On en parlait la semaine dernière : les andrènes sont des petites abeilles des sables assez difficiles à identifier jusqu’à l’espèce. Sauf celle-ci, qui s’est montrée il y a quelques jours.
Avec son thorax velu à bandes blanches et noires, sa touffe de poils blancs sur la tête et les reflets bleus de son abdomen il n’y a pas de doute pour la nommer Andrena cineraria.
Chez les hyménoptères, les abeilles sauvages (autres que l’abeille mellifère domestique, Apis mellifera) représentent une grande diversité de pollinisateurs. On estime à plus d’un millier le nombre d’espèces d’abeilles sauvages en France. Parmi elles, les andrènes (genre Andrena, famille des Andrenidae) représentent une part importante avec plus de 150 espèces.
Aussi appelées « abeilles des sables », les andrènes nichent soit en solitaire, soit en bourgades, en creusant des galeries individuelles dans des substrats sableux (monticules, carrière, sol à nu, etc.). La mise en place de buttes de terre comme à Vauréal leur est très favorable.
L’identification de l’espèce est assez délicate (comme souvent chez les insectes, l’inspection sous la loupe binoculaire peut s’avérer nécessaire). Toutefois, on reconnait assez aisément le genre grâce au motif des nervures des ailes, aux brosses de poils sur les pattes qui permettent la récolte du pollen et surtout, à la pilosité abondante de la tête et du thorax. Voici quelques portraits de fourrures de toutes les couleurs.
Certaines espèces sont spécialistes d’un type de plante, d’autres sont plus généralistes, mais toutes les andrènes sont des pollinisatrices importantes. De plus, je leur trouve une allure de nounours particulièrement adorable.
Comme les autres abeilles sauvages, leur population décline. N’hésitez pas à leur fournir un site de nidification (des tas de sables non perturbés) pendant le printemps et à diversifier la floraison des jardins !
Retrouvez dans ces articles d’autres espèces de la famille des Andrenidae :
La bryone est une plante grimpante vivace dioà¯que. Elle s’invite souvent dans les haies. L’hiver, elle disparaît complètement mais repousse vigoureusement chaque printemps depuis son énorme racine charnue.
Cette plante héberge une petite faune spécifique très intéressante :
Sur les pieds femelles, on rencontre parfois un diptère Tephritidae du nom de Goniglossum wiedemanni. Cette petite mouche très bigarrée ne pond que dans les fruits de la bryone.
Les pieds mâles sont très souvent visités par de petites abeilles solitaires. Andrena florea vient y collecter le pollen indispensable à ses larves.
Et les feuilles des pieds mâles et femelles sont broutées par Henosepilachna argus, une coccinelle poilue et végétarienne.
Les larves de ces coléoptères, hérissées de piquants, sont encore plus voraces que les adultes.
En juin, la campanule raiponce monte ses hauts épis de fleurs mauves dans les prairies et sur les talus des bords de route. J’en ai vu quelques pieds au bord d’un chemin derrière la grande mosquée de Vauréal.
Plusieurs espèces d’abeilles sauvages sont spécialisées dans la collecte du pollen de cette plante. J’attends que cette visiteuse sorte de la corolle pour essayer de l’identifier.
Ma patience est récompensée, la petite abeille s’extrait de la fleur. Le fémur et le tibia de la patte postérieure sont garnis de longs poils servant au transport du pollen destiné à l’élevage des larves. La couleur du pollen ne trompe pas, c’est une butineuse assidue des campanules. Je remarque le dessus de son thorax brun foncé et d’un aspect feutré. Deux espèces peuvent correspondre à ces caractéristiques : Andrena curvungulla et Andrena pandellei. Ces deux abeilles solitaires qui creusent des terriers sont dépendantes des campanules.
Pour distinguer ces deux espèces, il me faut apprécier la forme du dernier article du tarse de la patte postérieure. Est-il presque droit ou nettement incurvé ?
Je le vois presque droit, alors je décide qu’il pourrait bien s’agir de l’espèce Andrena pandellei. Dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), ne sont citées en France que quelques observations dans la région de Nantes et de Tours.
En grossissant l’image pour voir le critère du tarse, je remarque les solides éperons à l’extrémité des tibias. Celle-ci, j’hésiterais à la prendre dans la main…