J’ai retrouvé les trognes de mon enfance. Ces saules têtards me paraissaient déjà vieux quand, tout gamin, je jouais dans ce qui était pour moi la jungle de Robinson Crusoé.
Leurs cavités sont une vraie chance pour la biodiversité : des reptiles, des oiseaux cavernicoles comme le troglodyte ou la chouette chevêche, des chauves-souris, des crapauds, de nombreux insectes et araignées peuvent y trouver refuge.
L’arbre têtard est le résultat d’une taille régulière qui consiste en la suppression des toutes les branches sur un tronc court qui prend au fil des cicatrisations une forme en massue. Cette conduite donne à l’arbre une très grande résistance au vent et une exceptionnelle longévité.
Ces formes que l’on rencontre typiquement dans le bocage permettaient la récolte aisée de bois jeune, pour la vannerie, le fourrage ou le foyer.
Certains paysagistes et des gestionnaires d’espaces verts renouent avec cette tradition, y compris dans des sites urbanisés.
Voilà un aménagement économique : ces saules ont été bouturés. Ils sont taillés régulièrement de façon à former un tronc d’une hauteur d’un mètre cinquante.
Ceux-là ont quelques années de plus.
Ils sont malins, ces anglais ! En utilisant la technique du tressage de boutures de saule, ils vont obtenir en une dizaine années seulement des formations végétales très semblables à des trognes qui seront aussi creuses et accueillantes pour la faune que des saules têtards centenaires.
Pour ceux-là , tout n’est pas perdu. Car le jardinier saura supprimer ces bâches en plastique si néfastes à la vie du sol et choisir un mode de conduite durable pour ces saules. Il pourra soit les rabattre très près du sol tous les deux ans et former ainsi une haie d’allure naturelle, soit ne conserver que les meilleures tiges pour former les futurs troncs de trognes, à tailler régulièrement, espacées de quelques mètres.