. On peut citer aussi la cécidomyie des siliques du colza et du chou et celle des pousses de la luzerne. D’autres espèces nuisent aux céréales, aux poiriers, aux oliviers, aux lavandes… Toutes ne sont pas nuisibles : les larves de certaines espèces de cécidomyies, prédatrices de pucerons, sont utilisées en lutte biologique.
Quelques exemples de galles de cécidomyies
Retrouvez l’étrange beauté des galles dans nos articles :
Dimanche 14 mai 2017, j’ai participé aux inventaires éclairs de biodiversité organisés par Natureparif.
Les inventaires éclairs 2017 à Jeufosse et Port-Villez
Cette année, cela se passait à Jeufosse et Port-Villez, dans les Yvelines. Jeufosse ? Facile : c’est sur la route de Blaru, en venant de Predreauville.
Le principe des inventaires éclairs est simple, on réunit une centaine de naturalistes passionnés et d’experts patentés, on leur distribue quelques victuailles pour assurer leur survie et on les lâche 48 heures dans la nature, par équipes, avec pour mission d’inventorier le territoire. Les oiseaux, les plantes, les insectes, les chauve-souris, les escargots… tout doit y passer !
Les étudiants en BTS « Gestion et Protection de la Nature » ont fait connaissance avec leurs ainés déjà dans la carrière ; les amateurs se sont frottés avec gourmandise aux éminents spécialistes.
Quelques belles trouvailles
J’ai le plaisir de partager avec vous quelques moments d’intenses émotions :
Ce papillon Soufré complaisant est resté difficile à déterminer (« les Colias, ouh, c’est galère… »).
On m’a fait passer dans des endroits où la main de l’Homme n’avait jamais mis les pieds. Les inventaires éclairs, c’est pas de la tarte…
Celle-là , c’est moi qui l’ai trouvée : trop fier ! Quelle bille de clown, cette mouche !
Ce papillon de nuit dormait sur son brin d’herbe.
L’émergence de la petite cigale fredonnante a eu beaucoup de succès auprès des photographes. Je vous en ferai le reportage dans un autre article.
Toutes griffes dehors, les tiques guettent le passage des naturalistes. Je l’ai vue, elle ne m’a pas eu.
Le caractère distinctif des membres de la famille des Syrphidae réside dans la présence de la vena spuria (voir l’image ci-dessous), ce pli qui longe la nervure médiane.
En vol, les syrphes ont la capacité de se maintenir sur place grâce à un battement des ailes très rapide. Ils présentent souvent une livrée rayée qui rappelle celle des guêpes, ou des frelons pour les plus grosses espèces. On observe facilement les adultes sur les fleurs.
La famille des Syrphidae est très vaste : on dénombre pas moins de 500 espèces en France. J’ai choisi de vous en montrer dix, communes à Cergy-Pontoise et assez faciles à reconnaître. Elles ont des mœurs très différentes.
Voici tout d’abord quatre espèces dont les larves consomment des pucerons.
Les larves saprophages des trois espèces suivantes ont une vie aquatique. Elles vivent dans les eaux très chargées en matière organique.
Pour d’autres espèces, les larves sont commensales dans des nids de bourdons, ou de guêpes. Elles y consomment des déchets et des cadavres. C’est le cas des volucelles.
Retrouvez quelques-uns de nos articles présentant des syrphes :
Organisée par la bibliothèque de Menucourt et le Comité de Défense de l’Environnement de Menucourt, la sortie de samedi 5 novembre 2016 au parc du château a permis aux enfants du village d’observer toutes sortes de petites bêtes. Armés chacun d’une boîte loupe, ils ont retourné des feuilles, soulevé des écorces, fouillé dans la litière, inspecté les troncs des arbres et les tiges des hautes herbes…
Au tableau de chasse : 3 espèces de coccinelles, des punaises, des crustacés, des psoques, des araignées, des limaces, des coléoptères, des mouches, des chenilles, des escargots rigolos, des collemboles et même une petite grenouille…
La belle Ectophasia crassipennis, une mouche dont les larves parasitent les punaises, était toute engourdie par le froid sur une inflorescence sèche de berce commune.
Ces œufs sont aussi bien rangés que les cellules dans les rayons de la ruche. Il s’agit sans doute d’une ponte de punaise.
Toute plate pour se faufiler sous les écorces, cette larve de cardinal est prédatrice des petits arthropodes qui vivent dans le bois pourri.
Après la découverte des cloportes, crustacés terrestres, voici l’aselle, crustacé d’eau douce qui vit dans le bassin du parc. Elle ne nage pas sur le côté comme les gammares.
Pour conclure la séance, la bibliothécaire a raconté des histoires à l’aide de livres animés. Vous l’aurez deviné, la chenille finira par se transformer en un magnifique papillon multicolore aux reflets irisés (Oh !…)
Maintenant, le soleil s’est couché, il est temps de rentrer chez soi et de laisser le parc du château aux papillons de nuit.