Quand j’étais gamin, à l’époque de la rentrée scolaire, je ramassais les gendarmes que je trouvais au pied des tilleuls de la cour de récréation et je les gardais dans des boîtes. J’aimais bien les grands maigres avec leur masque africain sur le dos et aussi les petits dodus qui les accompagnent. Depuis, j’ai appris qu’il ne faut pas les mettre en boîte, car rien ne prouve qu’ils aient le sens de l’humour.
Les adultes sont faciles à reconnaître avec leur motif rouge et noir qui rappelle les costumes des anciens gendarmes. Les autres sont des larves. Au cours de leur croissance, les larves effectuent plusieurs mues successives ; les plus âgées vont se transformer en adultes.
En quelques minutes, l’insecte adulte s’extrait alors de l’enveloppe de la larve, qui s’est fixée à une brindille. Sur cette photo, l’adulte vient de sortir ses pattes et d’extraire ses antennes. A leur extrémité, on distingue l’enveloppe de la tête de la larve, avec ses deux yeux désormais vides, qui paraissent blancs, et ses antennes noires.
Le tout jeune gendarme adulte n’a pas encore pris ses galons et il est encore un peu mou. Les motifs noirs vont apparaitre progressivement au fil des heures, et ses téguments vont durcir.
Je sens poindre votre question : faut-il se méfier des gendarmes ?
Les rassemblements de gendarmes, bien que spectaculaires, sont parfaitement inoffensifs. Ces punaises se régalent de graines de tilleul. Elles fréquentent aussi les mauves, les roses trémières et d’autres plantes à l’occasion, dont elles sirotent la sève à l’aide de leur rostre allongé.
Les gendarmes ne font jamais de gros dégâts aux cultures ; il leur arrive même de neutraliser quelques pucerons. Ils ont leur place dans la nature et ne nous causent aucun désagrément : alors, protégeons et aimons nos amis les gendarmes !