Pigeon vole, cheval au galop, écrevisse à la nage, attention à la marche, bouge tes fesses de là et va ranger ta chambre ! Notre belle langue fourmille d’expressions fleuries pour illustrer le besoin impérieux de mouvement du monde vivant. Ainsi la vache se meut dans son pré, et la raie glisse au fond des mers.
Même les plantes rivalisent d’ingéniosité pour se déplacer : marcottes, boutures naturelles, graines ailées ou flottantes, ou digérées par les animaux. Ainsi va le grand bal paisible de notre biodiversité familière.
Et tout le monde est content, jusqu’au jour ou paraît l’Autre, qu’on ne connaît pas et qui n’est pas de chez nous, l’infâme bestiole qui incarne nos peurs ancestrales et nos fantasmes morbides.
Qui n’a entendu parler de cette araignée velue et affreusement venimeuse surgie d’un carton de bananes ? Il paraît que dans sa jungle natale, elle terrasse une grenouille taureau rien qu’en la regardant ! Et puis le silure venu d’au-delà des Carpates que les amateurs de pêche sportive ont introduit un peu partout dans nos fleuves et nos plans d’eau, n’a-t-il pas une fois, au bois de Boulogne, gobé la baballe tombée à l’eau et le caniche avec ? Et ces hordes de loups venus de l’étranger : des croqueurs de moutons assoiffés de sang !
Examinons calmement les faits.
Les araignées tropicales introduites fortuitement n’ont aucune chance de s’établir sous notre climat. En revanche, c’est bien d’un cargo bananier en provenance d’Amérique du Sud que nous est arrivé il y a cent ans le galinsoga, charmante adventice de nos potagers.
Le silure ne met pas de caniches à son menu, ou alors seulement les trop maigres et il recrache poliment la laisse. Il débarrasse nos villes des pigeons en surpoids venus se désaltérer au bord du fleuve, et engloutit d’énormes quantités de ces écrevisses américaines échappées d’élevage qui tapissent le fond de nos étangs. Un animal utile à bien des égards !
L’absence du loup en France, de 1937 à 1992, n’est en réalité qu’une minuscule parenthèse dans le destin de cette espèce bien de chez nous.
Souvenons-nous, le propre de la Nature, c’est le mouvement, vouloir la figer, c’est la tuer !
Retrouvez nos articles :
Deux galinsogas et des bananes
Le silure, glouton des profondeurs
Les écrevisses américaines de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise
L’Autre, l’exposition
Comme chaque année, la place des Arts à Cergy accueille une grande exposition de dessins de presse et d’humour.
Pour la 7ème édition de cette manifestation, les dessinateurs de l’association Dallas s’interrogent avec l’humour décapant qu’on leur connaît à nos relations à l’Autre.
Jusqu’au 4 octobre 2020 : à ne pas manquer !