Voilà une plante qui ne fait pas l’unanimité : elle est urticante, ses fleurs ne sont pas décoratives et elle a une forte tendance à coloniser l’espace dans les sols riches de nos jardins.
Et pourtant, l’ortie est pleine d’atouts !
D’abord, c’est une plante comestible et c’est une qualité bien estimable pour une plante de jardin. En soupe, en gratin, dans des galettes, les jeunes pousses d’orties sont délicieuses.
C’est aussi une plante favorable aux insectes auxiliaires car elle abrite une entomofaune très riche.
Et puis, c’est une plante utilisée en macération par de nombreux jardiniers pour la protection des plantes. Longtemps ballotée dans des rebondissements réglementaires et des polémiques, l’ortie a trouvé sa place : le 9 mars 2017, Urtica spp. a été officiellement approuvée par la Commission européenne en tant que substance de base. A noter que l’approbation vaut pour les deux espèces Urtica dioica, plante vivace et Urtica urens, annuelle. Les jardiniers utilisent classiquement l’ortie dioà¯que (Urtica dioica) plus commune et beaucoup plus haute que l’ortie brà»lante.
Une substance de base, qu’est-ce que c’est ?
Le règlement européen CE n°1107/2009 définit, dans son article 23, les substances de base comme « des substances principalement non utilisées comme des produits phytopharmaceutiques, mais qui sont utiles pour la protection des végétaux, et dont l’intérêt économique pour faire approuver ces substances peut être limité. »
La liste des substances de base approuvées par la Commission européenne est tenue à jour par l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique (ITAB).
Les substances de base peuvent être d’origine végétale, animale ou minérale. Ainsi, par exemple, la bière, le petit lait, le fructose, l’huile de tournesol, le vinaigre sont des substances de base. Trois plantes ont rejoint la liste des substances de base : l’ortie, la prêle et le saule. D’autres ont été recalées, comme la tanaisie, la bardane ou l’armoise en raison de préoccupations liées à la présence de composés toxiques dans ces plantes. Si l’utilisation de l’ortie a été jugée sans préoccupation particulière, le dossier d’approbation n’est cependant pas garant de l’efficacité du produit pour les usages proposés. Voir aussi à ce sujet la synthèse du conseil scientifique de la Société Nationale d’Horticulture de France.
Pour quels usages ?
L’ortie a été approuvée pour une fonction insecticide, acaricide et fongicide, et pour deux préparations :
- Application par pulvérisation
Placez dans un litre d’eau 75 g de feuilles fraiches d’ortie ou 15 g de feuilles sèches (choisir de jeunes pousses non montées en graines, propres et nettoyées).
Mélangez la préparation quotidiennement.
Laissez macérer 3-4 jours à 20°C. La fermentation peut être facilitée si l’ortie a été préalablement hachée.
Puis filtrez la macération et diluez dans 5 fois son volume en eau potable.
Placez la préparation dans un récipient fermé et identifié.
- Application d’un paillis/mulch
Mélangez 83 g d’ortie sèche (partie aérienne) par kg de paillis ou mulch.
Le rapport d’examen (traduit en français par nos amis belges) liste les usages et conditions d’emploi sur de nombreuses cultures parmi lesquelles : pommier, prunier, pêcher, groseillier, noyer, cerisier, vigne, pomme de terre, haricot, laitue, endive, choux, colza, radis, concombre, courgette, melon, potiron, tomate, arbres et arbustes ornementaux, rosiers… Les emplois en mulch concernent le concombre, la tomate, les rosiers, les arbres et arbustes d’ornement.
La substance de base Urtica spp. est utilisable en agriculture biologique.
L’eau a vraiment besoin d’être potable pour le mélange « pulvérisation » ? 🙂
Cela répond sans doute aux exigences pour une approbation en tant que substance de base : aucun risque pour la santé humaine… Si tu utilises pour traiter tes tomates de l’eau souillée susceptible de transmettre une hépatite, la leptospirose ou le choléra (par exemple), ça craint un peu, non ? Bon appétit.