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La cardère : qu’y a-t-il à  l’intérieur ?

Cardères en hiver – parc du peuple de l’herbe à  Carrières-sous-Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Malgré leurs épines, les cardères ne sont pas des chardons. Ces plantes bisannuelles sont maintenant classées dans la famille des Caprifoliaceae. Leurs inflorescences sont très visitées en hiver par les chardonnerets qui en extraient les graines avec leur bec pointu.

Deux chardonnerets au parc du château de Grouchy à  Osny. Celui de droite est sur une cardère © CACP – Gilles Carcassès

Voici les graines qui tombent de l’inflorescence sèche quand on la secoue :

Akènes de cardère © CACP – Gilles Carcassès

Comme je suis curieux, j’ouvre une inflorescence pour savoir comment c’est fait à  l’intérieur.

Capitule de cardère ouvert © CACP – Gilles Carcassès

C’est tout creux ! Et l’on voit quelques graines encore présentes au fond de leur logement entre les bractées de l’inflorescence.

Chenille dans une tête de cardère © CACP – Gilles Carcassès

J’en ouvre une autre. Surprise : la cavité de cette inflorescence est habitée ! Une petite chenille gris clair y a accumulé une belle quantité d’excréments et a tissé un discret cocon. On voit au-dessus d’elle un orifice bien rond. Je suppose que c’est le trou d’entrée de la jeune chenille.

Que nous apprend la littérature scientifique ?

Il existe bien une noctuelle de la cardère, mais sa chenille est rayée et elle ne ressemble pas du tout à  la mienne. Il s’agirait en fait de la larve d’un Endothenia, papillon de nuit de la famille des Tortricidae. Il semble que deux espèces de ce genre fréquentent ainsi les inflorescences des cardères. Distinguer les adultes de ces deux espèces est un exercice délicat, et reconnaître les chenilles encore plus difficile. J’en resterai donc au genre.

Pour espérer voir un jour le papillon, je referme délicatement l’inflorescence avec un peu de fil à  coudre et je la place dans un sachet de papier épais suspendu à  un arbuste du jardin. Il me faudra patienter jusqu’en avril, paraît-il.

Etonnante médication

François-Joseph Cazin, médecin et botaniste français (1788 – 1864) dans son Traité pratique et raisonné de l’emploi des plantes médicinales indigènes nous rapporte ceci (page 87) :

« On rencontre dans la partie supérieure du chardon à  foulon un ver qui, écrasé sur les dents, peut, par son application, ou même par le contact des doigts avec lesquels on l’a broyé, produire un calme instantané, une cessation immédiate de la douleur odontalgique. J’ai plusieurs fois employé ce singulier moyen avec succès. La douleur revient au bout de dix, quinze ou vingt minutes ; mais une nouvelle application produit le même soulagement. Je l’ai réitérée jusqu’à  cinq fois successives sur la même dent, et toujours j’ai obtenu le même résultat. J’engage les savants à  faire des recherches sur les causes de cet effet vraiment extraordinaire. »

Personne n’avait mal aux dents autour de moi, on ne saura pas si cela fonctionne.

Sources :

Endothenia gentianaeana/marginana, par Les carnets nature de Jessica

Endothenia gentianaeana, par Lepiforum

Endothenia marginana, par Lepiforum

Endothenia marginana, par Ukmoths

Autre article :

On ne choisit pas sa famille

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