Arrêt sur le pont d’accès à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise pour compter les oiseaux : c’est l’un de nos 40 points d’écoute du protocole STOC. Comme d’habitude, les grands peupliers des berges de l’Oise sont toujours très habités : pigeons, mésanges, corneilles à tous les étages ! Nous remarquons un nid de pic creusé dans la blessure d’un arbre.
Un jeune pic épeiche pointe sa tête hors du trou et quémande à l’approche d’un parent. Sa grande calotte rouge de juvénile le fait un peu ressembler au pic mar. Mes collègues m’attendent pour la poursuite du protocole. La séance photo attendra.
Bien sà»r, j’y retourne quelques jours plus tard, un matin de bonne heure. Et là surprise, plus de pics ! Les jeunes ont dà» prendre leur envol. Un couple d’étourneaux semble avoir déjà pris possession de la cavité désertée.
Mais que cherche-t-il ce pic épeiche, à piocher ainsi à grands coups de bec dans une branche de mon arbre de Judée ?
Aurait-il trouvé une larve blanche bien dodue ? Mon bel arbre, attaqué par des scolytes ou d’autres insectes xylophages ? Une inspection s’impose.
Fausse alerte ! Mon arbre est sain. Ce pic a utilisé une petite cavité (on appelle cela une forge) pour y coincer une noisette trouvée par terre au jardin. Il ne reste plus que la coquille percée et quelques mini-miettes projetées autour.
Le pic retirera-t-il la noisette consommée pour en placer une autre ? Je vais surveiller…
De la taille d’un merle, le pic épeiche (Dendrocopos major) est l’une des espèces les plus ubiquistes des pics.
La présence d’arbres mâtures et de bois mort est essentielle au maintien de l’espèce. Les vieux arbres lui procurent à la fois des sites de nidification et une source de nourriture (insectes xylophages notamment). Son anatomie est très bien adaptée à sa vie arboricole : quatre doigts mobiles, opposés deux à deux et griffus, des rectrices courtes et rigides (plumes de la queue) qui lui permettent de prendre appui sur le tronc, un bec puissant pour creuser le bois et porter les messages. Agrippé sur son tronc, il toque, pique et tape inlassablement à la fin de l’hiver et au début du printemps pour marquer son territoire et attirer les femelles lors des parades nuptiales. Le moment de tendre l’oreille est donc arrivé !
Notre guignol emplumé se distingue des autres pics bigarrés par sa taille, des sous-caudales rouge vif (nettement délimité du reste du ventre blanc crème), un dos noir et des épaules marquées d’une grande tache blanche, une ligne noire à la base du bec remontant à la nuque, le bout des ailes piquées de blanc.
Les pics sont des espèces clefs au sein de l’écosystème forestier : ils favorisent l’installation et le développement d’autres espèces dans les cavités délaissées (oiseaux, mammifères ou insectes xylophages) et régulent par la prédation les populations d’insectes.