Alors que je suis en repérage sur les espaces ouverts (agricoles) à la recherche de rapaces, un retentissant coup de klaxon, ou de trompette, se fait entendre. Au beau milieu des champs, c’est un peu étrange…
Les cris étant très ponctuels, il est assez difficile de localiser la bête. Heureusement le coupable, ce magnifique mâle faisan de Colchide a eu la bonne idée de rester en bordure du champ de colza. Autrement il aurait impossible de l’apercevoir : il circule aisément entre les pieds de colza et il est bien entendu inenvisageable de pénétrer dans un champ sans l’autorisation préalable de l’exploitant. Il m’a laissé quelques instants l’occasion d’admirer ces splendides couleurs avant de replonger dans la végétation, peut-être à la recherche d’une femelle, ou de quoi s’alimenter. Pour ce qui est du passage de la nuit il profitera d’un perchoir dans l’un des arbres de la haie ou des bosquets qui bordent la parcelle, dès que j’aurai quitté les lieux.
Lors de sa rencontre avec un autre faisan, Gilles l’avait baptisé Anatole. Pour celui-ci, il m’a été proposé Perceval ; mais l’intéressé n’est pas resté suffisamment longtemps pour approuver son nouveau dénominatif.
Lors des rencontres naturalistes 2020 un des intervenants nous a présenté les résultats d’une étude concernant deux oiseaux aux noms aussi esthétiques que leurs plumages : le comptage 2020 des vanneaux huppés et des pluviers dorés.
Une grande partie de ces oiseaux, arrivant de Scandinavie et d’Islande, passent l’hiver en àŽle-de-France. D’après les résultats de ce comptage, près de 5% de la population mondiale de pluviers dorés hivernent en àŽle-de-France (soit environ 100 000 individus) !
Ces oiseaux limicoles (qui fréquentent les marais et les zones côtières l’été) passent l’hiver dans les espaces de grandes cultures, où les champs à végétation rase à perte de vue leur permettent de se rassembler en grands groupes (parfois jusqu’à 6000 individus) et de se nourrir des petits invertébrés du sol (coléoptères, vers, araignées, …).
L’ornithologue indique qu’en 2020 dans le Val d’Oise les observateurs ont certes étaient moins nombreux que dans les autres départements d’àŽle-de-France mais les vanneaux et pluviers étaient également beaucoup moins présents. Tout de même, les 5000 vanneaux sur les 100 000 recensés en 2020 et 2000 pluviers sur les 95 000 comptés sont sans doute revenus, et il faut bien qu’ils soient posés quelque part ! Et selon lui, janvier est une bonne période pour prospecter. Allons y !
Profitant d’une éclaircie je pars donc arpenter les champs au nord ouest de l’agglomération, du côté de Puiseux-Pontoise et Courdimanche.
J’aperçois essentiellement des groupes de mouettes rieuses qui se nourrissent dans les champs mais … là peut-être ? J’arrête la voiture et sors les jumelles.
Oui ! Les motifs noirs et blancs ne trompent pas, ce sont bien les vanneaux huppés ! Je trouve un endroit où garer la voiture et me rapprocher un peu du bord du champs, mais les vanneaux restent assez loin de la route.
Loin, mais tout de même visibles. J’en compte une petite centaine au milieu des mouettes. Et ils ne sont pas seuls, au premier rang on distingue deux pluviers dorés. En tout j’en dénombrerai 10.
Quand je parlais d’esthétique, ce n’était pas exagéré. Avec ses motifs noirs et blancs, les reflets verts de ses ailes et sa fine huppe je le trouve très élégant.
Les pluviers sont restés loin de mon objectif, mais on distingue un peu la silhouette fine et le plumage doré de l’oiseau.
On est loin des envols de milliers d’oiseaux (qu’on peut retrouver dans la présentation de Maxime Zucca ci-dessous), mais ils étaient tout de même présents. Essayons de faire en sorte qu’ils reviennent dans les prochaines années.
La pollinisation est un processus par lequel le pollen (grains émis par les étamines de la fleur) est transféré vers le stigmate (partie réceptive du pollen), permettant ainsi la fécondation de la fleur et donc la reproduction de la plante. Il existe différents vecteurs de pollinisation, qui peuvent être biotiques (insectes, oiseaux, chauves-souris…) ou abiotiques (eau, vent…).
Son importance pour l’agriculture
Bien que la plupart des cultures agricoles mondiales soient anémophiles (pollinisation par le vent), comme les céréales, 30% d’entre elles dépendent tout de même des pollinisateurs. C’est le cas, par exemple, de nombreux fruits et légumes. Cela signifie qu’en l’absence de cette pollinisation, assurée par tout un tas d’insectes et plus globalement par des animaux, la culture de fruits et légumes devient compliquée voire impossible.
Aujourd’hui, sous l’effet d’un grand nombre de facteurs (fragmentation des habitats, utilisation de produits chimiques, altération phénologique…), l’activité des pollinisateurs est limitée. Cette forte perturbation vis-à -vis des pollinisateurs nous contraint d’aménager des zones « refuges » pour favoriser leur présence.
Depuis 2010, le SPIPOLL (suivi photographique des insectes pollinisateurs), protocole de sciences participatives du Muséum national d’Histoire Naturelle, permet d’étudier les réseaux de pollinisation (interactions entre les plantes et les insectes et entre les insectes). Ouvert à tous, il est un bon moyen pour se rendre compte de l’incroyable diversité des insectes pollinisateurs, parmi lesquels les abeilles domestiques et les papillons restent minoritaires.
Préserver les espaces naturels
Pour protéger ce processus naturel qui est aujourd’hui menacé, il est indispensable de laisser aux insectes des espaces de vie sur lesquels ils puissent accomplir leur cycle biologique. Faciliter le déplacement des insectes est également primordial, en reformant les trames vertes et en amoindrissant les fragmentations écologiques.
Je vous les recommande. Ces informations scientifiques sont synthétisées dans un langage accessible à tous et elles sont joliment illustrées. A suivre au quotidien pendant dix jours !