A l’invitation de la section potagers et fruitiers de la Société Nationale d’Horticulture de France, j’ai visité trois sites d’agriculture urbaine à Paris. Ils sont très différents dans leurs objectifs, leur conception et leurs résultats.
Sur le toit d’AgroParisTech
Sur le toit potager d’AgroParisTech des expériences scientifiques sont menées sous la conduite de chercheurs en agronomie. Des substrats de culture issus du recyclage de déchets urbains sont testés, et les teneurs en métaux lourds sont mesurées dans les légumes produits. D’autres paramètres font l’objet de batteries de mesures comme le poids des récoltes, la capacité de rétention en eau des substrats, le teneur en carbone dissous dans les eaux de drainage, l’effet de l’inoculation en vers de terre sur les rendements.
Bonnes nouvelles : un tel toit potager est à peu près aussi productif que la même surface en maraîchage biologique, et les teneurs en métaux lourds restent inférieures aux normes (sauf pour les plantes accumulatrices comme les aromatiques).
L’objectif du toit potager d’AgroParisTech :
Démontrer qu’un toit potager utilisant des substrats de culture issus du recyclage de déchets urbains permet efficacement de « participer au recyclage les déchets de la ville, produire des denrées alimentaires de bonne qualité, retenir l’eau de pluie et contribuer au stockage du carbone »
Les oiseaux exercent une forte pression sur ce toit peu fréquenté. Les filets sont une parade efficace mais il faut les réparer souvent car les oiseaux cherchent à les percer.
Une partie de la terrasse est dévolue à l’expérimentation de diverses cultures, dont des légumes africains. Une friche mellifère est aussi installée. Elle a été conçue pour ne pas être irriguée, mais des arrosages de secours sont tout de même nécessaires en période de sècheresse.
Voir aussi, la BD « Sur le toit, des légumes et de la science » par The Conversation
La Recyclerie – porte de Clignancourt
Sur le site d’une ancienne gare de la petite ceinture, La Recyclerie est d’abord un lieu de vie et de rencontres. Son atelier de réparation de petits matériels et son café-cantine sont bien connus des habitants du quartier. Le jardin tout en longueur le long des anciennes voies ferrées est équipé d’un poulailler, de composteurs collectifs, d’un potager écologique, d’une serre, d’un démonstrateur d’aquaponie, de diverses installations expérimentales et de mobiliers de récupération. Sur le toit du bâtiment des ruches sont installées parmi des plantes de garrigue.
L’objectif de La Recyclerie
« Sensibiliser le public aux valeurs éco-responsables, de manière ludique et positive »
A La Recyclerie, on peut emprunter un bioseau et rapporter ses déchets de cuisine à composter. Le lieu à l’ambiance particulière est proposé à la location pour des groupes. La Recyclerie propose aussi des ateliers pédagogiques et des événements culturels et festifs.
Bowie le lapin et les deux cochons d’Inde Ron et Alpe sont les chouchous des enfants qui visitent régulièrement le site. Ils valorisent une partie des épluchures du restaurant. La toiture de leur clapier est plantée de fraisiers.
Agripolis, sur le toit du collège Eugène Delacroix dans le 16ème arrondissement
Agripolis, start-up créée en 2014, gère actuellement quatre fermes urbaines sur Paris et en région parisienne. Elle prévoit de s’étendre à d’autres villes en France, et à l’international dès 2019. Elle pratique une agriculture intensive faisant appel à des techniques innovantes permettant des rendements élevés.
Les objectifs d’Agripolis
- Produire en circuit court : « les fruits et légumes sont vendus aux consommateurs dans un rayon de 500 mètres maximum du lieu de production »
- Sans pesticides ni engrais chimiques : « nous n’utilisons aucun pesticide et exclusivement des nutriments d’agriculture biologique »
- Et cueillir à maturité : « le délai de mise à disposition après récolte n’excède pas 12 heures »
Les légumes sont cultivés en aéroponie. Les colonnes de culture ne sont pas remplies de terreau, elles sont creuses ; à l’intérieur, le long de leur paroi, coule de l’eau fertilisée qui baigne les racines des plantes. Cette eau circule en circuit fermé. Dans ces colonnes sont cultivées des plantes adaptées, à végétation limitée, faciles à récolter et à forte rentabilité : des fraisiers, des potimarrons, des aubergines, du basilic, des blettes…
Ces tomates de collection sont cultivées également en technique hors-sol, dans des tubes où circule de l’eau fertilisée.