Les platanes sont abattus par milliers dans le Sud de la France.
Le responsable de cette hécatombe: Ceratocystis platani, le champignon du chancre coloré. Cette maladie fulgurante, apparue en 1929 aux Etats-Unis, a débarqué en Italie et à Marseille à la fin de la deuxième guerre mondiale probablement avec des caisses de munitions en bois de platane infecté.
Le champignon se transmet d’arbre en arbre par contact racinaire, les spores voyagent aussi dans l’eau et peuvent contaminer des racines blessées de platanes en bord de rivière ou de fossé. Et puis les opérations d’élagage transmettent la maladie lorsque les outils de coupe ne sont pas désinfectés !
Aujourd’hui, une vingtaine de départements sont touchés et la maladie a gagné, au Nord, l’Ain, le Rhône et la Loire.
Les zones déclarées contaminées sont soumises à une réglementation très stricte. Depuis l’arrêté du 22 décembre 2015, publié le 6 janvier 2016, des mesures de prophylaxie sont obligatoires sur tout le territoire national (extrait de l’article 8) :
Sur tout le territoire national, la réalisation de travaux, sur ou à proximité de platanes et susceptibles de blesser leurs parties aériennes ou souterraines, est menée de manière à éviter la propagation du chancre coloré du platane.
Sont obligatoires les mesures suivantes :
– au commencement et à la fin des travaux sur chaque site planté, les outils et engins d’intervention sont nettoyés puis désinfectés avec des produits phytopharmaceutiques fongicides autorisés. Par dérogation du service chargé de la protection des végétaux, des produits biocides autorisés à fonction fongicide peuvent être utilisés.
– l’utilisation des griffes anglaises ou crampons est strictement prohibée, sauf lors des opérations d’abattage par démontage.
Ces mesures concernent les opérations de taille et d’élagage, mais aussi les tranchées à proximité des arbres.
Peut-on faire quelque chose en Ile-de-France face à cette menace ?
Appliquer et faire appliquer ces mesures de prophylaxie permettra de freiner l’épidémie.
Un platane résistant « Platanor Vallis clausa », mis au point par l’INRA, peut être une solution lorsque le platane est incontournable.
Mais le plus raisonnable serait de choisir pour les nouvelles plantations des essences variées, en faisant une bonne place aux espèces indigènes, et de les planter en mélange.
Quelques documents sur cette maladie :
Bonjour,
Attention : Platanor Vallis clausa n’est plus commercialisé en France depuis le dépot de bilan des pépinières Ruy IMBERT. La vente était protégée par une exclusivité de commercialisation. Je ne sais donc pas si une pépinière étrangère peut les fournir en France. A Genève, cette essence a été planté en masse. Je sais que les gestionnaires ont rencontré des problèmes d’ancrage au sol de cet arbre. Pour ma part, je pense qu’il est préférable de changer d’essence. Isabelle
Au-delà du strict aspect résistance pour laquelle toutes les solutions génétiques (je pense surtout aux résistances mono-géniques) ne seront jamais des assurances à 100 %, j’apprécie beaucoup le commentaire final de l’article, qui se retrouve d’ailleurs aussi dans le commentaire d’Isabelle Baudet :
De grâce ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier et ce n’est pas parce que certains platanes, dans certaines zones, sont considérés comme des « monuments historiques », que l’on doive se priver d’être intelligent et d’utiliser la biodiversité existante.
Ce message est essentiellement destinée à nos politiques qui trop souvent considèrent que l’état antérieur est un état immuable qui, seul, doit être soutenu.A ce régime, il aurait plutôt fallu planter de la chênaie-hêtraie qui sont plutôt les écosystèmes en équilibre en France….