Une pelouse miniature ?
La surface de ce rocher anti-stationnement de Saint-Ouen l’Aumône nous offre un tableau aux couleurs proches des grandes étendues herbacées. On dirait presque une prairie miniature.
Pourtant, nous sommes ici au début du processus que l’on appelle la succession végétale : l’évolution de la recolonisation d’une surface minérale nue à l’installation d’un réel couvert végétal (allant jusqu’à la forêt tempérée sous nos latitudes). La roche offre certains nutriments essentiels à la croissance des plantes, mais surtout, ses irrégularités retiennent l’eau, indispensable à la vie ! Dans ces petites niches se développent alors les premiers organismes : les lichens et les mousses, qui augmentent la capacité de rétention d’eau à la surface de la roche et permettent à leur tour le développement des plantes à fleurs (les angiospermes). Sur ce seul rocher il y avait au moins 3 espèces de lichens, 2 mousses et 5 plantes à fleurs. En voici quelques unes.
Xanthoria parietina, la parmélie des murailles. Ce lichen donne les tons jaunes de notre tableau. Il est accompagné d’autres lichens crustacés, vert-gris, dont nous n’avons pas l’identité.
Cette jolie mousse (bryophyte) est le support de développement des plantes à fleurs. Toutes celles rencontrées ont poussé à l’intérieur d’une touffe. J’en ai repéré au moins deux sortes différentes sur ce rocher : je pense qu’il s’agissait d’une mousse du genre Syntrichia et d’une du genre Grimmia.
Vicia sativa, la vesce cultivée, fait partie de la famille des fabacées. Elle est capable de capter l’azote de l’air pour le fixer dans le substrat. Elle joue sans doute un rôle important dans le développement de la vie à la surface de ce rocher.
Myosotis arvensis, le myosotis des champs est déjà en fleur mi-février. Comme pour la vesce, c’est un peu tôt en saison. Peut-être est-ce dà» au manque d’eau ? C’est assez fréquent qu’en état de stress hydrique les plantes précipitent leur fleurissement. Sans doute pour augmenter leurs chances de reproduction si jamais elles ne passaient pas la saison. Ou peut-être que l’hiver n’a simplement pas été assez froid cette année.
Draba verna, la drave printanière est une toute petite plante à fleurs blanches typique des milieux pauvres et secs. à‡a n’est pas étonnant de la retrouver ici. Elle a même commencé à fructifier.
Saxifraga tridactyles, le saxifrage à trois doigts, est également une toute petite plante des milieux secs. On la reconnait aisément à ses feuilles qui forment réellement trois doigts.
Si l’on veut se prêter au jeu de l’observation naturaliste aucune surface n’est à négliger. Même le plus insignifiant des cailloux peut être le support d’une vie diversifiée.
Source :
La flore d’àŽle-de-France, de Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
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