Quand faut-il faucher les bords de route ? Les fauches tardives sont-elles vraiment bénéfiques pour les insectes pollinisateurs ? Faut-il semer des prairies fleuries ? Avec quelles espèces et dans quelles proportions ?
Le ministère de l’Ecologie a publié au début de cette année le rapport d’une expérimentation menée sur trois ans et dans plusieurs régions. Encadrée scientifiquement, elle apporte des réponses claires aux gestionnaires.
Quelles sont les conclusions de cette étude ?
La diversité des plantes à fleurs, la densité florale et la continuité des floraisons apparaissent comme les conditions essentielles au développement des populations d’insectes pollinisateurs, en diversité et en quantité.
L’étude révèle le grand intérêt de l’origan très fréquenté de nombreuses espèces pollinisatrices, des fabacées comme le trèfle des prés et le lotier corniculé, des astéracées (centaurées, knauties… ). La floraison des apiacées (carotte sauvage, berce commune, panicaut… ) est profitable aux diptères et aux hyménoptères ; les mauves, quant à elles, conviennent bien aux hyménoptères.
Ainsi, dans la région d’Evreux, les relevés d’insectes sur les bords de route ont permis de mettre en évidence les fortes affinités suivantes :
– pour les papillons de jour :
- origan
- knautie des champs
- centaurée
– pour les abeilles domestiques :
- origan
- centaurée
- panicaut des champs
L’étude démontre le réel intérêt de la fauche tardive (une seule fauche par an en octobre) qui permet très rapidement d’inverser la dominance des graminées au profit aux dicotylédones (plantes à fleurs). Il semble qu’il serait intéressant de conduire des parties de prairies en fauchage précoce (une seule fauche par an début juin) en complément et à proximité immédiate de zones en fauchage tardif, car cela permettrait d’étaler les périodes de floraison.
L’exportation des produits de fauche est a priori préférable mais pose de nombreux problèmes : coà»t, matériel, transport, gestion des déchets. Sur les 3 années de l’expérimentation, l’absence d’exportation n’a pas empêché l’amélioration sensible et rapide de la composition floristique ayant entraîné un impact positif sur les pollinisateurs.
L’intérêt de prairies semées en mélange fleuri apparaît limité, même lorsqu’il s’agit de plantes indigènes. Si ces formations offrent aux insectes une densité florale plus importante les deux premières années, la variété d’espèces est moindre que dans une prairie naturelle. De plus, cette pratique a deux sérieux inconvénients : le coà»t et la difficulté technique de l’implantation. Ces aménagements semblent profitables aux abeilles domestiques, mais le bénéfice n’est pas établi pour les autres pollinisateurs. Si l’on considère le critère de l’intérêt pour les insectes pollinisateurs, il faut raisonnablement s’abstenir de semer des prairies fleuries à la place de prairies naturelles déjà installées.
Une liste nationale d’espèces végétales a été établie pour les semis de mélange de jachère fleurie sur les espaces d’accompagnement du réseau routier national. Cette liste (texte et tableau extraits du rapport indiqué en lien dans cet article) a été définie en intégrant à la fois les critères d’intérêt pollinifère et nectarifère des différentes espèces, et l’offre commerciale existante ainsi que le coà»t des différentes espèces. Cette liste a ensuite été validée par le MEDDTL (Bureau de la biodiversité) afin d’en exclure les espèces présentant des risques de croisement avec certaines espèces sauvages.
nom latin | nom commun | couleur | Hauteur (cm) | floraison | |
fleurs vivaces | |||||
– Cichorium intybus | chicorée sauvage | bleu | 120 | juin – octobre | |
– Galium verum | gaillet jaune | jaune | 45 | juin – septembre | |
– Lotus corniculatus | lotier corniculé | jaune | 20 | mai – aoà»t | |
– Malva moschata | mauve musquée | rose | 50 | juillet – septembre | |
– Malva sylvestris | mauve sylvestre | pourpre | 60 | mai – septembre | |
– Origanum vulgare | origan | rose | 70 | juillet-septembre | |
– Salvia pratensis | sauge des prés | bleu | 45 | mai – aoà»t | |
– Sanguisorba minor | pimprenelle | rouge – vert | 40 | juin – juillet | |
– Silene latifolia alba | silene enflé | blanc | 30 | mai – septembre | |
– Silene dioica | compagnon rouge | rose vif | 55 | avril – juillet | |
– Trifolium pratense | trèfle violet | violet | 20 | mai – octobre | |
– Trifolium repens | trèfle blanc nain | blanc | 20 | mai – octobre | |
fleurs bisannuelles | |||||
– Daucus carota | carotte sauvage | blanc | 50 | juin – septembre | |
– Dipsacus fullonum | cardère sauvage | pourpre | 115 | juillet – aoà»t | |
– Echium vulgare | vipérine | bleu | 55 | mai – aoà»t | |
– Medicago lupulina | minette | jaune | 20 | mai – septembre | |
fleurs annuelles | |||||
– Papaver rhoeas | coquelicot | rouge | 50 | mai – juillet | |
graminées vivaces | |||||
– Festuca rubra trichophylla | fétuque rouge 1/2 traçante | ||||
– Festuca rubra rubra | fétuque rouge traçante | ||||
– Festuca ovina | fétuque ovine |
La règle de composition du mélange est la suivante :
- graminées : 2 à 3 espèces, 40 à 50 % du mélange (en poids de graines)
- annuelles : 1 espèce, 5 à 10 % du mélange
- bisannuelles : 0 à 2 espèces, 0 à 5% du mélange
- vivaces : 5 à 10 espèces, 35 à 55 % du mélange