Au bord d’un chemin dans le parc du château de Grouchy à Osny, j’ai rencontré ce curieux petit papillon bicolore sur une ombelle de berce.
Visiblement il se délecte du nectar de cette fleur fraichement éclose.
Les rayons du soleil du matin font miroiter ses écailles :
A ses gros yeux et sa silhouette, je soupçonne la famille des Tortricidae, de petits papillons de nuit souvent nuisibles aux cultures. Malgré son look bien typé, j’ai un peu de mal à l’identifier car il n’est pas souvent photographié. Il s’agit de Pammene aurana, une espèce inféodée aux berces. Les chenilles se protègent dans des toiles collectives tissées dans les inflorescences de la berce commune puis consomment les graines de cette plante. Elles hibernent dans un cocon de soie dans le sol. L’année suivante, au début de l’été, les papillons émergent et gagnent les fleurs des berces.
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Malgré leurs épines, les cardères ne sont pas des chardons. Ces plantes bisannuelles sont maintenant classées dans la famille des Caprifoliaceae. Leurs inflorescences sont très visitées en hiver par les chardonnerets qui en extraient les graines avec leur bec pointu.
Voici les graines qui tombent de l’inflorescence sèche quand on la secoue :
Comme je suis curieux, j’ouvre une inflorescence pour savoir comment c’est fait à l’intérieur.
C’est tout creux ! Et l’on voit quelques graines encore présentes au fond de leur logement entre les bractées de l’inflorescence.
J’en ouvre une autre. Surprise : la cavité de cette inflorescence est habitée ! Une petite chenille gris clair y a accumulé une belle quantité d’excréments et a tissé un discret cocon. On voit au-dessus d’elle un orifice bien rond. Je suppose que c’est le trou d’entrée de la jeune chenille.
Que nous apprend la littérature scientifique ?
Il existe bien une noctuelle de la cardère, mais sa chenille est rayée et elle ne ressemble pas du tout à la mienne. Il s’agirait en fait de la larve d’un Endothenia, papillon de nuit de la famille des Tortricidae. Il semble que deux espèces de ce genre fréquentent ainsi les inflorescences des cardères. Distinguer les adultes de ces deux espèces est un exercice délicat, et reconnaître les chenilles encore plus difficile. J’en resterai donc au genre.
Pour espérer voir un jour le papillon, je referme délicatement l’inflorescence avec un peu de fil à coudre et je la place dans un sachet de papier épais suspendu à un arbuste du jardin. Il me faudra patienter jusqu’en avril, paraît-il.
« On rencontre dans la partie supérieure du chardon à foulon un ver qui, écrasé sur les dents, peut, par son application, ou même par le contact des doigts avec lesquels on l’a broyé, produire un calme instantané, une cessation immédiate de la douleur odontalgique. J’ai plusieurs fois employé ce singulier moyen avec succès. La douleur revient au bout de dix, quinze ou vingt minutes ; mais une nouvelle application produit le même soulagement. Je l’ai réitérée jusqu’à cinq fois successives sur la même dent, et toujours j’ai obtenu le même résultat. J’engage les savants à faire des recherches sur les causes de cet effet vraiment extraordinaire. »
Personne n’avait mal aux dents autour de moi, on ne saura pas si cela fonctionne.
Les micro lépidoptères ont souvent de jolis motifs sur leurs ailes. J’ai trouvé celui-ci dans mon jardin sur une feuille de noisetier et il a piqué ma curiosité.
Je le cherche en galeries dans les forums d’entomologie. J’ai déjà rencontré ce regard étonné et je le verrais bien dans la famille des Tortricidae.
Effectivement, c’est un Tortricidé. Il s’agit d’ Olethreutes arcuella, et j’apprends que c’est un sympathique brouteur de feuilles mortes. Plus exactement ce sont ses chenilles qui consomment des feuilles sèches ou fanées. (L’adulte, on ne sait pas ce qu’il mange, s’il mange quelque chose.) J’ai lu qu’il est possible de réussir l’élevage des chenilles de cette espèce avec de tout petits morceaux de feuilles mortes de bouleaux.
La famille des Tortricidae comprend beaucoup d’espèces nuisibles aux cultures, causant d’importants préjudices : la tordeuse de la vigne, le ver de la grappe, la tordeuse du pêcher, le carpocapse du prunier, celui du pommier et du poirier…
Ce petit tas de déjections noires est la signature du carpocapse : cette pomme est véreuse. La chenille, qui apprécie beaucoup les pépins, sortira de la pomme et ira se nymphoser dans la terre ou dans une crevasse d’écorce.