Je l’avoue, j’ai encore dérangé une bestiole. Ce carabe dormait bien tranquillement sous une branche pourrie, près d’une mare dans les bois de Boisemont. Je l’ai extrait doucement de sa cachette et je l’ai placé sur la mousse pour vous le présenter dans un environnement plus seyant. On devine sur la marge de ses élytres finement rayées et ponctuées le reflet pourpre qui a donné son nom à cette sous-espèce.
Ces insectes n’ont pas d’ailes !
Les carabes sont incapables de voler car leurs élytres sont soudés, et ils sont dépourvus d’ailes membraneuses. Leur faible capacité de dispersion explique la multiplication des sous-espèces et la variabilité des formes géographiques. Pour un carabe, chaque forêt est comme une île dont on ne peut s’échapper qu’accidentellement (via le transport de grumes ou la musette d’un entomologiste par exemple !).
A l’aisselle de sa patte médiane est fixé un acarien (cliquez sur la photo pour l’agrandir). Souvent les coléoptères transportent ainsi des acariens. J’en ai déjà observé sur un bousier.
Ici, c’est une femelle : les mâles ont les articles des tarses des pattes antérieures nettement plus élargis. C’est une adaptation pour attraper les femelles et les saisir fermement pendant l’accouplement !
Ses mandibules sont impressionnantes ! Dans la forêt ce carabe est un grand chasseur, il consomme la nuit des limaces, des escargots, des larves d’insectes et des vers. Sa tête allongée est particulièrement bien adaptée pour rentrer dans les coquilles… On retrouve cette particularité anatomique chez les silphes, ces redoutables tueurs d’escargots.
La séance photos finie, je l’ai replacé sous sa branche et j’ai remis tout en ordre pour qu’il passe cette fin d’hiver bien à l’abri.
Sources :
Carabus violaceus pupurascens, par l’INPN
Carabes alliés de la biodiversité et de l’agriculture par P. Léveillé (INRA)