Ces fourmis rousses des prés ont entrepris de construire leur fourmilière à proximité de l’Université de Neuville-sur-Oise.
Je suis content de les revoir, car je pensais les avoir perdues : à l’emplacement du dôme que j’avais repéré en 2017 s’élève maintenant un immeuble. Mais ces fourmis ont de la ressource, elles sont capables de déménager leur colonie et de s’établir si nécessaire quelques dizaines de mètres plus loin, à l’abri des perturbations. C’est ce qu’elles ont fait en se rapprochant de la route. Installées au sommet d’un petit talus, elles devraient être aussi à l’abri des engins de fauchage. Elles profitent cependant des travaux de broyage de la végétation qui leur fournissent les matériaux de construction de leur dôme.
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Formica pratensis se différencie des espèces proches à la coloration noire bien délimitée du dessus du thorax.
En avril 2017, j’avais vu un mâle parmi les ouvrières, reconnaissable à sa petite tête, ses ailes, et son thorax noir (au centre de la photo ci-dessous).
Il existe au moins 39 espèces de fourmis en Ile-de-France, les fourmis du genre Formica étant parmi les plus imposantes.
Des fourmis bénéfiques pour la forêt
Comme elles consomment beaucoup d’insectes, dont des chenilles et des coléoptères, les fourmis du genre Formica sont reconnues comme des insectes auxiliaires. Il paraît que quatre colonies à l’hectare de fourmis rousses des bois (Formica rufa) sont suffisantes pour assurer la régulation des chenilles processionnaires du pin. Pour profiter de leurs services, on peut bouturer des colonies en prélevant une partie d’un dôme et le transplantant dans un secteur à protéger. Les forestiers italiens ont pratiqué ainsi avec succès. Dans ce pays, ainsi qu’en Suisse et en Allemagne, mais pas en France, les fourmis rousses des bois sont protégées.
Les pics, les blaireaux et les sangliers, friands de leur couvain, sont leurs ennemis naturels.
Plus de 170 espèces myrmécophiles spécialisées vivent dans les dômes de ces fourmis, en symbiose ou en parasites : des coléoptères, des diptères, des hémiptères, des hyménoptères, sans compter les cloportes et les collemboles… Je n’ai pas voulu déranger, je crois les scientifiques sur parole.
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Sources :
Les fourmis rousses des bois, par Alexandre Gée
Découvrir les fourmis d’Ile-de-France, un exposé de Lucien Claivaz
Clé de reconnaissance des fourmis françaises, par Claude Lebas