En début d’été un informateur m’indique qu’aux bords de la mare de l’Hautil se trouve une plante rare (encore une !) en fleurs à ce moment : une sagittaire. Intéressant, car cette plante aquatique des milieux calmes et stagnants est en effet peu commune dans la région, concentrée essentiellement dans les grandes vallées (l’Ourcq, la Viosne, l’Orge, le Morin, …).
L’espèce indigène, documentée en àŽle-de-France, est Sagittaria sagittifolia, la sagittaire à feuille de flèche car elle présente des feuilles à pointes aigues et fines comme la pointe d’une flèche. Elle est également reconnaissable à ses fleurs dont les pétales présentent au centre un onglet pourpré.
Or, s’il y a bien des sagittaires en fleurs en juillet aux bords de la mare, ce ne sont pas des Sagittaria sagittifolia, mais Sagittaria latifolia, la sagittaire à larges feuilles ! Cette espèce-là a des feuilles obtuses et beaucoup plus larges et des fleurs entièrement blanches. Elle est essentiellement connue sur les rives de la Garonne et de la Dordogne. Que peut-elle bien faire dans un milieu si septentrional ?
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
En repérage du côté de la mare de l’Hautil, nous avons eu la bonne surprise de découvrir cette petite fleur au bord de la mare et dans les fossés côté Jouy-le-Moutier. La pulmonaire à longue feuille est rare en àŽle-de-France, selon la base de données CETTIA. Décidément, la mare de l’Hautil regorge de pépites botaniques. Des 12 espèces de Pulmonaria recensées dans l’INPN, Pulmonaria longifolia est la seule présente naturellement en àŽle-de-France.
De la famille des Boraginacées elle présente des caractéristiques communes à d’autres plantes de cette famille. Comme le myosotis, sa cyme est scorpioà¯de et s’enroule telle la queue d’un scorpion. Comme la vipérine ou la bourrache, ses fleurs passent du rose au bleu soutenu en quelques jours après la floraison.
Due à une modification du pH dans les cellules florales, cette variation de couleur pourrait être un avantage reproductif pour la fleur. En effet, la plante a besoin du concours des bourdons pour assurer sa pollinisation. Et, pour être efficace, elle a besoin que les bourdons visitent des fleurs de plusieurs individus différents (afin d’optimiser le brassage génétique).
Or, il apparaît que les fleurs roses de pulmonaire attirent plus les bourdons que les fleurs bleues. Attiré par la masse florale d’un individu de Pulmonaria le bourdon butinera préférentiellement les fleurs roses (jeunes, et donc ayant moins de chance d’avoir été déjà butinées) et passera rapidement au pied suivant, emportant avec lui le pollen à échanger avec les individus voisins. Les fleurs bleues, plus âgées de quelques jours ayant été, a priori, déjà butinées. Les fleurs d’une même cyme s’ouvrant de manière échelonnée dans le temps, le brassage est optimisé.
Les feuilles de la pulmonaire sont également assez impressionnantes. A la fois duveteuses et rugueuses, elles présentent des taches blanches ressemblant à des alvéoles pulmonaires qui auraient donné son nom à la fleur : herbe aux poumons ou pulmonaire.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
A quelques centaines de mètres au-dessus de la ferme d’Ecancourt, sur la commune de Triel sur Seine, nous préparons une sortie biodiversité pour des élèves de seconde au lycée de l’Hautil. Juste à l’entrée de la forêt se trouve la mare de l’Hautil. Ce trou d’eau parfaitement circulaire ne paraît pas très naturel. Effectivement, les panneaux aux abords nous apprennent qu’il s’agit d’un site historique créé pour la pêche qui a également longtemps servi comme abreuvoir. Les bovins que l’on conduisaient à pieds depuis le Vexin sur les marchés franciliens faisaient étape sur la mare de l’Hautil pour s’abreuver. Pourtant, malgré la forte incidence de l’Homme sur l’aménagement du site, ce disque d’eau nous réserve quelques belles surprises botaniques.
Le millepertuis des marais
Cette petite plante aquatique est extrêmement rare dans la région. On n’en connait plus que trois stations : une dans le Gâtinais, une en forêt de Rambouillet et une sur la mare de l’Hautil. Elle y avait été découverte en 2014 et paraît s’être bien installée. Y était-elle arrivée naturellement ? Nous ne saurons le dire. Toutefois la plante est protégée à l’échelle régionale, est classée déterminante ZNIEFF et est considérée comme « En danger » dans la liste rouge régionale de la flore vasculaire. Autant de bonnes raisons pour encourager ses fleurs jaunes et ses feuilles duveteuses à s’épanouir sur les berges de la mare.
L’hydrocotyle commun
Bien qu’il s’appelle « commun » cet hydrocotyle est rare dans la région. Il est également déterminant ZNIEFF. Cette petite plante aquatique fleurit les berges de juin à septembre de toutes petites fleurs blanches. Ses feuilles peltées, en forme d’écuelle, persistent plus longtemps sur les berges de la mare et lui valent le nom d’écuelle d’eau. C’est d’ailleurs grâce à cette forme particulière des feuilles qu’on différencie l’hydrocotyle commun de l’autre hydrocotyle, Hydrocotyle ranunculoides, encore plus rare dans la région.
La succise des prés
La succise des prés est assez commune dans la région mais typique des prés et bois humides et on l’observe assez peu sur Cergy-Pontoise. Ses fleurs bleues ou violettes colorent les hauts de berges entre juillet et octobre. Nous avons eu de la chance d’en trouver encore quelques-unes en fin de saison.
Et la faune ?
Bien qu’occupés à observer la flore des berges nous n’avons pas manqué la visite du héron cendré, du couple de martins-pécheurs et de quelques canards. Le site est réellement intéressant pour la biodiversité, les élèves du lycée de l’Hautil ne devraient pas être déçus !
Sources :
La Flore d’àŽle de France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Le milleperthuis des marais est une drôle de petite plante toute poilue qui pousse les pieds dans l’eau. Cette espèce très rare n’existe plus en Ile-de-France qu’en quelques stations, mais pas dans notre secteur. C’est du moins ce qu’indique la toute nouvelle Flore d’Ile-de-France en signalant que l’espèce avait été vue autrefois sur les buttes de l’Hautil. Cette plante est protégée en Ile-de-France et classée « en danger » dans la liste rouge régionale de la flore vasculaire d’Ile-de-France.
La station éteinte était-elle en fait en sommeil ? La plante aurait-elle été (ré)introduite dans cette mare, volontairement ou accidentellement ?
Cette chrysomèle bronzée aux allures de longicorne est une donacie. Elle grignote les feuilles des massettes (Typha), ces plantes aquatiques aux longues feuilles en sabre et aux fruits bruns en forme de quenouille ou de massue. Les donacies existaient déjà dans les marais fréquentés par les dinosaures, il y a plus de 100 millions d’années. Leurs larves suceuses de sève sont aquatiques. Par un dispositif anatomique particulier, elles peuvent respirer l’air des canaux aérifères des parties immergées de la plante.
La présence de donacies atteste généralement de la bonne qualité biologique des zones humides.