L’hellébore fétide est une plante fascinante à tous points de vue.
Sous le regard botanique
Cette plante est une vivace qui fleurit en hiver, dès le mois de janvier. C’est une caractéristique suffisamment rare pour la classer au rang des plantes étonnantes, mais elle ne s’arrête pas là . Pour survivre aux affres du froid elle a développé d’intéressantes techniques. Sa fleur est en forme de cloche et orientée vers le bas. De cette manière les organes reproducteurs de la plante sont protégés en cas d’importantes chutes de neige.
La fleur des hellébores ne se plie pas au schéma classique : une rangée de pétales (organes souvent colorés et imposants) soutenu par une rangée de sépales (organes le plus souvent verts). Dans son cas, ce sont les sépales qui constituent la part importante de la fleur et les pétales sont réduits à de tous petits réservoirs à nectar (les nectaires) cachés au fond de la cloche. Plus étonnant encore, ces nectaires renferment des levures qui, en consommant les sucres du nectar, produisent de la chaleur ! Les quelques insectes encore présents à cette période sont alors attirés et stimulés par cette source de chaleur comme si c’était le printemps ! Autre information intéressante à son sujet, tout comme la chélidoine ou les cyclamen coum et de Naples, elle est myrmécochore. C’est un bel exemple d’ingéniosité pour la coopération entre plante et insectes.
Sous le regard historique
Cette plante à la biologie si fascinante n’a pas manqué de faire parler d’elle au cours de l’histoire. Malgré sa puissante toxicité (Helleborus signifie toute de même « faire mourir la pâture ») elle était fréquemment utilisée comme remède contre la démence, ou pour se prémunir des maladies et des animaux nuisibles dans les abris des animaux domestiques. Cette chronique poétique de Sauvage du Poitou en relate quelques utilisations.
Où la rencontrer ?
Les individus présentés plus haut poussent dans le jardin de Gilles. Mais c’est une plante connue pour être largement présente dans le bassin de l’Oise et le Vexin. Elle affectionne les sols riches et relativement ombragés des lisières et des sous-bois. En voici un pied vu à Genainville l’été dernier. En l’absence de fleur on la reconnait tout de même à ses feuilles en éventail.
Attention cependant à ne pas confondre avec Helleborus viridis l’autre hellébore sauvage (plus rare) dans la région ou des plantes horticoles comme Helleborus orientalis.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Hellébore fétide, par Sauvages du Poitou
Cela chauffe chez les Hellébores!