Qui a dessiné cette couronne verte dans l’herbe ?
- des sorcières qui viennent danser en rond tous les soirs à cet endroit ?
- un plaisantin avec un peu d’engrais en poudre ?
- un ovni ?
- un champignon ?
J’aimais bien l’idée de la danse des sorcières, mais il faut vivre dans son époque. En fait, les gestionnaires de pelouses appellent ça une maladie des gazons, et les amateurs de champignons des prés, une aubaine. Car iI y a fort à parier que c’est la signature du mousseron d’automne, ce délicieux petit champignon dont le parfum se marie si bien avec l’escalope de veau à la crème… Bien sà»r, comme pour toute cueillette de champignons, il faudra soigneusement vérifier l’ensemble des critères d’identification, portant, pour cette espèce, sur la taille et la couleur, l’épaisseur de la chair du chapeau, le nombre, le type, l’espacement et la solidité des lames, le caractère coriace du pied et bien sà»r l’odeur caractéristique. Et on s’abstiendra de récolter sur des sols qu’on sait pollués, ou traités contre les maladies des gazons !
On voit, sur la marge du chapeau, la grande hétérogénéité des lames de Marasmius oreades, le mousseron d’automne.
Les gourmets ne sont pas les seuls à rechercher ce champignon. De petits insectes qui viennent y pondre le rendent rapidement véreux.
C’est le mycélium souterrain du champignon qui enrichit le sol en nitrates, provoquant localement une pousse différente de l’herbe. Ces «ronds de sorcières » grandissent chaque année en suivant l’expansion du mycelium. Celui illustré dans cette page a peut-être l’âge de la tour belvédère de l’Axe majeur à Cergy-Pontoise qui a permis de prendre la photo : 28 ans.
De nombreuses espèces de champignons croissent ainsi en cercles. Un autre champignon, plus gros, crée aussi ces ronds de verdure quand il pousse dans l’herbe, c’est le mousseron de printemps : Calocybe gambosa. Il a favorisé ici une plante de sous-bois qui aime les sols riches, Glechoma hederacea, appelé communément lierre terrestre, bien qu’il n’ait rien à voir avec le lierre.