C’est l’histoire d’une mouche. Une Sarcophaga (d’après sa forme et ses couleurs), le genre à débarrasser la planète des viandes avariées.
Elle n’a pas vu la toile de l’araignée, et la voilà promptement capturée et paralysée. Mais que se passe-t-il ? Il pleut des asticots ! De son fondement sortent quantité de larves.
Renseignement pris, il s’agit bien de ses enfants. Certaines espèces de Sarcophaga sont en effet ovovivipares, elles ne pondent pas d’œufs comme la plupart des autres mouches mais engendrent directement des asticots. Un détail confirme l’hypothèse : les yeux de cette mouche. Ils sont largement écartés, c’est donc bien une femelle.
Où serions-nous sans les mouches ? Ensevelis sous les détritus !
Dans cet article Romain Julliard, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, rapporte que les arthropodes (des crustacés aux insectes) éliminent plus de déchets dans les villes que toutes les autres espèces de vertébrés réunies. Selon cet éminent spécialiste, la connaissance de la biodiversité urbaine et la sensibilisation du public à sa protection sont des enjeux essentiels pour l’avenir de nos cités.
Parce que, au sein des arthropodes consommateurs de déchets, les mouches tiennent une place de choix, je vous propose de découvrir quelques espèces urbaines très actives dans le domaine de la transformation de la matière organique.
Les Lucilia sont les premières à pondre sur les déchets carnés et les excréments. Elevées dans des conditions stériles, elles sont utilisées en asticothérapie pour le nettoyage des plaies.
Hermetia illucens est une américaine arrivée en France dans les années 1950 (un bon cru). Cette mouche tropicale a colonisé tous les continents. Elle est très efficace dans la consommation de toutes sortes de déchets. Elle est même utilisée dans certains procédés de compostage. On l’élève pour la nourriture de poissons et d’animaux de terrarium.